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Mimi-Abc: Rester debout ! P. MBODJE

De s’être littéralement retrouvés il y a un mois avec les mêmes mots, la même morale durant les ides de mars a sans doute rapproché ABC et Mimi et facilité leur rencontre

Le 20 avril dernier, ils ont parlé de leur soulagement : leur capacité encore intacte d’influer sur la marche du pays ; ils étaient en effet parvenus à décider Macky Sall, dans un sens voulu : se réveiller enfin (ABC) et répondre à l’appel d’une jeunesse désarmée en initiant un fonds de secours (Mimi). Le message à la Nation du président de la République, mutatis mutandis, était un plagiat des deux positions de Mimi-Abc réunies et synthétisées.

Tous les deux des “écorchés vifs” du Macky, victimes assurément de leurs tempéraments respectifs, ils ont démontré au détour de ce mois qu’il était difficile de les écraser plus bas que nécessaire.

“Écorchés vifs”, ils ont exorcisé leur mal en se prêtant l’épaule, en sortant les mouchoirs et à se rassurer mutuellement en remède à leur mal par l’armoire des souvenirs ; leur très grande consolation : ils sont parvenus à bien cerner le personnage qu’ils connaissent finalement mieux que lui-même.

Difficile en effet de se revoir sans faire pour une énième fois le tour du compagnonnage avec Macky Sall, les écueils rencontrés et surtout l’impossibilité d’un 3ème mandat. Et ne pas oublier l’essentiel : l’obligation de rester debout. Car il est difficile de les « écraser plus bas que nécessaire », selon les mots mêmes d’un des deux acteurs du jour.

Rien de croustillant jusque-là, la position des deux interlocuteurs étant connue avec le président de la République : tous deux poils à gratter du pouvoir appelé constamment à se souvenir de sa mission à la tête du pays, dans des termes peu amènes, il est vrai.

Soucieux de pluralité et de stabilité, Aminata Touré et Alioune Badara Cissé ont œuvré pour la tolérance et le respect de l’autre, mais aussi le renforcement des droits et libertés. Le pouvoir est-il un frein à la liberté ?

Le combat de cette paire incline à répondre par l’affirmative : Macky Sall verni par Dieu semble en avoir oublié jusqu’à ses origines ; or, la Saloum Saloum et le Ndar Ndar n’ont jamais fait semblant, contrairement au président de la République qui a toujours fait dans le faux fuyant. Défenseurs des causes les plus désespérées pour l’avocat et technicienne du développement humain, Aminata Touré la Rouge et Alioune Badara Cissé devaient se retrouver dans le terreau politique pour vérifier Durkheim dans son solidarisme social à partager au maximum.

Mimi a d’ailleurs dans la conversation conserver la position de la bonne samaritaine et partage autant qu’elle peut, d’autant qu’elle le fait dans la plus grande discrétion.

Il ne faudrait donc pas douter de la sincérité de la démarche, de la solidité des relations entre les deux ; il faut plus s’inquiéter de ce qui leur force intrinsèque : leur égo qui fait de chacun des deux protagonistes un individu difficile, dans l’acception de la personnalité propre difficile à manœuvrer dans un sens ou dans l’autre. Or, le champ politique est celui de la manipulation.

Dans un premier temps, ils avaient accepté de diluer une partie de soi dans l’autre pour la réalisation d’une vision, d’un idéal. Tous deux avaient choisi Macky Sall par solidarité à une victime, Mimi sacrifiant New-York pour Dakar, dans un ultime flash back vers ses années de la Ligue communiste des travailleurs, et en souvenir des vaches maigres dans les prairies brûlées de Landing Savané, dans les années 90. ABC avait vécu la première alternance, de 2004 à 2007 (Conseiller spécial du Premier ministre, directeur de Cabinet du ministre des Sports, directeur de cabinet du Premier ministre Macky Sall, Secrétaire général du gouvernement et commissaire général du Gouvernement près le Conseil d’Etat). La crise Wade-Macky réveillera les démons de la solidarité. C’est dire quelle était la force morale qui a poussé Mimi et Abc vers Macky Sall, en toute innocence, et qu’elle devait être la douche froide pour l’un après six mois de ministère de souveraineté et la valse-hésitation de l’autre s’essayant malgré tout à diverses stations pour tester la solidité de ses sentiments envers Macky Sall.

Mais c’est dire aussi la profondeur du ressentiment que l’un et l’autre éprouvent envers celui qui a cherché, selon les mots de certains, à les « écraser plus bas que nécessaire ».

Et demain, en politique ?

Si Aminata Touré Mimi et Alioune Badara Cissé ABC ont cohabité un moment avec l’homme, l’une dans les années 90 et l’autre presque dix ans plus tard, leurs chemins se sont séparés au moment où « MS » (comme l’appelle l’un) et ABC se retrouvaient avec Wade et entre eux deux pour envisager le futur, à partir de 2008. La douleur ne peut donc pas être ressentie avec la même profondeur. Cela pose problème.