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Rétrospective 2020: Macky vainqueur face à ses adversaires politiques, La Covid-19 lui ravit la vedette Fanny Ardant

L’année 2020 a été vivement marquée par le jeu d’échecs politique et la transhumance qui a atteint son paroxysme. Macky Sall, seul maître à bord, a réussi presque à faire taire tous les gros bonnets de l’opposition. Mais la Covid-19 qui est apparue au Sénégal en mars 2020 et qui dicte jusque-là sa loi a fini par estomper la ruse politique.

Tout a démarré le 2 mars 2020. Le Sénégal enregistre son premier cas de Covid-19.  Il s’agit d’un Français qui est rentré à Dakar sur un vol en provenance de France. Face à cette crise sanitaire, le chef de l’Etat retourne les attaques portées en février 2019, après son réélection, en son faveur. Ce, à travers les actes posés. Macky Sall, convoque d’emblée presque tous ses adversaires politiques au palais de la République.

A tour de rôle, Idrissa Seck, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2019, son allié Malick Gakou, mais aussi Khalifa Sall, le maire déchu de la ville de Dakar, ou encore l’inflexible Ousmane Sonko, arrivé troisième à la présidentielle, se succèdent au palais présidentiel pour une série de concertations avec le chef de l’Etat. Avec un objectif précis, du côté de l’exécutif : obtenir leur approbation pour pouvoir légiférer par ordonnances sur les mesures à prendre face à la pandémie de Covid-19.

Ainsi, l’union sacrée entre pouvoir et l’opposition se scelle. A quel prix ?

Au nom de la cohésion nationale, tous contre un ennemi commun : Coronavirus ! Conjuguer notamment les efforts au-delà des clivages politiques face à cette maladie qui risque de faire souffrir l’humanité toute entière.

Le 23 mars 2020, le président Macky Sall décrète l’Etat d’urgence assorti d’un couvre-feu sur toute l’étendue du territoire, dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie du Coronavirus, lors d’une adresse à la Nation. Limite les déplacements, interdit les rassemblements, ferme les écoles, afin de pouvoir lutter contre l’expansion de la maladie. Presque toute la classe politique et même sociale s’en réjouit. Jusque-là tout marche comme sur une roulette.

Mais, quand le chef de l’Etat décide de porter un projet de loi dénommé « loi d’habilitation », c’est là que tout devient problématique. Le député de l’opposition Mamadou Lamine Diallo et Ousmane Sonko capotent le vote.  Le premier nommé refuse de participer au scrutin de la loi habilitant le président Macky Sall à prendre, par ordonnance, des décisions relevant du domaine de la loi dans le cadre de la lutte contre le virus Covid-19. Une abstention qui vient se greffer à celle du leader du Pastef, Ousmane Sonko, entachant ainsi la portée historique de ce vote qui devait à la base symboliser l’union sacrée autour du chef de l’Etat pour la lutte contre le coronavirus. «Oui pour l’union sacrée pour faire face à un ennemi commun aussi insaisissable que vicieux ! Mais cela ne doit pas signifier pour autant une négation des rôles et des responsabilités», a martelé Sonko, restant sur ses principes d’opposant inflexible. Mais malgré la résistance de ces deux parlementaires, cette loi passe à l’unanimité à l’hémicycle.

Le débat sur le chef de l’opposition divise les opposants

Le débat concernant le statut du chef de l’opposition, envenimé, lors des discussions au sein du comité national du dialogue politique (CNDP), finit par repositionner Macky Sall devant et divise l’opposition. Idrissa Seck, habitué des arcanes du pouvoir, et Ousmane Sonko, novice, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, ont remis les choses dans leur dimension quasiment politique. La guerre de positionnement et affrontements entre deux qui ont les mêmes ambitions politiques : être un locataire du palais reprend. Et pourtant ces deux-là étaient inséparables, lors de la présidentielle 2020 pour combattre le « Macky ».

En effet, la grande majorité de l’opposition (Khalifa Sall, Pape Diop, Malick Gakou, Madické Niang, Cheikh Hadjibou Soumaré…) a intronisé Idrissa Seck comme chef de l’opposition. Ces leaders fondent leur choix sur les résultats de la dernière présidentielle à l’issue de laquelle le leader de la coalition “Idy 2019” est arrivé deuxième derrière Macky Sall.

Mais Ousmane Sonko qui d’ailleurs ne participe pas au dialogue politique a porté son choix sur le patriarche du parti démocratique sénégalais (PDS), Me Abdoulaye Wade.

Une divergence qui profite davantage à Macky Sall.

La transhumance d’Idrissa Seck, le dernier coup de poker à l’opposition.

La promesse de réduire l’opposition à sa plus simple expression s’honore. Le premier novembre dernier, lors de la composition de son nouveau gouvernement, Macky Sall assène un coup fatal à ses adversaires politiques.  Ce, en nommant, le président du parti “Rewmi” à qui on prête de « s’opposer le jour et négocier la nuit » comme leader à la tête du Conseil économique social et environnemental (Cese).

C’est dire que les convictions politiques et difficultés financières n’ont pas résisté au poste de président du CESE (conseil économique social et environnemental). Idrissa Seck lui qui qualifiait lors de la campagne présidentielle de 2019 cette institution budgétivore et totalement inutile, créée par Macky Sall dans le cadre d’une stratégie de combine, de clientélisme, de prédation des ressources publiques et de cooptation d’opposants et d’adversaires politiques en occupe désormais  la présidence. Ironie du sort ou un nouveau stratège politique ? De toute façon, Macky Sall sort vainqueur pour le moment devant ses adversaires. Même si le Coronavirus l’empêche de jubiler, en occupant toute la scène médiatique. Avec chaque jour son lot de tests, de nouveaux cas contacts, importés ou communautaires. Sans oublier le décompte macabre qui se poursuit.  N’épargnant ni autorité étatique, religieuse ou même un Sénégalais lamda.

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