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Pr Moustapha Kassé, économiste doyen honoraire et membre de l’Académie royale du Maroc: « Le problème du secteur privé, c’est l’accès au crédit » Par Pape Sadio THIAM

« L’État a intérêt à soutenir le secteur privé national ».  C’est la conviction du Pr Moustapha Kassé. «Pour cela, des institutions de promotion, de renforcement et de soutien au secteur privé doivent être mises en place. Le secteur privé participe à la création de richesses, d’emplois et également au bien-être des populations ». À partir de ce moment, souligne-t-il, « si l’État se propose de mettre en place des politiques sectorielles qui permettent d’arriver à une croissance au taux le plus élevé possible, en vue de distribuer plus de revenus aux populations, il va sans dire que les deux institutions doivent aller ensemble, c’est-à-dire que l’État et le secteur privé doivent former un binôme, dans lequel le secteur privé aura une très grande part, particulièrement dans les investissements ».

 « L’agriculture, par exemple,  emploie 52,7% de la population active et ne contribue qu’à 16% du PIB, ce qui montre la faiblesse de la productivité par acteur et par surface cultivée ».

Selon le Pr Kassé, «elle est très vulnérable et constitue la jambe faible de l’économie, bien que l’on dispose de tous les atouts pour une excellente politique agricole : l’eau, les facteurs de modernisation, et de bons paquets technologiques, surtout pour la production arachidière et maraichère ».

« Notre pays demeure toujours dépendant de l’extérieur en produits alimentaires. Il faudra stimuler l’initiative et les investissements privés, à travers le renforcement des capacités du secteur privé par le financement de l’entreprise, l’unification des organisations patronales, la formation professionnelle et l’élargissement des dispositifs institutionnels d’appui ».

 Poussant sa réflexion plus loin, il estime que : « Si, au niveau mondial, les Pme et Pmi sont les championnes de l’économie, cela veut dire qu’il faut mettre en place des institutions pour les promouvoir ». « Le problème du secteur privé, c’est l’accès au crédit, c’est un problème de fond qu’il faut régler. Toutes les réussites étonnantes de ces dernières décennies sont le fait de pays qui ont pris des décisions politiques appropriées ».

 « Les miracles économiques de l’Asie ne sont pas le fruit d’une nouvelle grande invention, de la découverte de ressources naturelles précieuses ou de conquêtes ;  ils ont été rendus possibles par des dirigeants qui ont pris de bonnes décisions politiques (Deng Xiaoping comme Lee Kuan Yew ont fait des choix judicieux grâce auxquels leurs pays sont parmi les plus riches au monde) ». Le Pr Kassé est convaincu que « L’économie sénégalaise dispose de sérieux atouts et de potentialités appréciables (bien au-delà des minables et insensées invectives sur le pétrole). En levant les défis majeurs par d’excellentes politiques économiques solidement chevillées sur les vertus prussiennes de travail, de rigueur, de discipline, d’épargne et en s’appuyant sur un secteur privé soutenu par un patriotisme économique réfléchi et courageux et en prenant de bonnes décisions, il est possible d’atteindre des taux de croissance supérieurs à 10% ». “Dans mon ouvrage, sur le secteur privé sénégalais”, dira-il, « j’ai parcouru toutes les expériences qui ont été développées dans le monde et particulièrement en Afrique, pour promouvoir le secteur privé. Même les États-Unis, sur certains aspects, renforcent leurs Pme-Pmi. Vous avez l’afro-business qui est une institution de promotion de l’entreprise privée. En Allemagne, c’est la même chose. Vous avez au Japon exactement les mêmes techniques. Si on dit qu’au niveau mondial, les Pme-Pmi sont les cendrillons de l’économie, il faudrait mettre en place des institutions qui puissent les promouvoir ».

Ces institutions peuvent être des institutions d’encadrement et d’appui. Par exemple, des subventions, des agréments fiscaux etc.

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