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La Ligne du Devoir

Nationalité 2.0 : Tous Métis

“Habiles à trouver le point      de désencastration

Aimé Césaire – Cahier d’un retour au pays natal, Présence africaine, 1939 

« On ne renonce pas à une partie de soi-même »…
Cette formule – belle – pourrait s’appliquer à des milliers d’individus à travers le monde et pas seulement à Karim Meïssa Wade…
Cette formule dépasse le droit car le problème soulevé dépasse le droit et les juristes le savent depuis « Mathusalem »
Père : sénégalais…
Mère : française…
Fils : sénégalais et français…
Fille (ne l’oublions pas) : sénégalaise et française…
Permettez-moi de revenir à l’Inde- le continent de toutes les croisements – : «  Le chiffre 1 a produit le chiffre 2, le chiffre 2 a produit le chiffre 3, le chiffre 3 a produit tous les autres chiffres… »
Au-delà de l’Inde, les « lois de la génétique » auxquelles le « droit » doit parfois recourir, nous ont enseigné que « chaque patrimoine » est double…. Il y a, d’une part, l’apport génétique paternel et, d’autre part, l’apport génétique maternel…
Huit milliards de personnes peuplent la terre (les animaux ne sont jamais comptés et cela constitue une erreur) et les anthropologues savent que l’évolution humaine est faite de croisements multiples et de strates…
Les géologues parlent de «  sédimentation » et parfois même de «  mutation »…
La question de la « nationalité » inscrite dans certaines Constitutions pose problème à l’humanité et nous devrons la repenser de fond en comble au regard des progrès de l’humanité…
Je n’aborderai pas la question du parti auquel appartient Karim Meïssa Wade, le PDS, qui a un poids important dans l’électorat sénégalais (cf. les dernières élections législatives).
Cette « exclusion par le droit » nous interpelle aujourd’hui, même s’il est trop tard car la liste officielle des candidats à l’élection présidentielle a été publiée le 20 janvier 2024. Alea jacta est…
J’avais regretté déjà que la date du 20 janvier ait été retenue car cette date, devenue historique, nous renvoie à l’assassinat du «  combattant pour la liberté », Amilcar Cabral, fondateur, avec d’autres fils et filles d’Afrique, du PAIGC.
Je vous invite tous, sans exception, à relire et à méditer la phrase devenue célèbre du président Léopold Sédar Senghor, s’adressant à son Conseiller culturel : « N’oubliez pas de leur dire que je suis un Métis… »
Léopold Sédar Senghor – paix à son âme – a été le premier président de la République du Sénégal.
Karim Meïssa Wade a fréquenté le collège Sacré-Cœur, territoire de toutes les races et de toutes les religions, territoire d’excellence, situé sur un « point haut » de la Sicap Liberté 1, là où précisément le BRT passera désormais… Ce « point stratégique » a été choisi par le frère Romuald Picard lors de sa négociation avec le ministre des Finances de l’époque, André Peytavin (il était français…)
Coluche l’a dit et il avait raison : «  Nous sommes tous des Métis… »
Quo Vadis ?

Il paraît que de nombreux milliardaires et politiciens ont plusieurs nationalités .. et même certains Sénégalais ont plusieurs cartes d’identités (et d’électeurs !) avec des noms et prénoms différents.. Le grand toilettage du fichier électoral qui avait permis l’alternance n’a pas éradiqué ce fléau de la triche…Une preuve récente : tous ces soi-disant parrainages…
Nous sommes vraiment, comme le disait Césaire, “habiles à trouver le point de désencastration“._____

« Cahier d’un retour au pays natal »

« Au bout du petit matin,
cette ville plate, étalée …

Et dans cette ville inerte,
cette foule criarde si étonnamment passée à côté de son cri
comme cette ville à côté de son mouvement, de son sens,
sans inquiétude, à côté de son vrai cri, le seul qu’on eût voulu l’entendre crier…

Dans cette ville inerte,
cette étrange foule
qui ne s’entasse pas,
ne se mêle pas :
habile à découvrir le point
de désencastration,
de fuite,
d’esquive.

Cette foule qui ne sait pas faire foule…
Dans cette ville inerte, cette foule désolée sous le soleil,
ne participant à rien de ce qui s’exprime, s’affirme,
se libère au grand jour de cette terre sienne. »

Aimé Césaire – Cahier d’un retour au pays natal, Présence africaine, 1939