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Présidentielle 2024 : Les deux “K” en réanimation sur la scène politique, Sonko vers la Guillotine Fanny ARDANT

Sans surprise. La majorité mécanique de l’Assemblée nationale a finalement levé, vendredi 26 février, l’immunité parlementaire de leur collègue Ousmane Sonko, sous le coup d’une plainte pour « viols et menaces de mort ». Cette décision ouvre la voie au procès à l’opposant le plus redouté du pouvoir. Si le leader du « Pastef/ les Patriotes » est condamné dans cette affaire, il rejoint Karim Wade et Khalifa Sall dans le groupe des opposants inéligibles pour la présidentielle de 2024.

Sommes-nous face à un recul démocratique au Sénégal avec l’arrivée de Macky Sall ? Les agissements de ce dernier confortent de plus en plus l’interrogation : il n’hésite pas à sortir l’obusier lourd pour réduire au silence ses détracteurs. En plus du pouvoir judiciaire qui s’évertue à être au service de l’exécutif. Surtout que les procès juridico-politiques en disent long.

Depuis son accession au pouvoir en 2012, le chef de l’État Macky Sall s’est attelé, comme promis, à réduire l’opposition à sa plus simple expression.

Aminata Touré, le ministre de la Justice d’alors, était chargée de concrétiser les grandes promesses sur la fin de l’impunité et la lutte contre la corruption. Telle une bonne militante qui doit être exclusivement au service de son « maître », elle s’y engage à fond pour descendre aux enfers les partisans de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade (2000-2012) : elle ressuscite la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), une juridiction ad hoc et en sommeil depuis la loi du 10 juillet 1981 qui a introduit dans le Code pénal sénégalais le délit d’enrichissement illicite. Cette juridiction « chargée de réprimer l’enrichissement illicite et tout délit de corruption ou de recel connexe » juge Karim Wade. Accusé d’enrichissement illicite, Wade-fils est condamné en mars 2015 à une peine de six ans de prison ferme. Le 24 juin 2016, il bénéficie d’une grâce présidentielle puis il et exilé au Qatar. Avec l’obligation de s’acquitter d’une amende de 138 milliards de FCFA. Là, il est mort politiquement.

Le Parti démocratique Sénégalais perd son candidat à la présidentielle 2019. Malgré d’énormes recours juridiques et moult indignations, Karim Wade n’est toujours pas éligible à se présenter à une élection au Sénégal : d’abord sa double nationalité est brandie, ensuite la durée de condamnation qui, selon les dispositions de L 31 du code électoral, interdit l’inscription sur les listes aux personnes condamnées.

Après avoir réussi à museler le candidat du Pds du rang des présidentielles, c’est au tour de Khalifa Sall, maire de Dakar d’alors, dont le seul tort est d’être promu par ces militants qui ne cessaient de le fortifier pour qu’il devienne le nouvel homme fort du Ps, de subir le coup de fouet de Macky.

Là, c’est la caisse d’avance qui est servie. Un nouveau procès politico-judiciaire tient en haleine le peuple.  Accusé d’avoir profité de ses fonctions pour détourner 1,8 milliard de francs CFA de la régie d’avance de la mairie de Dakar, le Socialiste prend 5 ans de prison ferme. Dimanche 29 septembre 2019, Macky prend un décret et accorde une « remise totale des peines principales » à l’ancien maire de Dakar et à deux de ses coaccusés. Désormais libre, mais que le député-maire déchu sache qu’il n’est ni électeur, encore moins éligible si on en croit certains spécialistes du Droit. « C’est le Code électoral, qui en a décidé ainsi, en son article L31 ».

On règle le compte K2

Ainsi, après avoir mis aux carreaux les deux « K », qui d’ailleurs sont toujours en “réanimation” dans la scène politique, c’est au tour de celui qui se décrit incorruptible, antisystème et lanceur d’alerte, Ousmane Sonko d’être conduit à la guillotine.  Accusé de « viols et menaces de mort » par une jeune masseuse de 21 ans, le député et président du « Pastef / les Patriotes » s’est vu dépouillé de son immunité parlementaire vendredi 26 février 2021. 90 ont voté « Pour », 1 « contre » et 2 « abstentions ». Le député mis en cause sera notifié de cette décision. La même notification également envoyée au ministre de la Justice qui, à son tour, va transmettre au parquet. Cette étape franchie, le juge d’instruction du 8e cabinet, Mamadou Seck, aura la liberté d’action pour convoquer Ousmane Sonko. Un pas vers un long feuilleton politico-judiciaire où, si Sonko est condamné, il signe son forfait à la prochaine présidentielle. Macky, le seul maître à bord pour 2024 …Vers un 3e mandat qui se précise davantage.

Le Devoir