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Responsabilité où es-tu ? Par Habib KA, Bureau régional Matam, Thilogne

La société sénégalaise ne cesse de dévoiler ses tares, ses limites, quand elle traverse des turbulences, des crises comme celles qu’elle vit présentement. Ce fait est d’autant plus que déplorable quand ce sont des pères et mères de famille qui étalent leur irresponsabilité à la face du monde. Pour preuve, cette cacophonie médiatico-judiciaire entretenue autour de la désormais tristement célèbre affaire Adji Sarr/Ousmane Sonko. Que n’a-t-il été dit en délation, en dénigrements sur les deux victimes ?

Des adultes qui tiennent des discours outranciers, prennent des positions simplement dans le but de nuire à l’honorabilité et l’intégrité d’un personnage politique d’un côté, de l’autre, de faire passer la pauvre innocente jeune fille pour une moins que rien.

Ceci Abdoulaye Wade le sait très bien pour avoir vécu ses épreuves dignement, sagement, et en garmi. Qui mieux que lui pouvait exhorter à la prudence le jeune Ousmane Sonko, même si par ailleurs, l’aigreur des mots utilisés ainsi que les sous-entendus qui y seraient enrobés eurent l’heur de frustrer une bonne partie de ses compagnons ? Abdoulaye Wade qui a vécu dans sa chair et dans son âme, plus que tout autre opposant, les affres de la répression policière, des guet-apens, des complots, de la diabolisation, des brimades et humiliations, de la trahison de proches, de la confiscation des vrais résultats issus des urnes sous Abdou Diouf, sait bien de quoi il retourne dans ce cas-ci.

Il connaît aussi bien les motivations premières de ces hommes qui s’agitent aujourd’hui autour du président Macky Sall pour les avoir presque tous pratiqués. Pour avoir fait 26 ans d’opposition, 12 ans de pouvoir, 9 ans comme ancien président, il maîtrise donc plus que quiconque les tourments qui ébranlent depuis quelques deux bonnes semaines le landerneau politique sénégalais.

Wade a tout vu. Un responsable ou supposé tel avoue publiquement que c’est l’ancien président qui l’a fait en ce qu’il est devenu et que tout ce qu’il lui dirait de faire, il le ferait sans hésiter ; un autre : Gorgui m’a fait faire des choses qu’un musulman ne doit pas faire ; un troisième : le président de la République a fait de moi un musulman pratiquant moi qui était addict d’alcool et de cigares et d’autres interdits. Des députés élus du peuples, qui n’ont d’honorables que d’être des laquais ; plus d’une centaine de moutons prêts à bêler et à exécuter la chorégraphie du berger propriétaire : le “ýaro baali”.

Et, cerise sur le gâteau, des Brutus en guise de remerciements et de reconnaissance, quand le pouvoir a changé de côté, de charger le président de tous les péchés d’Israël, de le traiter de tous les noms d’oiseaux, jusqu’à décrier l’infidélité au père. Eh oui ! Ainsi va le Sénégal, des ingratitudes, du servilisme nombriliste face au pouvoir.

Tous ces messieurs cités plus haut quittèrent Abdoulaye Wade puis, blanchis de tout soupçons, travaillent pour le maintien de l’actuel chef d’État au pouvoir le plus longtemps possible, quel qu’en soit le prix, parce que “mbir mi, moo ko yor”.

Ils ont tous abandonné le généreux père donateur, son fils, toute sa famille pour aller chanter les louanges de l’actuel chef de l’État.

Avec une telle mentalité de serfs, lever l’immunité parlementaire de Ousmane Sonko, le juger puis le condamner passent comme lettre à la poste.

Toutefois la pilule du 3ème mandat risque d’être encore plus amère à avaler. Le futur président peut surgir, avec ses éliminatoires ciblées, là où il était le moins espéré, comme ce fut le cas de Adama Barro, l’actuel président de la Gambie voisine.

Le Devoir