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Politique : L’insulte à la bouche L'injure est devenue une nouvelle forme d'intimidation

Partis d’insulteurs !

 

C’est comme si l’injure était devenue une nouvelle forme d’intimidation chez les nouveaux politiciens qui offensent et ridiculisent leurs semblables sans coup férir.

De notre correspondant en France

Quel est le plus grand parti d’insulteurs du Sénégal ?
Pour répondre à une telle interrogation, beaucoup de nos compatriotes et responsables ruent dans les brancards ou bottent en touche.
Inversons la question : quel est le parti le mieux doté en vertus, conformément à l’éthique et à la morale politiques dans le Sénégal ? Et les faux, les opportunistes et les menteurs les plus hardis des politiciens font comme si de rien n’était.
Or, nous savons tous que les partis politiques au Sénégal ont perdu leur lustre d’antan. Autrefois, on sentait le règne du vrai Parti socialiste (PS) de Léopold Senghor sous la fondation Friedrich Ebert, avec des activités qui se concentraient sur la démocratisation, le développement économique et le renforcement des structures de la société civile. Il en va de même pour la formation du Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade qui se distinguait avec des politiques libérales promettant les libertés individuelles et le libéralisme. C’est pourquoi, l’école du PS et la pédagogie prônée aussi à l’ISEFI permettant au PDS de se singulariser étaient toutes en plein dans l’encadrement et la formation militante.
Aujourd’hui, les partis politiques font légion au Sénégal. Ils continuent de se chercher concernant certains d’entre eux et, pour d’autres, c’est comme des fanions aux couleurs diverses qui tournent au gré des vents. Mais, quand on a des idées politiques communes basées sur des idéologies distinctes, on forme nécessairement des partis politiques différents, voire agressifs. Cette différence d’opinions ne se limite plus seulement à une simple approche de pensées, d’orientation ou de méthode. La dissemblance va au-delà des actes pour devenir une conduite. Principiellement, on a dans le pays des partis politiques adossés à la pensée marxiste, socialiste ou libérale, mais qui ne s’abreuvent pas desdites philosophies dans leur quotidien pour conquérir le pouvoir.
Nonobstant, il y a aussi beaucoup d’autres regroupements dits de la société civile avec des activistes de tous bords qui entrent dans la danse, autrement. Leurs véritables soubresauts à l’intérieur de notre société sont marqués par le dénigrement, la fabulation et la politique politicienne au détriment de ce qui est dévolu fondamentalement aux partis normalement constitués.
C’est pourquoi, notre grande surprise en ce début du 21ème siècle consiste à sentir partout l’émergence des partis insulteurs et affabulateurs. Ces partis offenseurs, au-delà de leur carence d’éthique républicaine pour sortir le pays du nihilisme et de la mauvaise foi, se catapultent des insanités comme il n’en a jamais existé dans l’histoire des partis politiques à travers le monde.
On se dit tout sans réserve en pleins débats et dans les assemblées constitutives qui couvrent la formation des sessions, des comités et d’élections de dirigeants à élire. On offense en pleine cérémonie d’organisation de manifestations et de cérémonies d’installations de staffs. On s’insulte à longueur de journée entre partis adverses et même dans les réunions à l’intérieur d’une même formation politique. C’est comme si l’injure était devenue une nouvelle forme d’intimidation chez les nouveaux politiciens qui offensent et ridiculisent leurs semblables sans coup férir. D’où naissent les transhumants et les dépités.
La vocation d’un parti politique, c’est bien d’engranger le plus possible de suffrages pour accéder au pouvoir. Mais notre vie politique actuelle est ponctuée d’invectives, d’insultes et de chasses aux sorcières de toutes sortes.
L’influence qu’avait un parti sur les militants venait de la force coercitive de ses structures et règlements qui s’appliquaient aux règles fondamentales liées à la formation et à la responsabilisation des responsables et des cadres, afin d’orienter et créer une élite politique exemplaire à même de gouverner les pays.
L’esprit de tolérance et d’enseignement démocratique, qui était la seule et unique manière d’adoucir les mœurs et ainsi pérenniser la marche vers une vie politique saine dotée de cohésion dans nos formations politiques, est devenu farfelu.
L’essence fondamentale devrait se situer entre gagner l’opinion populaire, être le plus présent dans le parlement pour abroger et discuter des projets de lois et garantir le maximum possible la séparation des pouvoirs.
La doctrine idéologique est l’emprunt digital d’un parti qui guide son destin, bataille qui a aujourd’hui perdu son lustre d’antan ! Certains partis ont trouvé comme méthode de communication l’invective à l’interne, entre frères ou camarades de même parti.
La plupart du temps, les défenseurs d’un même idéal se regardent souvent en chiens de faïence, prêts à se quereller et à se vouer aux gémonies.
Le jeu démocratique n’est souvent pas respecté pour nommer à des postes de responsabilités, d’où on assiste à des batailles de positionnement, surtout durant les locales ou les législatives.
Pourvu simplement qu’on n’en arrive pas à des excès aux présidentielles prochaines !

Tidiane SÈNE,
Toulouse