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Macky Sall sans “paravent” politique, les dossiers toujours en attente: Boun Abdallah, pare-chocs idéal Charles SENGHOR, Rédaction centrale, Le Devoir

Sans Premier ministre depuis sa réélection à la dernière présidentielle du 24 février 2019, Macky Sall devrait s’en trouver un. Et pour plusieurs raisons, un retour de Mahammad Boun Abdallah Dionne pourrait être la personne idéale.

Le 14 mai 2019, la fonction de Premier ministre a été supprimée après une procédure constitutionnelle initiée par le président de la République, l’objectif de Macky Sall étant de « fluidifier » le fonctionnement de l’État.

Pourtant, le Premier ministre, chef du gouvernement, dirige son action, fixe en principe ses orientations politiques essentielles et assure aussi l’exécution des lois et exerce le pouvoir réglementaire, sous réserve de la signature des ordonnances et décrets délibérés en Conseil des ministres par le chef de l’État.

Politiquement, le Premier ministre sert de chair à canon au président de la République, lui permettant d’avoir un peu plus de recul. Et de pouvoir dérouler son agenda, puisque le président de la République est souvent submergé. Avec cette charge de plus, le président accumule des charges. Et comme le dit le dicton, « qui trop embrasse, mal étreint ».

Le Professeur Ndiogou Sarr déclarait à juste raison qu’avec cette mesure, « il y a une centralisation trop forte qui va amener une inefficacité au plan administratif, et l’éloigner davantage des administrations ».

Pour certaines grandes missions, le chef de l’Etat a dû se rabattre sur des ministres. C’en était le cas par exemple lors des dernières inondations causées par les intempéries : en l’absence de Premier ministre, les Sénégalais attendaient le président de la République.

Aussi, malgré la suppression du poste de Premier ministre, pour des raisons de « fast-track », ça ne bouge pas plus que ça. Les syndicalistes continuent de réclamer plus de célérité dans la diligence de leurs dossiers. Pour toutes ces raisons, le retour de la fonction de Premier éliminée de l’architecture constitutionnelle est plus nécessaire.

Retour en arrière

Le président Macky Sall devrait effectuer un retour à la case départ. Reconnaître son erreur est aussi une qualité. Au moment où le débat d’un troisième mandat est encore vivace avec des crises en pagaille, (économie, santé…), Macky Sall a plus que besoin de paravent.

Visiblement allergique au poste de numéro II, l’occupant du palais du boulevard Ernest Roume ne devrait pas avoir de problèmes pour trouver un homme à la hauteur de ses missions.

Mohammad Boun Abdallah Dionne peut jouer pleinement ce rôle. Il a l’avantage d’être un homme discret, se décrivant comme un baye Fall de Macky Sall, prêt au sacrifice pour son ami de longue date. Les deux hommes ont traversé des décennies de collaboration. De l’Assemblée nationale à la présidence de la République.

Le 6 juillet 2014, Mahammed Dionne est nommé Premier ministre par le président Macky Sall. Près de six ans après la suppression du poste, il était aux côtés de son mentor en tant que secrétaire général de la présidence de la République. Même après avoir perdu ce poste, l’homme afficherait toujours une fidélité sans faille à son ami Macky Sall.

Un homme averti

Politiquement, le natif de Gossas et ancien Directeur de cabinet, de 2007 à 2008, de Macky Sall, président de l’Assemblée nationale, n’est pas nul. Il a conduit en juillet 2017 avec succès la liste de la coalition Benno bokk yaakar (BBY). Lors de la dernière élection présidentielle, il est désigné à la tête du Pôle Programme au sein du directoire de campagne du président Macky Sall. Un rôle de presque directeur de campagne du candidat de la coalition présidentielle. Autant d’arguments pour refaire de ce haut cadre, ancien fonctionnaire des services des Nations-Unies, de la BCEAO (…) un Premier ministre pour s’occuper des affaires et servir de fusible. Puisque les arguments ne manquent pas.

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