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Retour d’exil imminent de Karim Wade ? L’omerta de la Génération du concret Mohamed Bachir DIOP,Rédaction centrale, Le Devoir

S’agit-il d’un mot d’ordre, d’une stratégie planifiée ou d’une simple ignorance ? En tout cas chez les partisans de Karim Wade, personne ne se hasarde à avancer la date de son retour au bercail, ni même à parler de la perspective très agitée de la fin de son exil. Tous nos interlocuteurs qui lui sont proches ont promis de nous rappeler mais aucun d’entre eux n’a tenu parole. C’est la loi du silence, comme cette omerta de rigueur auprès des membres de la mafia : motus et bouche cousue !

Pourtant, lorsque nous avons appelé ces messieurs, tous semblaient enthousiastes à l’idée de voir un nouvel article qui évoquerait le retour d’exil de leur chef de file et la rude bataille qu’il devra livrer le cas échéant pour se remettre en selle. Il est vrai que Karim Wade est sous la menace d’une arrestation immédiate s’il met les pieds à l’aéroport du fait de sa condamnation par la Crei à 6 ans de prison ferme assortie  d’une amende de 138 milliards de FCFA.

Gracié par le président de la République dans la nuit du 24 juin 2016 par décret n° 2016-880 après trente-huit mois passés en détention, Karim a été  contraint à l’exil et vit depuis lors au Qatar d’où il mène des manœuvres fermes pour sa réhabilitation. Car la grâce n’efface pas la peine et s’il s’avise de rentrer au pays de son propre chef, il court le risque de retourner en prison. Seule une loi d’amnistie pourrait lui permettre de recouvrer tous ses droits et il semble que ce n’est pas demain la veille que cela pourrait survenir.

Pourtant, des sources concordantes évoquent cette occurrence avec insistance depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois : Macky Sall et le père, Abdoulaye Wade, seraient en pourparlers pour mettre fin à l’exil de Karim en lui accordant la nécessaire amnistie. Mais, selon ses partisans, c’est Karim en personne qui refuse de bénéficier d’une amnistie, qui signifierait qu’il était coupable des faits qui l’avaient conduit en prison, préférant plutôt une révision de son procès pour être blanchi définitivement devant la justice. Mais les récents événements accréditent la thèse de négociations en cours et son probable retour sur la scène politique. Car, après avoir refusé tout contact, tout dialogue avec le pouvoir pendant plus de quatre ans, voilà que le Pds réclame sa place dans le processus électoral –non sans poser des conditions- afin de jeter un œil sur la révision du fichier. Une attitude qui laisse à penser que les libéraux sont en train de lâcher du lest. Mais pourquoi le feraient-ils maintenant seulement s’ils n’avaient obtenu quelques concessions de la part du pouvoir ? Or, pour qui connaît l’entêtement de Wade-père, la seule concession qu’il pourrait accepter est que l’on arrose le jardin de ses rêves, c’est-à-dire accepter le retour de Karim, son successeur désigné et désiré et lui permettre d’être candidat pour 2024.

Le processus de négociations a sans doute commencé depuis le 27 septembre 2019 à l’occasion de l’inauguration de la mosquée Massalikoul Djinane lorsque Wade et Macky se sont retrouvés dans la même voiture et a pu se poursuivre lors de la visite que l’ancien président de la République a rendue à l’actuel occupant du Palais de l’Avenue Roume. Naturellement le reste des discussions s’est passé entre intermédiaires discrets et rien n’aura filtré des palabres souterraines. Mais toujours est-il que l’avenir proche pourrait nous réserver des surprises, sinon conforter cette forte probabilité du retour de l’enfant prodige.

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