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Ramadan, Servir des ndogou princiers aux parents et au voisinage: Les “Yaak”, une marque de considération Khadidiatou GUÈYE Fall

La fin du Ramadan va bientôt pointer son bout de nez. C’est l’occasion de préparer un bon ndogou pour une personne qui nous est chère. En effet, il est fréquent de voir des plats de ndogou envoyés chez certains parents ou proches. Ceci constitue une tradition perpétuelle.

Depuis très longtemps, nos grand-mères profitaient du mois de Ramadan pour renouveler leur considération aux personnes proches. Le contenu des plats importait peu pour certains. C’est le geste qui compte le plus.

Nogaye Fall, une femme dans la soixantaine, habite à Yoff. Elle reçoit beaucoup de ndogou à la fin du mois de Ramadan. D’après elle, ce sont des personnes de sa famille, des personnes auxquelles a rendu service.

« Je reçois pas mal de surprises ; l’autre jour, la fille de ma grande sœur est passée avec du thiébou djiaga. J’ai aussitôt compris que j’avais une place dans sa vie. Mes belles-filles font la même chose, elles me prouvent que je suis importante à leurs yeux. L’année passée, la voisine m’avait envoyé un plat de couscous et poulet. Ce qui ne m’intéresse pas, c’est l’acte vraiment”, soutient la vendeuse de poissons. Elle assimile l’acte qui la touche à une marque de respect et de considération. Mais la plupart du temps, les personnes qui lui envoient ces ndogou n’ont aucun lien de parenté avec elle.” Ce n’est pas un geste nouveau pour moi. Car ma mère en donnait et ma grand-mère en recevait. C’est juste de la téranga”, relate-t-elle.

Pour cette dame, ces ndogou font partie des éléments qui favorisent la vie en communauté.

Dans cette même optique, Yacine Mboup défend le geste qu’elle considère comme l’une des actions propres aux sénégalaises. « Ces genres de choses n’existent en général qu’au Sénégal. Surtout pendant le Ramadan ; le sens du partage marque l’existence de la symbiose et de la fraternité entre la population”, explique Yacine, une mère de trois enfants. Elle ajoute qu’elle le fait fréquemment, même en dehors du mois de Ramadan : « Je suis griotte, donc cela fait partie de nos méthodes pour maintenir les bonnes relations entre parents ou voisins. Il m’arrive de préparer un bon repas pour l’ami de mon mari ou sa femme. Et cela est essentiel dans le ménage de s’occuper des amis de son mari”.

Yacine Mboup a les moyens de le faire mais pour Amsatou Bâ, une informaticienne à la recherche d’un emploi, c’est hors de question de quémander pour le faire. Par contre, elle profite du mois de Ramadan pour servir des repas aux parents et à la belle famille. ” Pour moi, ceux qui reçoivent ces repas ne manquent pas de moyens de se faire un repas. C’est juste qu’on sent l’envie de partager notre ndogou avec une personne. Mais moi, personne ne me l’impose”, affirme la ressortissante guinéenne mariée à un Sénégalais.

Pour ce père de famille, ces trucs de servir un repas de ndogou à une personne appelé “yakal ndogou” sont des plaisanteries : ” Il y a des gens qui le font pour se faire un nom. Parfois, elles ajoutent des choses qui n’ont aucun rapport, des boissons, des fruits ; en plus, elles se permettent d’être accompagnées par des griots pour en faire un geste folklorique”, regrette notre interlocuteur.

Servir un ndogou en cette période de jeûne n’est pas un acte que les Sénégalaises ignorent. Dans des contenants spécifiques et beaux à voir, la majorité des femmes sénégalaises, la plupart mariées servent un ndogou aux parents ou à la belle-famille. Cet acte renferme une marque de considération et favorise le vivre-ensemble pour certaines, tandis que d’autres le considèrent comme un moyen de faire la promotion de leur personne.