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Ramadan: La crise économique risque d’impacter sur la forte consommation et le gaspillage Khadidiatou GUÈYE Fall

On l’appelle le mois béni. Le Ramadan est un mois consacré au jeûne dans la religion musulmane. D’après cette religion, ce neuvième mois du calendrier musulman renferme de bienfaits dans le sens de la spiritualité. Le caractère particulier de ce mois est l’importance du jeûne. Étant l’un des cinq piliers de l’islam, le jeûne consiste pour le musulman majeur de s’interdire de boire, de manger, de fumer et d’avoir des rapports sexuels durant la journée.

Le Ramadan renferme de bienfaits, il consolide la spiritualité du musulman.

Depuis mars 2020, les Sénégalais vivent une situation économique assez compliquée occasionnée par la pandémie. Les dégâts économiques se sentent toujours au quotidien. Et pour cela, des Sénégalais restent pessimistes sur la satisfaction des besoins du Ramadan alors que le pays vit une crise sanitaire couronnée par une crise économique.

Baye Issa est un jeune vendeur ambulant. Il craint que la situation du Ramadan de l’année dernière se répète cette année. ” L’année passée, j’ai vécu le Ramadan avec beaucoup de difficultés. Je n’avais rien à la descente pour me gérer de quoi rompre le jeûne. Je pouvais rester une journée sans rien vendre. Pourtant, je voyais certaines personnes qui dilapident leur argent et qui n’avaient pas d’être impactées par la crise économique” se rappelle le jeune vendeur d’écouteurs et de chargeurs de téléphone portable.

Baye Issa s’était retrouvé à transporter des légumes au marché de Thiaroye afin d’assurer de peu de pain et une tasse de café Touba avant le couvre-feu. Pour s’en sortir et éviter d’être impacté par la crise économique, Baye Issa se propose, ce mois de Ramadan, un gagne-pain à côté de la vente des écouteurs : la vente de dattes au détail.

Cette femme de forte corpulence travaille en tant que restauratrice à Guédiawaye. Pour elle, le Ramadan est l’occasion de se faire profit. ” En période de Ramadan, les gens achètent tout ce qu’ils ont envie de manger, mais ne parviennent pas à consommer la moitié après la rupture. Contrairement à certains acteurs du secteur informel, je n’ai pas senti la crise économique de l’année passée” lance-t-elle. En plus d’être restauratrice, notre interlocutrice met devant sa vitrine des pots de confitures à base de mangue, de maad, de tamarin et des bouteilles de jus naturel. Ce cumul de produits rapporte de l’argent raison pour laquelle elle n’a pas senti de perte dans son business. Pour ce mois de Ramadan, elle promet d’y ajouter des vaisselles.

“Ce n’est pas seulement durant le mois de Ramadan dernier que la crise s’est fait sentir avec le confinement partiel. En tout cas moi, je l’ai senti et la vis chaque fin de mois après mes prévisions. C’est juste que pendant le mois de Ramadan, les femmes font des dépenses excessives pour le ndogou et les jus. Alors que normalement, les dépenses devraient diminuer puisqu’il s’agit du ndogou et du kheud tout simplement”, soutient Badara Faye, un gérant d’une boutique de matériels électroménagers. Ce père de famille pense que le Ramadan ne doit pas être un moment de gaspillage, au contraire, c’est une occasion à saisir pour faire le maximum d’économies.

Ndèye Fatou Kane nous explique que chez elle, dans une grande famille, le gaspillage fait partie de leur quotidien tellement il reste d’aliments qui finissent toujours à la poubelle ou en l’enclos des moutons.” Chez nous, pendant le mois de Ramadan, les trois repas sont respectés : la rupture se fait avec du lait, du café, du pain et ses accompagnants, après le nafila rendez-vous autour du bol de riz au poisson et pour le kheud des sauces à la viande sont prévues” se confie la jeune célibataire.

Pendant le mois de Ramadan, les dépenses consacrées à l’alimentation connaissent une hausse. Mais avec la pandémie, une crise économique a tout chamboulé, impactant beaucoup sur les revenus de certains acteurs du secteur informel. Pour certains, la situation actuelle du pays ne permet pas de se lancer dans une course de gaspillage durant ce mois où la consommation exagérée pourrait être modérée.