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Parcours – REIIMA BUSINESS: La reine de la vente en direct Ndèye Fatou DIONGUE

Une brave jeune dame, simple, de teint marron, souriante et très accueillante. Voici en quelques mots la description de la directrice de « Reiima Business ».

Une femme qui a su monter son propre business à partir de son salon chez elle avec l’aide des réseaux sociaux (tels que Facebook, Instagram, Snapchat etc.) et qui aujourd’hui se retrouve patronne de deux boutiques de tissus chics de tous genres et d’un atelier de couture aux Parcelles assainies.

Le plus intéressant dans l’histoire, c’est qu’elle ne compte pas en rester là puisque, pour elle, c’est plus qu’un business mais une grande entreprise familiale créatrice de futurs emplois.

De son vrai nom Marième Fall, la trentaine, mariée et mère de famille, elle habite à l’unité 21 des Parcelles assainies de Dakar. Communément appelée Reiima par ses « followers » sur Facebook et Instagram, Marième s’active dans le domaine du commerce, particulièrement la vente en ligne.

On la surnomme « la reine des directs » ou encore « Tata la joie » suite aux séances vidéo qu’elle organise sur les réseaux sociaux à chaque nouvel arrivage de tissus.

Débuts et expériences professionnelles

« J’ai obtenu mon bac G au lycée Delafosse ; par la suite, j’ai fait trois ans là-bas en BTS comptabilité au CFPC. La première fois que j’ai fait le BTS, c’était compliqué pour moi car j’ai eu un bébé. Je l’ai refait l’année suivante, je ne sais même pas si je l’ai obtenu ou pas, je ne l’ai pas vérifié.

Quelque temps plus tard, je suis restée à la maison et comme je me sentais seule des fois quand ma belle-famille n’était pas là, je manipulais l’ordinateur et là je me suis dit que je devais créer une page sur Facebook que j’ai nommée Reiima Business et comme mon mari vend de la vaisselle, j’ai aussi créé une page que j’ai appelée « Momino vaisselle ».

Du coup je me suis mise à vendre la vaisselle pour lui. Vu qu’il avait sa boutique au marché HLM 5, souvent quand j’y allais, je faisais le tour des boutiques pour photographier les tissus et les poster sur ma page. Et comme mon mari s’activait déjà dans le domaine de la vaisselle, je me suis dit : « Pourquoi ne pas créer mon propre business avec la vente de tissus ? ».

Juste après la vente de vaisselle, je me suis investie dans la confection des habits pour enfants que j’exposais à la boutique d’une tante au marché hlm 5. Le tailleur pouvait en coudre plus de trente par jour que je décorais avec des motifs, des boutons, etc. Je les vendais sur internet à 10.000, 11.000, 12.000 Francs cfa et ça s’écoulait très vite.

Par la suite, j’ai continué avec la confection d’habits pour grande personne, surtout la clientèle malienne qui me sollicitait. J’ai donc acheté deux machines et trouvé un tailleur pour ça. Car, à l’époque, la boutique n’avait pas beaucoup de marchandises.

C’est ainsi que je me suis lancée dans ce domaine. J’achetais petit à petit des tissus pour les revendre. En débutant dans mon salon à la maison ; après , c’était trop petit par rapport au nombre de clientes que je recevais, j’ai donc décidé d’ouvrir une boutique. Aujourd’hui j’en ai deux en face du terrain Acapes.

Pourquoi avoir choisi la vente en ligne ? Quelle est votre touche spéciale ?

Je n’avais jamais pensé que j’allais faire du commerce. Je peux donc dire que c’est un don. J’aime créer et innover. Ça m’est venu comme ça et je me suis dite pourquoi je ne devrai-je pas faire comme les Européens ? Eux, font souvent des « live » pour vendre leurs produits et ça marche très bien. C’est là que j’ai commencé à le faire il y a trois ans.

Au début, était-ce chose facile ?

J’avais 3 à 5 vues… Les gens critiquaient et riaient en me disant : « Tu veux être célèbre… Tu aimes te faire remarquer… Tu es audacieuse… Tu es là sur le net tout le monde te voit etc. ». Mais bon, je savais ce que je faisais et ce que je voulais exactement.

En ce moment-là, c’était moi et Khady Thiam Wade qui s’activait dans le domaine de la friperie et des tissus aussi… C’est ainsi que j’ai continué à faire des « live », et quand je suis tombée enceinte les gens continuaient à parler. J’ai donc décidé d’arrêter. Par la suite, j’ai recommencé.

C’est l’année passée que j’ai remarqué que beaucoup de vendeurs en ligne se sont mis à faire des vidéo « live ». Une initiative que je salue et qui me plaît bien car de nos jours les gens ont tendance à copier. Donc, lorsqu’ils ne te voient pas faire de bonnes choses, ils ne te copieront pas car ils savent distinguer le bien du mal. Jusqu’à ce que concurrence s’en suive !

Mais quoi qu’il en soit, j’essaye toujours d’apporter un plus, ma touche spéciale afin de me distinguer des autres. Car je prends toujours le temps de réfléchir et de créer pour satisfaire au maximum ma clientèle.

C’est ainsi que j’ai commencé à faire des « live » sur Facebook et Instagram en même temps.

Comment se passe la vente en direct ?

J’ai une page Facebook avec près de 17.000 abonnés. Les vidéos « live » que je fais durent 1 à 2 heures avec plus de 5.000 vues des fois. Je montre aux clientes les tissus un à un en précisant le prix du mètre.

Instantanément, celles qui sont intéressées me laissent leur numéro en commentaire. Après, je prends le soin de tout enregistrer ; si c’est au Sénégal, je les appelle :  si elles sont d’accord , j’envoie le livreur une fois leur commande validée.

Si ce sont les clientes à l’étranger, j’attends qu’elles me contactent, parce que des fois j’enregistre leurs numéros et il se trouve qu’elles ne sont pas sur WhatsApp.

Quels genres de tissus vendez-vous ?

Je vends des brodés, brodés Autriche, voiles, voiles brodés, Bazin riche, Soie et tout ce qui est magnifique comme tissu susceptible de plaire à ma clientèle.

D’où viennent-ils ?

J’importe des tissus de l’Inde, de Dubaï et de la Chine pour satisfaire mes clientes.

Qui sont vos clients ?

J’ai des clientes un peu partout dans le monde. Tant au niveau national qu’international et je livre partout les commandes. Au Mali, au Niger, en Côte d’Ivoire etc., aux États-Unis, Angleterre, surtout en Italie, France et en Espagne.

Je n’effectue pas de vente forcée et je ne persécute pas l’acheteur. Je laisse les clientes faire leur choix en toute sérénité sans pression.

Des liens amicaux ont même eu à…se tisser avec mes clientes. Donc la plupart du temps, je les laisse me contacter car elles me connaissent déjà. Elles savent ce qu’elles veulent et comment faire pour l’obtenir.

Échecs et difficultés rencontrées

J’ai rencontré d’énormes difficultés, surtout l’année où j’ai commencé la vente en ligne, j’ai beaucoup perdu avec les tissus car je vendais au Mali. Et ma belle maman m’avait fait un prêt, jusqu’à présent ignore tout ce que j’y ai perdu. Par la suite, j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis relevée. J’ai finalement tout remboursé. En vendant aux Maliennes, je doublais les bénéfices pour pouvoir acheter et revendre mais n’empêche il y avait toujours des impayés. Et comme je suis généreuse avec mes clientes je laissai finalement comme ça…

C’est ainsi que j’ai continué avec des hauts et des bas. Et je continue à persévérer jusqu’à présent. Mais je ne suis pas dans le gaspillage ou la vanité. Tout ce que je fais c’est pour aider les gens et je ne dépense pas inutilement les bénéfices. J’investis et j’achète et je renouvelle les stocks.

Réussites et plus beaux moments

Je peux dire que ma plus grande réussite a été l’ouverture de ma propre boutique « Reiima Business » en 2018.

Vie familiale et sociale

J’ai une belle famille exceptionnelle Machallah. Mes beaux-parents m’encouragent toujours à faire mon propre business. Etant eux-mêmes dans le milieu du commerce, je les ai trouvés avec cette philosophie comme quoi : il faut toujours travailler et être indépendante. Je les remercie d’ailleurs au passage.

Mon mari est aussi un homme formidable qui m’épaule dans tout ce que j’entreprends. Même si je rentrais à 4 heures du matin il saura que c’est dans le cadre du travail. Il est donc très compréhensif Machallah. Des fois,  quand je suis assise près de lui et qu’un message sonne, il me dit :« Réponds à tes clientes, fais ceci, fais cela etc… ».

De même que ma famille, je n’ai qu’elle et vice-versa. Donc comme mes sœurs sont disponibles, elles m’aident avec la gestion des deux boutiques. Et maman s’occupe aussi de la deuxième boutique. Car si je prenais d’autres pour le faire peut-être que cela pourrait ne pas me satisfaire.

Je travaille aussi avec mes cousins qui m’aident pour les livraisons aussi. Donc « Reiima Business » c’est une entreprise familiale.

Avec mes clientes, j’entretiens des relations très cordiales Machallah.

J’adore offrir des cadeaux car je suis très généreuse de nature. Donc je suis amie avec tout le monde vraiment.

Rêves et projets

Mon plus grand rêve c’est d’amener très loin « Reiima Business », d’ouvrir partout plein d’autres boutiques et avoir une renommée internationale Inchallah.

Chaque jour, je prends mon agenda, j’écris, j’efface… j’étudie quelles stratégies mettre en place pour y arriver. J’ai beaucoup d’idées en tête mais je préfère que cela reste une surprise car il faut toujours se méfier des concurrents fainéants toujours prêts à copier sans jamais innover (rires)…

J’ai des projets pour le mois de Février et Mars. Et d’ici deux ou trois ans inchallah aussi.

Message à la jeunesse

Je dis aux jeunes qu’il n’y a pas de sot métier ici-bas. Rien n’est mauvais tant qu’on est sur le droit chemin. Il faut juste savoir exploiter le potentiel qui dort en soi à bon escient. « Aide-toi et le ciel t’aidera », dixit le proverbe.

Je ne dirai pas que l’on ne m’a pas aidée, mais tout est devenu possible grâce à ma propre motivation et mon ultime conviction de vouloir réussir ce que j’entreprends.

Donc dans cette vie, il ne faut pas être attentiste, il faut s’aider soi-même d’abord. Par la suite l’aide, les conseils, etc., arriveront des autres.

Aujourd’hui par exemple, si une personne a 10.000 Francs CFA et qu’elle achète deux pièces de wax à 8.000 Francs en gros, et les revendre à 5.000 Francs chacune, cette personne aura 2000 Francs de bénéfice. Ainsi de suite… Il y a mille manières de travailler et de faire tourner son commerce. Tout a un début, il faut commencer au plus bas de l’échelle pour gravir les échelons. Ce n’est ni dur, ni compliqué.

Au Sénégal, il y a bien du travail, si on baisse les bras en disant : j’ai honte de faire ceci, ou ce métier n’est pas fait pour moi, ça ne marchera pas !

Moi par exemple, j’ai des diplômes et tout, j’aurais pu opter pour travailler dans un bureau etc. Mais, je me suis tout simplement battue pour ce que je voulais. Et je m’y donne à fond.

Alors chère jeunesse, battez-vous et faites de vos rêves une réalité ! »

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