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Retour à la case départ : la prévention. Fagaru mo gën faju

Notre propre vaccin contre la mort ambulante qu’est la pandémie, c’est nous, par une discipline citoyenne trempée, d’autant qu’il faut “éviter de hâter le volet vaccinal qui doit être accompagné impérativement de toute la logistique requise »

Le Sénégal a connu son premier cas de Covid-19 le 2 mars 2020.Tous les spécialistes et professionnels de la Santé s’accordent sur un fait indéniable que la covid-19 est devenue une réalité bien vivante chez nous, qu’il faut admettre et composer avec. Aux populations donc de faire face à leurs responsabilités, de se déterminer, de se faire une religion que le Coronavirus est en nous, bien installé dans nos poumons, sources de nos souffles, une tueuse qu’il faut extirper de là, à jamais avec des mesures encore plus que radicales.

Dans la pratique de tous les jours, l’indiscipline, l’inconscience, le laisser-aller poussent les Sénégalais au relâchement, à l’apathie contre le tueur qui cible ses victimes dans toutes les instances, à tous les échelons, du Conseil économique, social environnemental (CESE) à l’Assemblée nationale, en passant par l’Association des Maires du Sénégal (AMS), à des personnalités sportives, des leaders d’opinions, des avocats, des économistes, des guides religieux.

Partout, le virus fait des ravages ;  presque une hécatombe se profile si un remède de cheval n’est pas apporté.  Même si Mamba Guirassy, Amadou Tidiane Wane, ministre de la Culture sous Abdoulaye Wade, Mamadou Lamine Diallo Tekki, Me Babou, entre autres, ont échappé de justesse aux serres de ce virus mortel. Le député Bara Mbacké Dolly a même fait la confidence qu’une vingtaine de ses collègues députés étaient infectés par le virus et pris en charge.

Il faut reconnaître qu’au plus haut sommet, des responsables politiques, des personnalités de l’État ainsi que des autorités religieuses ont organisé des rassemblements dans un laisser-aller quasi-déroutant, sans aucun respect des gestes barrière.

Des personnalités politiques, religieuses, des hommes d’affaires  meurent sans que puisse être permis de vérifier un lien de causalité de leur décès d’avec la covid-19 ; c’est l’omerta du silence quant à l’examen clinique post-mortem de ces décès.

Le déni de la maladie, faute d’une bonne communication, pousse les parents au refus catégorique de se faire tester, ou d’autoriser des tests post-mortem sur des parents proches suspectés morts infectés par le virus.

Les populations ignorent, en effet, que le corps d’un décédé de la  Covid a une charge virale importante, un véritable danger. Avec le relâchement, le protocole d’enterrement très exigeant certes, mais efficace, mis en place par les autorités sanitaires, à l’époque, est foulé au pied.  Si bien qu’on constate aujourd’hui des cercueils venus d’Europe ouverts avant la mise en terre de la personne décédée, d’autres subir le lavage mortuaire sans aucune précaution quant à la manipulation du corps.

C’est dire que suite à la deuxième vague, conséquence de l’inobservance des gestes barrières, nous allons droit à des hécatombes si des mesures idoines ne sont pas prises et respectées.

Et Dr Mamadou Diarra Bèye, directeur du Samu, de révéler : ” On a eu des patients qui ont été testés positifs, qui ont présenté des co-morbidités et qui ont refusé systématiquement d’aller dans des centres de traitement et dont le cas s’est aggravé par la suite. Il y en a même qui ont malheureusement perdu la vie, conséquence du délai très tardif de recours aux structures de santé. »

Comment donc dans ces conditions, fournir des statistiques fiables pour une lutte conséquente contre la covid-19 ? Puisque celles données par les services du ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS) sont nettement en deçà de la réalité sur le terrain, parce qu’ils ne concernent que les cas enregistrés dans les services d’accueil sanitaires.

La situation est très délicate, pour ne pas dire très grave. Il y’a pourtant une solution : la prise en charge convenable de la pandémie par les populations ; l’antidote c’est nous. Nous serons la solution de notre immunisation si nous pouvons donner la preuve que nous sommes des populations majeures, …vaccinées avant terme.

Notre propre vaccin contre la pandémie, c’est nous, si nous sommes disciplinés, normés pour développer une résilience adéquate avec une stratégie bien pensée, une discipline citoyenne trempée, une rigueur comportementale d’airain pour anéantir “la morte ambulante” ; selon le précepte scientifique, la prévention est la mère de la guérison, traduire fagaru, mo gën faju.

Nous sommes maîtres encore de notre propre destin, la clé de sésame de notre sort face à une tueuse présente partout, et partout dans le Sénégal, dans le monde, face à des cas communautaires, véritables bombes humaines prêtes à tonner sur Dakar, Thiès, Diourbel, Kaolack, Saint-Louis, Ziguinchor, Matam, partout, d’est en ouest, du nord au sud.

Dr Mariama Diallo, parlant de la Covid-19, a tout raison de faire remarquer que le Sénégal a échoué dans le volet prévention, notamment dans “le respect scrupuleux des mesures barrières”,  et conseillé d'”éviter de hâter le volet vaccinal qui doit être accompagné impérativement de toute la logistique requise. La prévention repose sur l’observance de mesures barrières (port de masque, distanciation physique, lavage des mains, utilisation de gels hydro-alcooliques)”.

Un bon plan de communication, d’information et d’éducation aurait impliqué tous les segments de la société, une bonne équipe de sensibilisation, de riposte pour tuer le virus ; cette faiblesse du système information, communication, éducation conduit aux avatars que nous connaissons aujourd’hui : une population qui continue de nier l’existence de l’épidémie. Pour dire que la solution est en nous, nulle part ailleurs. Nous sommes les maîtres de notre destin, à moins que nous voulions verser dans un fatalisme puéril, quand chaque jour des citoyens meurent tels des rats.

Les cas de contagion, les cas communautaires de contagion vont crescendo de jour en jour. Dr Amadou Yéri Camara, secrétaire général du Syndicat autonome des Médecins du Sénégal (SAMES), est du même avis que Dr Mariama Diallo, puisque qu’il plaide pour “le retour à la stratégie de départ”, sans manquer de déplorer l’absence de tests post-mortem systématiques.

Que faudrait-il encore pour se rendre à l’évidence que la Covid-19 est à nos trousses ?

Faut-il aussi se jeter à l’autre extrême mal préparé, mal communiqué, pas encore organisé, systématisé qu’est la campagne nationale de vaccination ?

Pour être efficace, cette campagne mérite d’être soigneusement préparée, loin de toute coterie, de toute récupération pour être placée stricto sensu, comme cela se faisait du temps colonial et des premières années d’après indépendances. Ceci pour rectifier les errements et incohérences qui ont guidé la distribution de l’aide alimentaire à plus d’un million de ménages démunis, d’un coût global de 69 milliards de francs cfa dont le bilan, malheureusement n’est pas probant.

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