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Moussa Molo Baldé, Roi du Fouladou: Allié de la France, il va réussir à conquérir et à conserver le pouvoir au détriment de son frère et de son oncle Mohamed Bachir DIOP, Rédaction centrale, Le Devoir 

Moussa Molo est le fils d’Alpha Molo Baldé, fondateur du royaume Firdou et de Coumba Oudé. Il serait né est né entre 1845 1847. A la mort d’Alpha Molo Baldé, une terrible guerre de succession va opposer son fils Moussa Molo à son oncle Bakary Demba.

Même si Alpha Molo avait souhaité que son fils lui succède à la tête du royaume, la succession de père en fils n’est pas de mise car le pouvoir se transmettait de manière matrilinéaire. Aussi le Conseil des notables respectera cette règle en confiant le pouvoir à Bakary Demba. S’ouvre alors une période d’instabilités au sommet du royaume. Car Bakary Demba, fort du soutien du Conseil des notables, va défendre le pouvoir qui lui revient de droit. Conscient de la puissance du Conseil des notables, Moussa Molo s’organise pour prendre de force le pouvoir. C’est à ce moment que surgit un troisième larron issu de la même famille qui lui aussi aspirait à diriger le Fouladou. Il s’agit de Dikory Coumba, le frère de Moussa. De deux on passe à trois prétendants pour accéder au trône. La  France était alors présente dans la région avec une forte garnison installée dans la ville de Sédhiou. Aussi, Moussa Molo qui avait compris qu’il ne pouvait combattre seul contre son oncle et son frère, s’allie avec les Français avec lesquels il signe un pacte de protectorat en novembre 1883 ce qui lui permettra d’obtenir des armes modernes et de vaincre ses deux adversaires. Il s’installe donc sur le trône du Fouladou et se montre très vite un chef dominateur, un guerrier intrépide et conquérant. En tout cas les témoignages recueillis par les historiens le présentent ainsi. «Moussa était effectivement un souverain puissant, fort, intelligent, qui savait jouer sur les divergences de ses adversaires pour imposer sa force», renseigne une source historique qui ajoute qu’il était à la fois autoritaire et qu’il savait « jouer sur plusieurs registres pour se maintenir au pouvoir pendant au moins 10 ans ». Il a régné en effet de1883 à 1903.

Sur l’homme, le Général Joseph Simon Galliéni, ancien commandant supérieur du Haut-Fleuve, avait écrit ce qui suit : «C’est l’un des chefs les plus intelligents de toute cette partie du Soudan».

Le caïlcédrat de Moussa Molo Baldé

Avec l’appui des Français, il va déplacer la capitale de Ndorna à Hamdallaye. Cette nouvelle capitale devient, à partir de 1894, le siège administratif du pouvoir colonial en Haute Casamance. Cependant, sa cohabitation avec le résident envoyé par la France à Hamdallaye va plus tard lui porter ombrage dans la mise en œuvre de son action politique précise un historien. En effet, le résident a, en dehors de représenter les intérêts de la France qui découlent des clauses du traité, une mission officieuse. Il veillait discrètement aux agissements et mouvements de Moussa Molo. Le roi voit ainsi ses actes surveillés par la France qui l’avait pourtant aidé à accéder au pouvoir. Sa liberté se rétrécit ainsi petit à petit comme l’explique l’historien chercheur Mouhamadou Moustapha Sow :

«Les relations entre Moussa Molo et les autorités coloniales françaises installées à Sédhiou devinrent de plus en plus exécrables et difficiles», explique le Docteur Sow. C’est pourquoi, Moussa Molo, sentant l’étau se resserrer autour de lui, va finir, avec l’aide des Anglais, par se réfugier en Gambie à partir de mai 1903. Après un court exil en Sierra Leone en 1919, il demeura à Kesserkounda, en territoire gambien, jusqu’à ce qu’il rendit l’âme, en avril1931.

Tous les deux rois que sont Alpha et Moussa Molo Baldé ont fini leur vie hors du royaume qu’ils ont soit conquis, soit agrandi. «Aucun des deux rois qui ont eu à diriger le royaume du Fouladou n’a été enterré à l’intérieur du territoire sur lequel il a régné. Alpha Molo Baldé mourut à Dandu, en Guinée-Bissau, tandis que son fils Moussa Molo est mort à Kesserekunda, en Gambie».

Aujourd’hui, les noms de ces deux rois sont immortalisés. Le premier lycée de Kolda porte ainsi le nom d’Alpha Molo Baldé. Quant à son fils, Moussa Molo Baldé, son nom est donné au camp militaire de Kolda. Aussi, le grand caïlcédrat imposant qui se trouve sur la route qui mène vers le camp, au quartier Doumassou, et qui résiste à la pression urbaine, porte également son nom. Il s’agit de l’arbre Moussa Molo.

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