Mois de la femme-Sokhna Aïcha Sèye, une perle qui brille dans l’humanitaire Entretien dirigé par Khadidiatou GUÈYE Fall, Chef du Desk Société
Elle œuvre dans le bénévolat pour construire l’avenir des filles
Les femmes à l’honneur. Ce mois consacré aux femmes et à leurs droits fondamentaux dans la société est une occasion de révéler les ombres du riche parcours d’une femme volontaire. Sokhna Aïcha Sèye est de ces rares femmes débordant d’ambition de faire scintiller le monde par le biais de l’éducation des filles. Elle s’ouvre au journal Le Devoir, comme une femme modèle à l’appel du devoir de parfaire le monde des filles.
Je m’appelle Sokhna Aïcha Sèye, j’ai 26 ans et je suis coordinatrice des activités de l’association « Shine To Lead/ Jiggen Jang Tekki » J’ai fait tout mon parcours scolaire au Sénégal jusqu’à l’obtention de mon master en Science politique, relations internationales à l’ISM. Depuis 2016, je m’active sur les actions sociales en faveur des enfants et des jeunes filles. Je suis passée aussi dans certains organismes comme bénévole afin d’améliorer les conditions des enfants défavorisés.
Qu’est ce qui a été déterminant dans votre parcours ?
Dans mon parcours, ce qui a été le plus déterminant, c’est le don de soi mais surtout apporter son aide pour améliorer des conditions de vie. Mon engagement, dans les nombreuses actions sociales auxquelles j’ai pu participé, repose sur ma sensibilité à la condition des enfants et des femmes. Il est inconcevable pour moi qu’un enfant puisse évoluer dans de telles conditions peu importe sa couche sociale. Tout ceci m’a poussée à embrasser le domaine de l’humanitaire car je m’épanouis en sachant que je contribue ne serait-ce qu’un tout petit au bien-être d’une personne.
Aujourd’hui, je suis fière de toutes ces actions menées pour les enfants et les femmes car ils représentent la couche la plus vulnérable d’une société mais la plus essentielle car ils constituent pour moi la continuité de l’humanité.
Quelle est votre profession principale ? votre travail en parallèle ?
Actuellement, je suis la coordonnatrice des activités de Shine To Lead, une association sénégalaise qui accompagne des jeunes filles brillantes issues de milieux défavorisés au Sénégal à réussir leurs parcours scolaires dans les séries scientifiques. Nous œuvrons alors au quotidien pour développer les capacités de leadership de nos lauréates afin qu’elles puissent déconstruire toutes les barrières devant leur réussite personnelle et professionnelle. Je suis dans le secteur de l’humanitaire ; la différence, c’est qu’aujourd’hui je suis payée pour le travail que je fais alors qu’avant c’était du bénévolat.
Qu’est-ce qui vous a poussé à cibler le domaine du bénévolat ?
Comme je l’ai mentionné plus tôt, c’est le don de soi, l’envie d’aider son prochain et surtout le giving-back car pour moi, en tant que citoyens, nous avons toujours le devoir de rendre le bien qu’on a reçu de la société en faveur des autres. J’ai grandi dans la banlieue dakaroise et la solidarité est la valeur la mieux partagée par tous les âges.
En tant que femme, comment arrivez-vous à demeurer aussi docile dans votre travail ?
Je pense que la femme, surtout sénégalaise, est de nature docile grâce à l’éducation qu’elle reçoit à la maison. De ce fait, la docilité devient une attitude, même en milieu professionnel. Par contre, il y a des limites car cela peut desservir dans bien des cas de dire oui à tout, surtout quand on est une femme ; il faut savoir se faire respecter quand il le faut.
Quels sont avantages et les inconvénients d’être femme dans le milieu ?
Pour moi, c’est l’empathie et l’intelligence émotionnelle : les femmes ont l’habitude de gérer le foyer et développent une aptitude à trouver des solutions efficaces dans l’urgence, en plus de la capacité de négociation. Les inconvénients, selon moi, seraient la perception des autres à croire que nous sommes inférieures et qu’il faut souvent démontrer sa valeur et ses capacités de travail.
Selon vous, en quoi consiste la journée du 08 Mars ?
Selon moi, le 8 mars est une journée de consécration pour tous les droits acquis mais aussi de revendications pour ceux à instaurer.
Y-a-t-il un impact à célébrer le 08 Mars ?
Tout dépend. Mais actuellement, la célébration de la journée n’a aucun impact. Il faut passer par des actions maintenant car toutes les plaidoiries ont déjà été faites. Par exemple, revoir la loi du code de la famille sur l’autorité parentale (la puissance paternelle).
En tant que femme, et selon vos domaines d’activité, qu’attendez-vous de l’État pour cette journée de revendication ?
En tant que femme évoluant dans le monde professionnel, j’attends de l’État une meilleure prise en charge des conditions de travail comme l’égalité sur les salaires, plus de nomination de femmes au poste de direction (tous les DG au Sénégal sont des hommes), et augmenter le délai du congé de maternité, etc…
Qu’attendez-vous des femmes de manière générale ?
J’attends des femmes, surtout sénégalaises, qu’elles soient plus solidaires sur les questions essentielles qui touchent leurs droits et leur bien-être quotidien. Elles sont déjà braves et entreprenantes.
Et la position des féministes dans la revendication des femmes dans le milieu professionnel ?
Je ne comprends pas bien la question. Toutes les femmes sont des féministes dans leurs actions et revendications de tous les jours. On gagnerait à lutter ensemble pour le respect de nos droits dans le milieu professionnel ainsi que les foyers. Elles ont du mérite pour les combats qu’elles mènent au nom de toutes les femmes.