GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Manque de considération, de solidarité, tricherie: Des cadres de l’Apr « dégoûtés» balancent Charles SENGHOR, Desk central, Le Devoir

Ce n’est pas  la symbiose au sein de la coordination nationale des cadres républicains (Ccr). Des membres de cette organisation du parti présidentiel dénoncent un manque de considération, de solidarité qui n’augure pas des lendemains heureux.

Ibrahima Ndao, membre de la coordination des cadres républicains (Ccr), a lancé un cri du cœur à propos de sa mise à l’écart au niveau du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Il fait partie des employés de cette institution auxquels le successeur d’Aminata Touré a demandé de rester chez eux, le temps « des vérifications dans la gestion précédente ». Suffisant pour certains de ses collègues au sein de cette structure de dénoncer ce qu’ils appellent « un manque de considération » qui n’est pas nouveau.

« Personnellement, je ne vais pas faire la guerre pour les autres, mais les cadres sont actuellement dégoûtés», a lancé notre interlocuteur, saluant la constance de ce jeune cadre qui ne comprend pas les raisons pour lesquelles il peut être « humilié » de la sorte,  au point d’aller dans les médias pour se faire entendre.

Dans ce même sillage, un autre cadre souligne que cette situation n’est pas nouvelle. A l’en croire, la majeure partie des cadres de l’Apr, qui ont pourtant « tout donné » au parti depuis sa création, ne sont pas souvent considérés.

« Nous nous demandons si le président croit à la CCR nationale », soutient ce cadre, dépité par cette situation qui prend selon lui des proportions inquiétantes. Car, note-t-il, certains cadres qui n’en peuvent plus ont fini par décrocher, fatigués de se donner sans compter pour finalement « ne récolter que ce qu’ils ne méritent pas ».

Manque de solidarité

Ce responsable d’une coordination de cadres républicains, dans la région de Dakar, pense que cette situation difficile de la plupart des cadres est aussi liée à « un manque de solidarité ». « Il y a une absence totale de solidarité entre les cadres ; un membre bénéficiant d’un décret de nomination refuse systématiquement de prendre au téléphone les autres sans nomination », souligne-t-il. Sans jamais comprendre ce changement subit de certains bénéficiaires du décret de nomination. Pour lui, c’est des comportements à bannir dans un groupe, notamment dans un parti où les cadres ont mouillé le maillot depuis la mise en place de l’Alliance pour la République, en 2009.

Pour toutes ces raisons, il pense que les réunions des cadres qui se tiennent au siège doivent être revues s’il n’y a pas de solidarité entre les cadres. Un autre raconte que Macky Sall accorde plus d’importance aux responsables de mouvements. Sachant que cette démarche est plus productive, certains cadres n’hésitent pas à aller créer des mouvements. Toutefois, considère-t-il, ces mouvements sont des trompe-l’œil parce que ce sont souvent des militants du parti dont ils sont membres qui constituent ces mouvements et n’apportent donc aucune plus-value.

Continuer de se battre

Toutefois, ce cadre, en militant convaincu, souligne qu’il va continuer de se battre, de répondre aux sollicitations des militants à la base, en tant que responsable. Même si les réponses ne sont pas souvent à la hauteur à cause des moyens limités qu’il met à leur disposition. Pour lui, il n’est pas trop tard pour le président Macky Sall de se rattraper en accordant plus de considération aux cadres de son parti. Car, il en va « de sa survie ». « Si ça continue de cette manière, je ne le souhaite pas, mais, ça peut coûter très cher à notre parti », prévient-il.