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Moto Jakarta: Les clandos face à une concurrence directe Khadidiatou GUÈYE Fall

APRÈS AVOIR PROFITÉ DE LA GRÈVE DES TRANSPORTEURS, LES CONDUCTEURS DE MOTOS JAKARTA CONTINUENT À FRUCTIFIER LEURS REVENUS

La grève des transporteurs en début du mois de décembre à laisser de séquelles. Au début du mois, les transporteurs avaient entamé une grève de 2 jours renouvelée. Cette grève avait ralenti le système de déplacement des passagers. Un ralentissement s’opérait dans tous les secteurs. Au fait, ce boycott avait beaucoup impacté sur le secteur du travail. Des travailleurs se retrouvent contraints de se sacrifier pour arriver à leur lieu de travail ou se conformer à l’usage de l’internet pour le télétravail qui n’est pas approprié à tous les types de travail. Mais dans une certaine mesure, la relève a été prise par les charretiers et les conducteurs de moto Jakarta. Ces derniers ont bien profité de la grève des transporteurs pour se frotter la main. Le temps de la grève était une fiesta pour les conducteurs de moto Jakarta. Et malgré la fin de la grève, ces conducteurs de moto Jakarta refusent de lâcher prise. Ils viennent de découvrir ce business très productif dans la sous-région.

À Guédiawaye, les chauffeurs clando en partance vers Case-ba font face à une concurrence directe. À 16 heures, des motos et scooters s’alignent devant la station essence de Hamo 6, non loin de l’université virtuelle du Sénégal. Les conducteurs de ces motos se sont positionnés juste en face du garage de Hamo 6. Leur travail consiste à transporter quelques personnes impatientes de suivre la longue file de passagers qui attendent l’arrivée des clandos.

Sur sa moto, un quidam s’assoit en interpellant les passants. Préférant garder l’anonymat, il explique comment est le procédé. « Notre business consiste uniquement à transporter les passagers. Mais parfois on porte la camisole de livreur ; tout est possible », dit-il.

Le conducteur de moto raconte comment est arrivée cette occasion qui leur rapporte de l’argent : « Au début, je le faisais juste pour compenser le vide, c’est-à-dire aider les personnes à se déplacer puisque les chauffeurs avaient observé une grève de 2 jours renouvelée. Mais après l’humeur des transporteurs je me suis dit que ça pourrait être une continuité. D’autant plus qu’après mes livraisons, je n’ai aucune autre préoccupation, donc j’en tirerais profit ». Le conducteur de moto avec son nouveau travail s’en sort bien malgré les problèmes qu’il rencontre sur les routes. « Sans mes revenus de la livraison, je peux cumuler 7.009 francs dans la soirée. Ma méthode est de me positionner juste en face des clandos en direction de Case Ba ou Pikine. Vers 17heures, les clients attendent impatiemment l’arrivée des voitures, c’est une heure de forte affluence. C’est en ce moment que quelques clients nous viennent à contre goutte » , procède le conducteur de moto Jakarta.

Son collègue de travail dispose d’une moto pouvant se déplacer d’une région à l’autre. En temps normal, il est ouvrier dans une industrie située à Yarakh. « Mais quand j’arrive chez moi avant 16 heures avec ma moto, je prends mon déjeuner et je viens ici pour gagner un peu d’argent. De cette zone au rond-point Case Ba, je réclame 400 au moment où d’autres réclament plus. Ce business est pour moi un moyen de trouver une petite somme de 3.000 à 5.000 francs qui me permettra de faire le plein et gérer quelques imprévus », confie l’autre conducteur de moto Jakarta.

Défaut d’assurance

Du côté des passagers, la rassurance fait défaut. Seuls une infime partie des clients accepte de prendre les motos Jakarta. Parmi eux, Thioro, une femme de la trentaine, attend toujours les voitures, peu importe le temps qu’elles feront pour arriver : « concernant les motos Jakarta je n’y suis jamais montée. Tout simplement parce que cela ne me rassure pas. Les motos ne sont pas comme les voitures où tu es à l’intérieur, à la protection d’un éventuel choc de l’extérieur. Mais avec les motos, c’est un moyen de transport mais tout est à l’air. On se protège qu’avec un casque. Et le constat est que de nombreux conducteurs de moto Jakarta n’ont même pas casque pour eux avant d’en donner à leurs clients. C’est pourquoi j’ai peur de prendre les motos Jakarta, quelle que soit l’heure et la zone de destination », argumente Thioro, une gérante d’un multiservice.

Aux abords du vendeur de fruits, un jeune homme en chemise bleu-ciel s’assoit sur le banc. Il attend l’arrivée de son conducteur préféré, d’où une interrogation sur le choix porté sur l’un des conducteurs de moto. « J’attends mon conducteur de moto préféré. Je l’ai appelé mais il était parti déposer un client à Golf. Je dois aller aux Parcelles assainies Unité 22. Il sait comment prendre les raccourcis pour dévier les embouteillages à cette heure. En plus, parmi les conducteurs de moto, il est le seul à donner au client un casque de protection. Même si le partage de casque entre clients potentiels n’est pas hygiénique, on se protège tout de même d’un éventuel incident pouvant nous atteindre», argue-t-il.

Pour ce client, la rapidité est l’avantage des motos, même si parfois les chauffeurs arpentent des itinéraires similaires.

Dans les régions comme Kaolack, les conducteurs de moto Jakarta se sont installés pour transporter les usagers. Mais avec la grève, ils ont connu une expansion notoire dans la capitale sénégalaise. Certains usagers la prennent pour sa rapidité, d’autres préfèrent rester fidèles aux clandos qui prennent du temps pour les servir, tenant compte des nombreux accidents que les conducteurs de motos occasionnent sur la route.