GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Rapport ANSD: “Un Sénégal émergent” pauvre où l’insécurité alimentaire gagne du terrain Fanny ARDANT

Les chiffres de la pauvreté au Sénégal révélés par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) montrent que la pauvreté gagne du terrain au Sénégal. Alors que le gouvernement s’enorgueillit d’un “Sénégal émergent”, la majorité de la population se considère comme étant pauvre. Une étude de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) montre que le nombre de pauvres a augmenté au Sénégal “5.832.008 en 2011 contre 6.032.379 en 2018”. Pire : 50,9 % des Sénégalais se “considèrent comme pauvres”.

Le nombre de pauvres a augmenté entre 2011 et 2018 au Sénégal, passant de 5, 8 millions à plus 6 millions, alors que le taux de pauvreté monétaire a enregistré une baisse de cinq points sur la même période, a-t-on appris de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) ; quant à l’analyse de la situation alimentaire des ménages, il ressort que 5.540.856 personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, avec une prévalence globale de 34,7% et une incidence de l’insécurité alimentaire grave de 6,2%.

Cette prévalence de l’insécurité alimentaire varie selon le milieu de résidence, indique le rapport de l’ANSD. En effet,  les personnes vivant en milieu rural qui ont plus vécu des expériences de faim sont aussi les plus impactées avec “une prévalence de 41,5% contre 23,4% pour ceux de Dakar urbain et 30,0% pour les individus des autres zones urbaines.”

L’insécurité alimentaire grave, quant à elle, est estimée à 8,1% en milieu rural. A Dakar urbain et dans les autres centres urbains, elle touche respectivement 3,4% et 4,8% des personnes.

Le niveau de l’insécurité alimentaire varie avec le statut de pauvreté des individus et est plus élevé chez les ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté. En effet, la prévalence de l’IA chez les pauvres est évaluée à 47,2% contre 27,1% pour les personnes non pauvres, soit un écart considérable de 20,1 points de pourcentage.

Comme la pauvreté, la prévalence de l’insécurité alimentaire varie d’une région à une autre. Les régions de Kolda (62,5%), Kédougou (58,9%), Sédhiou (56,7%) et Tambacounda (54,4%) qui sont les régions les plus pauvres se trouvent être les plus touchées par l’insécurité alimentaire, lit -on dans le rapport de l’ANSD. Dans ces régions, plus de la moitié des personnes sont en situation d’insécurité alimentaire et plus de 13,0% connaissent la forme grave à Kolda, Kédougou et Tambacounda.

Cependant, on note que Matam qui est la septième région la moins pauvre est aussi très affectée par l’insécurité alimentaire avec “un taux de 54,6% et 16,7% pour la forme grave”. De même que Saint-Louis qui fait partie des trois régions les moins pauvres est la sixième région la plus affectée par l’insécurité alimentaire avec une prévalence de 45,0%.

Les régions de Thiès et Dakar qui sont les moins pauvres sont aussi les moins affectées par l’insécurité alimentaire avec des niveaux d’incidence respectifs de 21,5% et 23,6%. Par contre, la région de Ziguinchor qui est la sixième région la plus affectée par la pauvreté du pays se particularise car faisant partie des quatre régions les moins touchées par l’insécurité alimentaire avec un niveau de prévalence de 26,7%.