Mimi-Macky-À votre avis ?

Politique

Aminata Touré quitte Benno

qui lui réclame le siège

Les Sénégalais disent non

La séparation est officielle entre Mimi Touré, l’ancienne premier ministre et le chef de parti Macky Sall. En conférence de presse, l’ex-directrice de campagne de la coalition Benno a signé son divorce avec le pouvoir. C’est une réaction attendue de sa part. Après être larguée pour le poste de présidence de l’Assemblée nationale, l’opinion publique attendait de Mimi une renaissance politique. Certains jugent la riposte de Mimi tardive, d’autres blâment les hostilités face à son refus de céder son mandat de député obtenu sous la tutelle de la coalition Benno Bokk Yakaar.

Par Khadidiatou GUEYE Fall,

Cheffe du Desk Société

L’ancienne présidente du Conseil économique, social et environnemental a fait face à la presse ce dimanche 25 septembre. Mimi était bien attendue par le peuple. Son avenir politique devait être retracé, chose qui était l’objet de sa conférence de presse.

Elle signe son divorce avec Benno Bokk Yakaar. Dans la note d’allocution de Mimi, elle précise qu’elle n’est plus députée de Benno Bokk Yakaar. Elle met en évidence son indépendance au sein de l’hémicycle. Aminata Touré a déclaré sa posture de député non-inscrite tout comme Thierno Alassane Sall et Pape Djibril Fall. Mais, les députés de Benno ne l’entendent pas de la même oreille. Ces derniers réclament le mandat de député de Mimi qu’ils souhaitent faire glisser entre les mains d’un suppléant.

En effet, la décision de Mimi ne convient pratiquement pas à la désormais minorité parlementaire. Si l’ancienne premier ministre s’accroche au non-alignement à l’Assemblée nationale, la coalition Benno perd la majorité parlementaire. Tout en sachant qu’elle utilisera son mandat pour la vengeance. Mimi risque de subir le syndrome de Mbaye Ndiaye et de Moustapha Cissé Lo. Ces deux députés ont perdu leur mandat par le biais des députés du PDS quand ils ont voulu suivre Macky Sall dans sa rébellion contre les Wade.

Mamadou Dieng, âgé de la soixantaine donne son avis par rapport à la situation. Il ne juge pas Mimi mais il se permet quand même d’indexer Macky Sall en sa qualité de chef de parti : « Mimi est dans son droit le plus absolu de faire son propre chemin. Quand les efforts fournis dans un groupe ne donnent pas ses fruits, elle mérite de se donner une indépendance politique. Je pense que Macky Sall est mieux placé pour comprendre Aminata Touré dans sa trajectoire. Il a lui-même défier Abdoulaye Wade. Macky Sall s’est rebellé contre son maître, emportant bien beaucoup de ses anciens partisans. Donc, qu’il accepte à Mimi cela. De toutes les façons, il ne peut plus faire un mandat, il a déjà bouclé ses deux mandats ».

En tout état de cause, Mimi a déjà pris sa décision. Elle compte mettre en action ses ambitions pour la présidentielle 2024 avec son mouvement surnommé…Mimi (Mouvement pour l’intégrité, le mérite et l’indépendance), tout en maintenant sa casquette de député non aligné à l’Assemblée nationale.
Après la sortie de Mimi, la riposte n’a pas tardé. Le groupe parlementaire de Benno a envoyé une réponse le lendemain de la déclaration de Mimi. Oumar Youm, le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar a invité l’ancienne Premier ministre à rendre son poste de député obtenu grâce à la coalition. C’était prévisible car les députés de Benno n’accepteront pas un mandat de moins qui se pavane à l’Assemblée nationale avec la certitude qu’il ne s’accordera avec aucune proposition de loi venant de son adversaire.

Pour cet homme, le mandat appartient à Mimi, elle a eu par le peuple et non par la coalition Benno. « Elle ne rendra rien du tout. Le mandat appartient au peuple sénégalais pas à Macky Sall ou Benno je ne sais quoi. Maintenant ils ont 82 députés et Abdoulaye Baldé est en téléchargement pour quitter donc ils vont se retrouver avec 81 », nous confie-t-il. Notre interlocuteur poursuit : « Elle a sillonné plus de kilomètres de ce pays sous la chaleur et les pluies que n’importe quel autre député de ce régime. Elle n’a pas fait comme le soit-disant président nouvellement élu de l’Assemblée qui n’a fait qu’appliquer le principe du « golo du niakh baboune du dieurignou ».

Une alternative est trouvée par cette internaute qui conseille à Mimi de ne pas démissionner de sa coalition et de rester député : « De toute façon, elle pourra toujours voter et elle sera libre de choisir son camp en toute liberté ».
Mimi ne compte pas lâcher prise, mais les députés de Benno ne comptent pas non plus baisser les bras. Ces derniers enclenchent la procédure de secouer l’article 60 de la Constitution. Ledit article dispose : « Tout député qui démissionne de son parti en cours de législature est automatiquement déchu de son mandat. Il est remplacé dans les conditions déterminées par la loi organique ».

Cette étudiante en Droit nous explique que ce ne sera pas facile d’arracher à Mimi son mandat de député du peuple car l’article 60 dont ils parlent fait référence à un député qui démissionne de son parti politique et non d’un député qui démissionne de la coalition dont il était membre. L’étudiante qui suit l’actualité politique avec un grand intérêt soutient que le problème, ce n’est pas Mimi Touré en tant que telle : « Le problème de Macky Sall, c’est l’inacceptabilité de son troisième mandat par Mimi. Si cette dernière avait accepté et appuyé le troisième mandat, elle serait déjà présidente de l’Assemblée nationale ».
Tous les regards sont braqués sur Mimi. L’opposition souhaiterait que Mimi les rejoigne dans leurs tactiques de blocages aux propositions de l’exécutif.
Les députés de la mouvance présidentielle cherchent par tous les moyens de faire suppléer Mimi Touré à son rôle de député non aligné. Quant à la concernée, elle s’est déjà engagée dans le schéma de la présidentielle 2024.