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La Ligne du Devoir

Ramadan : Les Jakarta pile à l’heure !

Ramadan-Les Jakarta pile à l’heure !

Les motos sauvent les usagers

des embouteillages monstres

Par Khadidiatou GUÈYE Fall,
Chef du Desk Société

 

C’est indéniable : arriver avant l’heure de la rupture est un véritable parcours du combattant ; la journée du Ramadan rime avec une circulation nonchalante des moyens de transport. Tout le monde se précipite afin d’arriver chez soi avant l’heure de la rupture. Dans les entreprises, une dérogation a été mise sur pied pour permettre aux employés d’arriver à temps. Malgré cela, il n’y a pas d’échappatoire. Mais les motos Jakarta marquent leur empreinte face à ce dysfonctionnement imprévisible de la circulation.

 

Il est 15h au rond-point Cambérène. Une longue file de voitures rampe. Tel un caméléon, les véhicules bougent nonchalamment. De loin, on perçoit les embouteillages au niveau de la route de Pikine, déstabilisant la circulation des voitures venant de Yarakh, Patte d’Oie et de Cambérène. Rien ne bouge. Seules les motos Jakarta arrivent à circuler.
Les conducteurs de ces petits engins semblent maîtriser la route dans de telles situations : ils slaloment soigneusement entre les porteurs lourds, les bus et les particuliers. Cette situation insupportable est de trop pour les passagers impatients.

Retrouvée dans la ligne 37, Ndèye Marème Sylla, une femme de ménage travaillant en ville, déplore cette situation : « Depuis le début du mois de Ramadan, on vit la même chose sur la route. Pour aller en ville à l’aube, c’est moins difficile. Le bus prend 1 heure sur la route. Mais le retour est compliqué. La circulation des voitures est bloquée de partout. Les embouteillages sont constatés à chaque rond-point », note la jeune femme. Elle termine à 12h mais la situation l’oblige à arriver à Malika plage à 16h voire 17h. Alors que la préparation du ndogou l’attend à la maison.

Ça marche

Cet homme en tenue tachetée d’huile donne l’apparence d’un mécanicien. Il descend du bus au moment de l’embouteillage pour marcher et arriver à destination. Interpellé, il déclare : « Je n’ai pas la patience de rester dans le bus à attendre alors que si je fais une marche de 30 minutes je peux arriver chez moi à Bountou Pikine. Avec le Ramadan et le soleil, ce n’est pas évident mais ce qui est sûr, le bus n’a pas la possibilité de prendre les raccourcis qu’une personne peut prendre. Si vraiment j’ai en possession une somme, je prends les motos Jakarta ».

Ces moyens de transport sont très prisés durant ce mois de Ramadan.
Fatou Cissé, une vendeuse de prêt-à-porter nomade, confirme l’efficacité des motos Jakarta : « En ce mois de Ramadan, les gens se hâtent de rentrer tôt, ce qui cause le plus souvent des embouteillages. C’est pourquoi, je ne perds pas mon temps à prendre les transports en commun ou même les taxis. Je paye le prix qu’il faut aux conducteurs de Jakarta“.
En effet, ces derniers ont commencé à comprendre que le temps est précieux. Selon Fat Cissé, les motos Jakarta ont démontré leur importance.

Au rond-point Case-bi, les conditions du trafic sont aussi difficiles que celles de croisement Cambérène. À ce niveau, les travaux du Brt ont davantage corsé la circulation des voitures. Juste devant la banque, des motos stationnent. Les conducteurs de ces motos très sollicités se font désirer.

Assis sur sa moto, ce conducteur fait le difficile. À l’instar des autres conducteurs de motos Jakarta, il marchande pendant un bon moment avec une cliente. D’après notre interlocuteur, les voitures ne bougent pas à cause des embouteillages. « Nous sommes le plan B des usagers, ils font la course avec le temps. Et s’ils attendent les bus et les clandos, ils n’arriveront jamais avant l’heure de la rupture du jeûne. Au moins, avec nos motos, nous sommes capables de passer entre les voitures au moment des embouteillages. Certains clandos et bus ont des raccourcis mais il y a des endroits où seuls les piétons et les motos peuvent passer », a soutenu le conducteur de moto Jakarta.

Ce dernier s’en frotte bien les mains en ce mois de Ramadan : il perçoit 1.500 francs pour quitter le rond-point Case-bi et arriver à Guédiawaye : « En ce mois de Ramadan, on est cléments devant nos clients. Le soleil tape sur les nerfs, le jeûne affaiblit donc les clients n’ont pas le temps de trop marchander sur le prix du transport, surtout pour les femmes qui doivent aller préparer le ndogou ».

Cette année le Ramadan coïncide avec des travaux sur presque tout Dakar et sa banlieue. Les embouteillages qui, en temps normal, dictent leur loi, sont cette année exacerbés par les chantiers du Bus rapid transit (Brt). De nombreuses déviations ont été établies pour faciliter le trafic mais les usagers font assaut sur les motos Jakarta, qu’ils trouvent trop chères mais rapides et efficaces.