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Karim Wade au Sénégal: « Qui pêche en juin ne pêche que fretins » Amnistie et pandémie ont retardé les retrouvailles entre le fils et son père P. MBODJE

Ne vous étonnez pas si vous croisez des véhicules de luxe de dernière génération : ce sont ceux envoyés par Karim Meïssa Wade, en prélude à son prochain retour ; des conteneurs entiers ont été convoyés à cet effet. L’intransigeance de Wade-père semble avoir payé autour de l’amnistie mais la pandémie du Coronavirus aura également joué sur le retour de l’ancien ministre du ciel et de la terre.

Karim Wade foulera à nouveau la terre de ses ancêtres en juin au plus tard. L’assurance en est donnée par une source formelle et suffisamment informée par l’intéressé lui-même : ce sera le délai nécessaire entre les évènements de la Toussaint 2020 et la procédure légale pour régler les « quelques détails » attribués à Me Wade et qui auraient retardé les négociations sur le retour d’un candidat à exiler.

Techniquement, ces « détails » devraient tourner autour de la convocation de l’Assemblée et du vote d’une loi d’amnistie, pour ce qui est de Karim Wade, dossier sur lequel le pouvoir trainerait les pieds depuis, pour ne pas fâcher une opinion publique passablement irritée par une gestion plus personnelle des affaires de la Nation.

A cela s’ajoute le courroux de Me Wade pour lequel l’amnistie reviendrait à « reconnaître en quelque sorte les charges retenues contre son fils » et qui expliquerait la lenteur des négociations, selon Serigne Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly de Bokk Giss giss (Senego.com, 28 déc. 2020 — “Macky accepte d’amnistier Karim, mais c’est Wade qui bloque le dossier”).

Ces propos tiennent la route, à l’analyse : Me Abdoulaye Wade avait refusé en septembre 2020 d’accéder au souhait des membres du groupe de coordination des mouvements de soutien à Karim Wade qui demandaient l’autorisation d’organiser une marche de protestation pour exiger le retour de leur frère. En leur disant niet, le secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais avait argumenté devant Saliou Dieng et autres en affirmant que le fils viendrait bientôt. « Il y a juste quelques détails à régler », leur avait-il dit, propos confirmés par d’autres sources non présentes à l’audience mais qui prétendaient que Me Wade serait lui-même la cause du retard du retour de l’enfant prodigue. Et Saliou Dieng, bombardé aussi responsable du renouvellement du Pds, de ronger ses freins, d’autant que le Sénégal et Wade étaient en plein confinement de la première vague du Coronavirus.

Une des conditions d’accentuer la pression sur le président Macky Sall était peut-être le renouvellement des instances du parti décidé à quelques encablures de là, dans une déclaration faite le 19 septembre demandant la levée partielle du confinement personnel de Me Wade qui invitait à des opérations entamées le 21 septembre et mises en applications le 16 octobre avec les résultats que l’on sait : bagarres et exclusion de Bara Gaye accusé de mettre du sable dans l’engrenage du Pds. Ce même Bara Gaye est pourtant une pièce maîtresse dans le dispositif mis en place par Karim Meïssa Wade, qui gérerait le parti à distance et par procuration, ce qui a irrité certains qui se sont retirés.

D’autres sources plus au nord du Sénégal « en contact permanent » avec l’exilé le plus présent demandent de « patienter à cause de la pandémie de la Covid-19 » tout en prétendant cependant ne pas être au courant d’un retour prochain de l’ancien tout-puissant ministre d’Etat, ce qu’elles mettent sur le compte d’une « diversion ».

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