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Présidentielle : Attention, danger !

Présidentielle 

Sécurité d’abord

Les langues commencent à se délier sur les surprises possibles du pouvoir marron-beige : 20 ans, ça creuse. Et Macky Sall mènera campagne pour faire gagner au premier tour ; double difficulté qui est une violence inutile exercée sur ses amis et ses adversaires

La difficulté de choisir l’équipe de Benno pour la Présidentielle de 2024 reposait avant tout sur le double objectif de sécuriser le pouvoir marron-beige et ses hauts responsables sortants ou à élire, mais aussi et surtout laisser toutes ses chances à Macky Sall pour un éventuel retour en 2029. À tout le moins faire planer le doute à ce sujet pour éloigner toute idée de revanche des vainqueurs. Son implication personnelle dans le choix du candidat et la campagne suggère un souci de sécuriser ses arrières, avec la volonté avouée de gagner au premier tour, pour éviter toute surprise. 

Ce co-listing est une violence exercée sur ses amis et ses adversaires et présuppose une longue période de  contestations pré et post-électorales car, quadrature du cercle, cette problématique ne tient aucun compte d’une réalité qui exclut désormais un futur avec Macky Sall ; 2022 a permis de vérifier l’érosion d’un pouvoir dont le second mandat a été une douloureuse parenthèse pour le Sénégal et les Sénégalais : à la pandémie de la Covid-19 toujours latente s’est ajoutée la crise politique née avec l’affaire Sonko en 2021. La situation sans précédent avec les morts et la guérilla urbaine ont mis hors jeu le pouvoir et le monde politique de manière générale, obligé de se livrer à des combinaisons de bas étage pour survivre ; si Macky Sall a été la surprise du chef en 2012 devant des populations dépitées par la goujaterie des aspirants et des tenants du pouvoir, l’élu des populations en 2024 pourrait être la divine surprise du Millénaire.
Le double objectif des marron-beige était d’autant plus délicat que Ousmane Sonko pourrait lui aussi être candidat en 2024, aucune déchéance de ses droits civiques n’ayant été constatée.
Cette gageure de retour programmé de président sortant comme argument contre toute revanche des vainqueurs était d’autant plus difficile dans son heuristique que la société a évolué plus rapidement que les politiques et les chercheurs et se dote d’une réalité interne quand, avec la crise née de l’affaire Sonko, les partisans des droits de l’homme avalisent par exemple la violence comme forme d’acquisition du pouvoir : les années Covid-19 ont en effet prouvé l’inefficacité du politique à secourir effectivement le social et les années subséquentes ont permis de vérifier l’indignation sélective d’une société en harmonie avec ceux qui ne reculent devant rien pour conquérir le pouvoir.

Le quinquennat 2024-2029 ne permettra pas de vérifier un changement significatif de la perception populaire d’une majorité de citoyens :  les 40 ans des Socialistes sont toujours là, réduits de moitié avec les 20 ans de présence de Macky Sall sur la scène politique ; Braverman, partisan du statu quo entre deux générations qui se passent le relais, l’emportera devant ceux qui théorisaient une société forte née d’une société dure dépassée par une nouvelle réalité née du changement de régime : comme en 2012 lorsque Macky Sall a fait du Wade sans Wade, le prochain régime de Macky Sall fera du Macky avec Macky, damant le pion aux théoriciens d’une société d’idées : Dumas-père aura toujours raison : le besoin rend industrieux. La société de 2024 oubliera la vertu pour utiliser les vices de sa survie honorable.
Pourtant, tout était encore possible : les perspectives pour 2024 et suivant offrent toutes les possibilités avec le candidat à élire qui ne sera pas forcément chef de parti et la séparation est réelle entre le chef de l’État et le chef de parti ; l’acte du choix du candidat, dans la majorité comme dans l’opposition, laisse un large choix de sélection.. sous Macky Sall omniprésent depuis l’An 2000 avec ses huit ans entre Directeur général de Pétrosen à la présidence de l’Assemblée nationale auxquels il faudra ajouter plus que ses douze de pouvoir à la tète de l’Etat. Et les années de phagocytage du pouvoir en tant que co-listier.

P. MBODJE