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Mois de la femme: À 15 ans, Fatou Sagna, diabétique, devient le soutien de sa famille Khadidiatou GUEYE Fall

Le mois de la femme nous réserve de nombreuses révélations. Des révélations dignes de références. C’est avec la rencontre d’une jeune fille de 15 ans précoce que l’on découvre la cruauté de la vie. Fatou Sagna elle se nomme. Une jeune fille avec une corpulence qui trahit son âge, accepte de dépoussiérer son calvaire avec Le Devoir.

Fatou travaille comme femme de ménage. Elle apprend la couture le soir pour réaliser ses rêves. Son sourire accueillant cache une fille timide très ambitieuse. Fille aînée d’une famille moyenne, Fatou Sagna est cette personne qui ne peut pas voir ses parents souffrir. Très tôt, elle a abandonné l’école coranique. A l’époque, son père avait perdu tous ses biens. Âgée de 13, elle choisit de soutenir son père en quittant l’école.

Ainsi, Fatou commence à travailler en tant que femme de ménage. Deux ans après, un autre poids lui tombe dessus. Elle tombe malade. Son médecin lui suggère une analyse. Les résultats ne sont pas fameux. Ils montrent que Fatou Sagna âgée de 15 ans, est diabétique. Alors que sa famille était en location dans une maison située à Pikine Gouy Gua. Elle n’en revient pas. Une autre charge s’ajoute à celles qui lui pesaient : l’achat des médicaments ainsi que le sucre diabétique sont devenus des dépenses primordiales.

Le fardeau qui alourdit le poids sur Fatou est renforcé par la confiance de son père. Ce dernier porte espoir en sa fille car son fils aîné, grand frère de Fatou Sagna, est maladif. “Je ne voudrais jamais décevoir mon père. Il me considère comme son unique soutien vu l’état de mon grand frère. Donc je n’ai pas droit à l’erreur et ce n’est pas parce que j’ai 15 ans que je ne dois pas être responsable”, déclare Fatou.

Son statut de femme de ménage ne lui offre pas la paix intérieure. Elle est tout le temps sous pression. Il lui arrive que son employeur la blesse dans son for intérieur mais elle se résigne tout en sachant le motif qui l’oblige à tout tolérer.

Ambitieuse, Fatou rêve grand. Elle se voit dans quelques années dans son propre atelier de couture pour augmenter ses revenus. Pour la réalisation, après avoir terminé ses tâches, elle se rend chez une styliste non loin de son lieu de travail pour apprendre la coupe et la couture. D’après Fatou, si elle réussit dans ce domaine cela lui permettra d’être sa propre patronne et n’aura pas à espérer son salaire sur quiconque.

Seulement à 15 ans, Fatou Sagna endosse la responsabilité de payer les frais de traitement de sa maladie, assume les frais de scolarité de ses petits frères et participe aux nécessités de sa famille.

Sa situation précaire fait que des hommes malintentionnés lui demandent de se donner à eux en contrepartie d’une somme. Mais, avec le rebondissement des conseils de ses parents dans sa tête et ancrée dans ses principes, elle rejette ces propositions déplacées. Selon elle, c’est ce qui fait sa force pour affronter tant de péripéties de la vie. Elle reste convaincue que si toutes les autres filles prenaient leur propre initiative, elles gagneront leur vie dignement.

Le Devoir