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Mairie de Kaolack, les prétendants sur pied de guerre Par Habib KA, Bureau régional de Matam, Thilogne

La bataille sera âpre à Kaolack au sein du camp présidentiel où frères et sœurs ne se feront aucune concession. Mariama Sarr, Modou Ndiaye Rahma, Baye Ciss, Pape Demba Bitèye, Diène Farba Sarr feront face à Aminata Touré et Serigne Mboup à l’affût.

Si la tournée du président de la République reste incontestablement une tournée économique avec l’inauguration de trois établissements publics de santé de niveau 2 et des cérémonies de pose de première pierre pour des infrastructures routières, il n’en demeure pas moins que c’était aussi une tournée politique. L’étape de Kaffrine a été l’occasion pour Macky Sall, président de l’Alliance pour la République (APR) et de Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) d’annoncer le ton des élections municipales et départementales que doivent impérativement remporter ses militants et alliés, pour rassurer et être dans les bonnes dispositions pour remporter les toutes prochaines élections législatives et la présidentielle de 2024.

Il sera très difficile au président de l’APR et de BBY d’étouffer l’expression plurielle des cadres des collectivités territoriales conscients des enjeux d’un poste électif sécurisé par les suffrages des concitoyens.

Les Municipales, c’est du chacun pour soi, la démocratie doit prévaloir et favoriser le respect de l’expression libre des citoyens pour la gestion de leur cité.

Comme Dakar, capitale politique de l’Afrique occidentale française (AOF), Thiès, qui cristallise la résistance du mouvement syndical des cheminots, Kaolack Ndangaan, qui symbolise Diaraf Saydou Ndaw, Waldiodio Ndiaye, le premier Congrès constitutif du Parti démocratique sénégalais (PDS), les batailles des communales et départementales assurent d’être épiques entre milliardaires, directeurs de sociétés, politiciens de haute volée, rendant encore plus difficile la possibilité pour le maire sortant Mariama Sarr de rempiler.

C’est du chacun pour soi : Mariama Sarr a la tête de la ville de Mbossé, pour rien au monde ne serait prête de s’effacer pour céder le fauteuil d’édile, même à son mari, l’ambassadeur itinérant Modou Ndiaye Rahma. Pour elle, c’est soit la reconfirmation au poste ou la prise de distance avec l’autorité centrale : c’est dire qu’à Kaolack, la bataille sera âpre au sein du camp présidentiel où les frères et sœurs ne se feront aucune concession.

Mariama Sarr, Modou Ndiaye Rahma, Baye Ciss, Pape Demba Bitèye, Diène Farba Sarr vont se disputer le très stratégique poste de la mairie de la capitale du Saloum, si un consensus n’est pas trouvé à temps pour éviter une implosion. En dehors d’eux, Aminata Touré et Serigne Mboup sont à l’affût.

Baye Ciss, PDG de Ciss-Group, avec ses entreprises “Ciss City”, “Ciss-Agro”, son projet de 32 milliards de francs cfa, propose un plan « Kaolack émergent » (PKÉ), pour faire de la capitale une ville futuriste et de Médina Baye une cité religieuse modèle dans l’Afrique ; il compte pour réussir sur l’électorat des femmes et des jeunes qui a fait la différence à la dernière consultation électorale.

Mohamed Ndiaye Rahma, homme d’affaires, ambassadeur itinérant, généreux donateur, connu pour ses largesses et sa rapidité à mettre la main à la poche pour honorer les demandes pressantes des populations en plus d’être très présent sur le terrain.

Pape Demba Bitèye est très introduit dans les foyers religieux à Kaolack. En tant que responsable de Benno Bokk Yakaar (Bby), il ne cracherait pas sur le fauteuil avec son mouvement Kaolack.

Aminata Touré Mimi est balancée entre des improvisations et des indécisions. Tantôt, elle cherche une base à Grand-Yoff, tantôt elle veut militer à Kaolack. La mayonnaise pouvait prendre si elle était au moins “parachutée” par le chef de l’État avec des moyens conséquents. De ses relations exécrables aujourd’hui avec Macky Sall, elle risque de récolter un score humiliant qui impacterait négativement sur ses prétentions à la magistrature suprême, même si c’est le “Yoonu Ndam” qui se décide à parrainer sa candidature et qu’elle-même avait amorcé une structure dénommée “And Defar Kaolack Ak Mimi”.

Serigne Mboup, sans chapelle politique, Pdg du groupe CCBM, avec la Chambre de commerce qu’il dirige, est bien décidé à changer la physionomie de cette ville. Il compte sur son expérience d’homme d’affaires très entreprenant, sa rigueur de gestionnaire et ses capacités managériales pour faire émerger la capitale, avec la Foire internationale de Kaolack (FIKA) et son “Kaolack Ma Fierté”.

La mairesse de la ville Mariama Sarr est sur un bûcher ardent : la ville du ministre de la Fonction publique et du Renouveau du Service public passe pour être la plus sale du pays, surtout en période hivernale, avec ses fosses septiques où les matières fécales affleurent, ses eaux usées, ses moustiques, ses dépôts d’ordure de part et d’autre de l’entrée et de la sortie de la ville. L’incompétence de la mairesse est décriée par ses adversaires politiques qui déplorent qu’elle n’ait jamais fait de la gestion des ordures de sa ville une priorité ; ces rivaux viennent de son propre camp, le camp présidentiel, ses propres frères de parti qui ne sont pas prêts à lui baliser la route. Au contraire, chacun d’eux convoite son fauteuil municipal, pour soi.

Les locales, c’est le chacun pour soi, à la seule condition qu’il n’affecte pas les intérêts du parti et du chef de l’État, quand bien même celui-ci a annoncé qu’il ne tolérerait pas de candidatures parallèles.

Mariama Sarr de l’Alliance pour la République (APR, au pouvoir) a été élue maire de Kaolack devant une autre APR, la députée Awa Guèye, par 52 voix contre 21 première vice-présidente de l’Assemblée nationale en 2014. Saura-t-elle le 23 janvier 2022 renouveler son exploit ?