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« Octobre rose », un mois spécialement dédié aux femmes: Toutefois, le cancer du sein existe bel et bien chez les hommes Entretien dirigé par Ndeye Fatou DIONGUE

« J’ai personnellement opéré 62 (soixante-deux) hommes atteints de cancer du sein ».

De son vrai nom Docteur Abdoul Aziz Kassé (cancérologue), il est maître de conférences assimilé à l’institut du cancer de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, directeur du Centre International de cancérologie de Dakar (CICD). Dr Kassé est par ailleurs un des membres fondateurs de plusieurs associations de la société civile pour la lutte contre le cancer et pour la lutte contre le tabagisme.

Quels sont les types de cancer les plus fréquents ?

« Si on se base sur les chiffres qui sont donnés par le centre international de cancérologie de Lyon, il existe chaque année 10.750 (dix mille sept cent cinquante) nouveaux cas de cancer parmi lesquels les 4 (quatre) les plus fréquents sont : le cancer du sein et le cancer du col de l’utérus chez la femme, le cancer de la prostate et le cancer du foie chez l’homme.

D’après vos diagnostics, qu’est-ce qui causerait ces cancers ?

Nous ne connaissons pas jusqu’à présent la cause des cancers mais nous connaissons des facteurs qui favorisent la survenue des cancers.

Pour ce qui est du cancer du col de l’utérus : on peut effectivement parler à la limite de causes. Ce sont des infections par plus de 120 (cent vingt) virus qu’on appelle les virus des papillomas qui entrainent sur le col des femmes des lésions précurseurs qui, en 8 (huit) à 25 (vingt cinq) ans, peuvent se transformer en des cancers du col de l’utérus ou bien des cancers de la filière génitale, c’est-à-dire de la vulve et/ou du vagin.

Mais ces papillomavirus entrainent également des cancers d’autres organes tels que : la cavité buccale pour les sujets qui font des rapports buccaux (hommes ou femmes), l’anus pour les hommes et les femmes qui font des rapports anaux et la verge chez les hommes qui font des rapports justement avec ces différents organes.

Donc les papillomavirus sont responsables de ces cancers. Tous ceux qui ont eu des papillomavirus n’auront pas ce type de cancer ; par contre, ceux ou celles qui auront eu des infections par certains papillomavirus souvent associés au tabac ou à l’usage des fumées domestiques peuvent avoir des cancers de ces organes.

Dans le cas du cancer du sein : on ne connait que 30 % des facteurs de risque, 70 % des facteurs de risque sont méconnus. Et on pense que dans 10 % des cas il s’agit d’une hérédité. C’est à dire d’une anomalie génétique héritée des parents ou des grands-parents. Et le reste des cancers du sein semble lié à une puberté précoce avant l’âge de 10 ans, une ménopause tardive au-delà de 50 ans ; le fait de n’avoir jamais eu d’enfants ou très peu d’enfants, de ne pas les pas avoir allaités sont autant de facteurs qui peuvent favoriser la survenue du cancer du sein.

Pour ce qui est du cancer de la prostate : on ne sait malheureusement pas tous les facteurs de risque qui lui sont associés. On pense que dans certaines familles, l’hérédité peut jouer un rôle tout comme dans certaines ethnies, c’est-à-dire les Africains ou les Américains et les Caribéens d’ascendance ouest-africaine semblent être plus prédisposés à la survenue des cancers de prostate.

Pour ce qui est du cancer du foie : les virus des hépatites sont des facteurs de risque qui sont souvent associés à l’alcoolisme et également à l’exposition à certains cancérigènes chimiques qu’on appelle les aflatoxines.

Malheureusement depuis quelques années, on s’est également rendu compte que le surpoids et l’accumulation de graisse dans le foie peuvent également prédisposer à la survenue du cancer du foie.

Le cancer du sein existe-t-il chez l’homme ?

J’ai personnellement opéré 62 (soixante-deux) personnes qui ont eu un cancer du sein chez l’homme. Je viens d’en voir tout juste un qui est allé voir l’anesthésiste en vue d’une intervention. Mais enfin, ce n’est pas un cancer aussi fréquent.

Il est parfois lié chez l’homme à l’hérédité. Et donc cette prédisposition liée à deux gènes qu’on appelle « Brca 1 et Brca 2 » concerne aussi bien les femmes que les hommes. Mais ce cancer est beaucoup plus fréquent chez la femme que chez l’homme. Malheureusement, étant donné que le sein de l’homme est tout petit, le cancer du sein chez l’homme a tendance à se propager beaucoup plus rapidement et beaucoup plus facilement.

Quelle appréciation faites-vous du dépistage ?

Pour que le dépistage soit efficace, il faudrait qu’il réduise la mortalité. Pour réduire la mortalité, il y a deux mots qui sont très importants ; c’est : l’organisation et la centralisation.

Quand on parle d’organisation, cela veut dire qu’il y a un organe national qui s’occupe du dépistage. Et lequel dépistage ne se fait pas pendant un mois dans l’année, mais devrait théoriquement (si réellement on veut réduire la mortalité par cancer), se faire sur toute l’année.

Le cancer du sein et le cancer du col de l’utérus n’attendent pas le mois d’octobre pour survenir. Et donc, si on veut réellement réduire la mortalité par cancer du sein et par cancer du col de l’utérus, il faut organiser un dépistage toute l’année pour toutes les femmes éligibles, c’est-à-dire celles qui ont plus de 25 ans et qui ont déjà eu des rapports sexuels.

Alors, c’est bien pour le mois d’octobre d’organiser des séances de dépistage pour sensibiliser les femmes sur les risques liés à ces deux cancers. Mais il y a 3,5 millions de femmes qui ont besoin de ce dépistage : si vous n’en dépistez que 5.000, il vous en restera beaucoup, si vous en dépistez 10.000…

 

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