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Ramadan et horaire de travail: Les heures adaptées à la période de jeûne pour le secteur formel, l’informel reste dans l’aléatoire Khadidiatou GUEYE Fall

Depuis une semaine, les Sénégalais se conforment au jeûne. Dans les structures administratives, dans les écoles, les horaires sont ajustés en fonction du mois. Craignant la coupure du jeûne tardive, beaucoup de secteurs ont modifié les horaires de travail de leur personnel. Cela profite aux personnes travaillant surtout au centre-ville et qui doivent rejoindre la banlieue.

Le Ramadan est arrivé. Pour un mois, les Sénégalais, particulièrement les musulmans, vont devoir se plier aux recommandations divines. Mais avec les circulations routières, les travailleurs risquent de se retrouver dans les embouteillages à la rupture du jeûne. Raison pour laquelle, les horaires de travail ont été revisités pour permettre aux personnes d’arriver à destination avant la prière de timiss.

 Cette jeune femme, sous couvert de l’anonymat, vêtue d’un djalaba noir assorti de petits perles scintillants, est interceptée à hauteur de la station service Api, juste à l’entrée de Cambèrene. Elle se précipite à aller préparer le ndogou. “Je suis responsable financière dans une entreprise située en ville. En temps normal, je termine à 17 h mais avec le Ramadan, on a dû conformer les horaires et le Ramadan. Et cela me permet d’arriver à temps pour préparer le ndogou comme la vraie sénégalaise”, soutient la jeune femme de 36 ans. Pour elle, le problème ne se situe pas sur les horaires de travail : ” Ce sont les embouteillages qui posent problème car même si on quitte le bureau à 13h, les embouteillages nous étranglent. Je descends à 16h mais imaginez, j’arrive à la maison vers 18h. Comment ferais-je si ma petite sœur n’était pas à la maison pour gérer les achats avant mon arrivée ?”. Pour elle, ce qui inquiète, ce sont les travaux routiers qui impactent sur la durée du trajet en ce mois de Ramadan, surtout pour ceux qui habitent vers Yeumbeul, Thiaroye.

C’est dans cette même veine que Mme Kane aborde le sujet. Monitrice dans une garderie, elle s’estime heureuse de pouvoir rejoindre son domicile avant 17 h. ” Pour notre préscolaire, les parents doivent venir récupérer leur enfant avant 14 h. Car nous aussi on est appelé par le devoir ménager, la préparation de la coupure du jeûne. C’est vraiment une bonne idée”, soutient madame Kane.

Le secteur formel a établi ses normes horaires durant ce mois béni. Mais pour le secteur informel, à chacun son rythme de travail.

Sous le soleil chaud, ce maçon répondant au nom de Mambaye, en chapeau fait de sacs de ciment vides, passe un seau rempli de mélange de béton, de sable et de ciment à son collègue, se trouvant en haut d’une dalle. Ils sont en train de construire les escaliers d’une maison. Leurs sueurs font briller leur visage de loin. Avec autant de dépenses d’énergie, l’étonnement se perçoit sur le visage des passants. Mambaye déploie tellement d’efforts que l’on s’interrogerait sur son jeûne. Chantonnant des zikr layenne, tantôt des khassaïdes, il affirme : ” Je suis un musulman et mon travail ne doit pas freiner ma croyance et mes devoirs envers ma religion”. A la question de son heure de descente, il répond : ” Je n’ai pas d’heure fixe, quand on épuise le mélange de béton et sable, on descend aussitôt. Tout dépend de l’heure qu’on épuise le mélange. Je peux travailler jusqu’à 18 heures et aller rompre le jeûne. Tout se passe dans la tête. En tout cas, me concernant, avec mes zikrs, les heures passent vite et je ne sens pas l’énergie dépensée”.

Selon Mambaye, les normes horaires établies par les entreprises ne sont pas valables pour les travailleurs du secteur informel qui gagnent de l’argent quotidiennement en fonction des services rendus.

Au mois de Ramadan, la précipitation se justifie par l’arrivée avant l’heure de la rupture. Si dans le secteur de l’administration les heures de travail sont de 8 h à 16 h, dans le secteur informel, les horaires sont aléatoires. L’essentiel, c’est de rompre le jeûne à temps chez soi.