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La Ligne du Devoir

Poème-Et mon corps dort dans un néant

Poème

Ma résidence privée

 

De notre correspondant en France

Mon sépulcre derrière
Ma cabane d’hier
Personne n’en réclame
L’héritage de mes vigilances
Même pas les sans-logis
Les badauds clodos
Les flâneurs aux heures perdues
Prieurs au détour des rues
Ici, la terre est ocre
D’un or chloroformé
Dans ma chambre austère
Que personne ne m’enviera
Les maçons ne vont pas
Me réclamer de solde au trépas
Ma demeure sobre laissant sourdre
Ma solitude lourde
Dans le silence infini
Du début de la fin
Mon oreiller en caillasse
Sous mon lit de mica
Demain s’effondrera
Et mon torticolis inguérissable
Sous mon drap de gneiss
Aux grains humides
Sera lourd dans le vide
Abyssal livide
Ma toiture est sans toit
Et mon corps dort
Dans un néant
Où plus rien
N’est vie
Et où la vie est éteinte
Me dévoreront à satiété
Des nautiles ventripotents
Jubilant leur gaieté
Et dansant dans l’arène
Vide de mon corps lavé
A l’eau bénie
Du Zam-Zam
Salam Salam
Pour couvrir ma tombe béante
Où fleuriront des nénuphars blancs
Et pourpres
Sous la veille nocturne
Des océans qui murmurent
Sous l’écho des vagues qui hululent
La lointaine amitié perdue
Devant les pleureuses assoupies
Sous les pieds lourds
Des oublieux qui passent
Devant ma tombe muette
Mon aurore est multicolore
Et mon crépuscule bleu
Les ciels verts se prosternent
Pour enlacer la terre terne
Qui vit et se redresse droit
Comme un pylône glacé
M’annonçant les souvenirs
De mes enfants d’amour
Trop seuls sans père sans vie
Dans la nuit des temps
Où brille un noir infini
Telle une lumière de paix

Ce 03/06/2015 (Une nuit de méditation sur l’avenir)

Tidiane SENE,

Toulouse