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Marie-Yvette Keïta Diop, SG du syndicat de l’enseignement privé catholique du Sénégal: «Si les enseignants ne sont pas payés, ils croiseront les bras» Par Charles SENGHOR

La crise sanitaire liée à la pandémie du nouveau coronavirus n’a pas épargné l’école privée. Dans cet entretien qu’elle nous a accordé, la Secrétaire générale du syndicat de l’Enseignement privé catholique du Sénégal (Snecs), Marie-Yvette Keïta Diop, révélant que les deux milliards de plus de l’État ne sont pas encore arrivés aux destinataires, est revenue sur les difficultés dont les surenchères de certaines « mauvaises volontés » qui ne plaident pas à aider à une dynamique de reprise normale des cours en novembre prochain.

Dans ce cadre, la syndicaliste,  chiffres à l’appui, rectifie Momar Ndao de l’Ascosen et  appelle à la solidarité des parents d’élèves pour continuer le partenariat gagnant qui a toujours lié les deux parties, pour le bien des élèves. Car, si les enseignants ne sont pas payés, ils resteront à la maison.

Comment appréhendez-vous l’ouverture des classes en novembre prochain ?

Nous l’appréhendons avec beaucoup d’inquiétudes parce que nous avons des difficultés au niveau des salaires à cause des écolages qui ne rentrent pas. Cette situation est liée quelque part à des incompréhensions au niveau de certains parents d’élèves. Mais tout le monde doit comprendre qu’il y a un contrat entre le parent d’élève et l’école qui a été rompu, non pas du fait de l’école ni du fait des parents d’élèves. C’est le chef de l’État qui a demandé l’arrêt des cours au vu de l’évolution de la pandémie du nouveau coronavirus. Et quand le gardien de la Constitution, le chef de l’État, le père de la Nation le demande, surtout pour une noble cause comme la crise sanitaire, on doit s’exécuter.

Maintenant, nous avons fermé à la  mi-mars. Depuis lors, les parents ont compris que les écoles ne marchant plus, les enseignements ne se faisant plus, ils n’avaient plus à payer les écolages (paiement à la tâche). Ce qui peut être compréhensible quelque part. Mais les gens doivent comprendre que ces enseignants qui sont dans ces écoles, avec des contrats, que l’école marche ou pas,  doivent percevoir leurs salaires. Malheureusement, ça n’a pas été perçu de la sorte à cause notamment de mauvaises volontés qui sont entre les parents et les écoles pour raconter que les parents ne doivent pas payer parce que l’État a donné de l’argent.*

Et que pensez-vous de cette logique selon laquelle les parents ne doivent payer parce qu’il n’y a pas eu de cours pour les élèves ?

Les parents ne doivent pas payer parce que les élèves ne sont pas à l’école est une logique tellement légère qu’on n’en revient pas. On doit se rappeler qu’il y a un partenariat de longue date entre les parents et les écoles du Privé (laïc, franco-arabe, catholique). Les enfants y ont été mis de leur propre gré pour la confiance liée aux bons résultats. Je pense que ce partenariat ne devrait pas être rompu par des marchands d’illusions rentrés dans ce champ pour semer le doute et même la zizanie parce que,  visiblement, il y a à manger et à boire. Dire qu’avec les trois milliards de francs Cfa les parents ne doivent pas payer relève d’une volonté de semer la zizanie. Heureusement que dans certaines écoles, les parents tiennent à ce partenariat qui leur a toujours donné satisfaction et sont allés massivement payer. Mais, il faut aussi le constater pour le déplorer qu’il y a des parents qui suivent toujours ces mauvaises langues qui racontent n’importe quoi pour mettre en mal l’école privée avec l’opinion publique. Et actuellement,  nous assistons à une bataille d’opinion.

Quels sont les préalables pour une bonne rentrée des classes dans le Privé ?

Pour une bonne ouverture des classes, il faut que les parents d’élèves payent les arriérés aux écoles.  Et là, les écoles avaient demandé que les parents payent et que pendant les vacances où ils n’avaient pas l’habitude de payer, les enseignements ne seraient pas payés. Malheureusement, il y a une incompréhension parce que les gens ne parlent pas le même langage et cela fige les parents. Et finalement, on ne peut plus aller vers un dialogue. Mais, nous, nous demandons toujours qu’il y ait un dialogue entre les parents et les établissements parce que ce sont des partenaires de longue date. Et ce partenariat doit pouvoir continuer pour toujours pour le bonheur des deux parties. Au niveau du Privé catholique de Ziguinchor, les enseignants sont restés deux mois sans salaire. Il a fallu appeler les parents d’élèves en réunion sectorielle pour leur expliquer pour qu’il y ait des paiements pour enfin décanter la situation. Au moment où je vous parle, ils ne sont pas encore payés pour le mois de juillet. C’est grave ! Ce sont des enseignants qui sont dans des salles d’examen et ce sont des enseignants aussi qui ont calculé des moyennes pour permettre aux élèves des classes intermédiaires de recevoir leurs notes pour pouvoir passer en classe supérieure. Moralement, doit-on priver ces enseignants de salaire ?

 

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