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Phillis Wheatley, première poétesse noire d’Amérique originaire du Sénégal

Phillis Wheatley est née au Sénégal vers 1753 et morte le 5 décembre 1784 à Boston. Elle est la première poétesse noire américaine de renom. Son livre Poems on Various Subjects fut publié en 1773, trois ans avant le début de la Révolution américaine.

Phillis fut capturée et vendue comme esclave à l’âge de 7 ans. Elle fut envoyée en Amérique en 1761, puis achetée à Boston par John et Susannah Wheatley. Bien que maintenue en esclavage par cette famille de marchands, elle reçut une assez bonne éducation qui lui permit d’apprendre le latin et le grec et d’étudier la Bible. Elle maîtrisa rapidement la langue anglaise et son premier poème fut publié alors qu’elle n’était âgée que de 13 ans.

En 1770, elle écrivit un hommage poétique au calviniste George Whitefield, qui eut une large audience à Boston. Sa poésie fut louée par des personnalités de la Guerre d’Indépendance, dont George Washington, qui la remercia personnellement pour un poème qu’elle avait écrit en son honneur ; George Washington invita même la poétesse à lui rendre visite à son quartier général de Cambridge. Dans sa lettre d’invitation, il a souligné la qualité de ses «vers élégants» et son «talent poétique», ajoutant qu’il serait «heureux de rencontrer un être inspiré par les muses et à qui la nature semble avoir donné toutes les grâces».

Mais «pour ôter tout prétexte à la malveillance de dire qu’elle n’était qu’un prête-nom», elle fut sommée de défendre son talent lors d’un procès qui eut lieu en 1772. Le groupe de savants de Boston chargé de l’examiner conclut qu’elle avait vraiment écrit les poèmes qui lui étaient attribués. Ils signèrent une attestation qui parut dans la préface de son livre, Poems on Various Subjects, Religious and Moral, édité en 1773 à Londres, où il avait été publié faute d’avoir été accepté à Boston. Phillis et son fils ainé Nathanial Wheatley se rendirent alors à Londres, où Selina, la Comtesse de Huntingdon et le Comte de Dartmouth aidèrent à sa publication.

Certains critiques considèrent la défense victorieuse de Wheatley devant la cour et la publication de son livre comme la première reconnaissance de la littérature noire américaine.

En 1778, le poète noir américain Jupiter Hammon écrivit une ode à Wheatley. Hammon ne se cite jamais dans le poème mais, en la choisissant comme sujet de son œuvre, il reconnaissait de facto leur lignée commune.

Après la mort de John et Susannah Wheatley, Phillis épousa un commerçant noir affranchi du nom de John Peters. Sa vie ne fut guère éloignée de celle d’une esclave. Ni son dur labeur ni ses talents artistiques ne purent lui procurer l’aisance financière à laquelle elle aspirait et elle mourut pauvre en 1784.

Mohamed Bachir DIOP