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Pastef, crise de croissance? La Solution” du pays deviendra-t-il le problème du parti, une pierre dans son soulier ? De notre correspondant à Matam, Habib KA, Thilogne

Pastef survivra-t-il à cette première crise structurelle, son président aussi ?

Pastef qui veut redonner l’espoir aux déçus de la politique, des trahisons multiples.

C’est pourquoi, il est attendu de la Direction du parti de faire preuve de courage politique et d’impartialité pour poser très sérieusement le cas Ousmane Sonko à l’interne. Pour voir si Sonko reste, malgré tout, ce leader charismatique que la jeunesse adulait ou s’il risque de trainer un lourd boulet.

L’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr a tellement surpris que les opinions soient partagées entre intrigue, désillusion, agacement. La masseuse continuant d’enfoncer le bouchon sans être démentie ou contredite.

A Ousmane Sonko, on peut reprocher d’avoir commis au moins une triple faute :

  • Il n’accorde pas la valeur due au statut de président de Pastef/ les Patriotes, principal parti d’opposition : il ne se rendrait pas dans ce salon particulièrement et se faire traiter par une fillette de 20 ans qui n’est masseuse que de nom ;
  • Il n’observe pas les mesures basiques pour sa sécurité personnelle pour s’y être toujours rendu seul sans un garde du corps, son chauffeur personnel, un accompagnateur, ou une de ses épouses. Ce serait mieux encore.
  • Son état de santé devait être su, géré et assuré par la direction du parti. Un président de parti qui a des soucis financiers pour sa santé jusqu’à se rabattre dans des salons de ce genre fait froid… au dos ; si l’honorabilité du député, président de parti, se trouve entachée, Ousmane Sonko, en partie, en est responsable.

L’histoire retiendra donc que c’est par Adji Sarr que les malheurs de Ousmane Sonko sont arrivés. Fera-t-elle, pour autant, tomber de son piédestal le leader charismatique des patriotes, celui qui bénéficiait d’une présomption de droiture, d’intégrité auprès de la grande majorité des Sénégalais, des jeunes notamment ? Celui dont la radicalité du discours importunait la majorité au parlement ?

Pastef vit ainsi sa première crise depuis sa création, suite aux accusations de viols répétés et menaces de mort portées contre son leader Ousmane Sonko, son baptême de feu.

Son arrestation créa une situation insurrectionnelle avec un bilan très lourd : 13 morts et des dégâts materiels chiffrés à des milliards.

Les assaillants promettent de remettre çà si Sonko doit faire les frais d’un complot orchestré qui vise à le mettre hors course de la Présidentielle.

Depuis, le pays vit traumatisé, dans la psychose “d’une deuxième vague” plus sévère et d’un feuilleton judiciaire qui est encore très loin de livrer ses secrets.

Sonko doit, de son propre chef, donner l’exemple du démocrate accompli, en sécurisant le parti et ses instances dirigeantes de toutes menaces de représailles, le préserver de tout ce qui peut le fragiliser, le miner.

Les intérêts du parti prévalent sur ceux de l’individu, le parti ne doit sous aucun motif être embarqué dans cet imbroglio pour être obligé de se braquer sans discernement : c’est le leader charismatique de Pastef, député a l’Assemblée nationale et son candidat naturel à la Présidentielle de 2024 qui a maille à partir avec la justice. Lui, “La Solution” du pays deviendra-t-il le problème du parti, une pierre dans son soulier ?

Pastef est un parti démocratique, centralisé de cadres et responsables qui se valent, et sont interchangeables, un parti panafricaniste qui se réapproprie les héritages du président Mamadou Dia, de Nelson Mandela, du Pr Cheikh Anta Diop, un parti qui, dans l’action, se réclame d’un certain radicalisme de gauche, qui abhorre le bureaucratisme qui a longtemps gangréné la politique postcoloniale du Sénégal, un parti qui veut détruire ce “système” suranné pour une libération nationale, démocratique du peuple laborieux.

Pastef aura à prouver, urbi et orbi, qu’il reste toujours dans sa ligne fondatrice c’est-à-dire “une dynamique” de gens intègres qui partagent la volonté de restaurer l’indépendance confisquée.