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Macky Sall, loué habitant social sans baisse "On ne change pas une société par décret"(Crozier)

Aveu d’échec à propos de la loi sur la baisse du prix du loyer

De l’humilité à l’abandon

 

Le président Macky Sall, reconnaissant son échec sur la baisse du prix du loyer, veut désormais se concentrer sur l’habitat social. En clamant son échec, le président de la République vient d’emporter tout l’espoir de ceux qui comptaient sur sa puissance pour les soulager. De l’humilité, il passe pour quelqu’un qui abandonne ses enfants parce que l’habitat social sur lequel il compte n’est pas encore accessible à tous.

Le président Macky Sall continue sa séduction des jeunes à travers sa nouvelle trouvaille « Jokko ak Macky ». Ce moment privilégié a pour objectif de discuter avec les jeunes et de les écouter sur leurs principales préoccupations. Après Pikine et Keur Massar, le président de la République a fait face aux jeunes de la Médina et de Dakar-Plateau. Dans ces communes de Dakar, le dossier de la cherté des loyers refait surface. Et, sans ambages, le président de la République a reconnu son échec sur la loi concernant la baisse du prix du loyer, estimant qu’elle ne peut régler le problème.

« Essayons de faire respecter la loi qu’on avait prise sur la baisse du prix du loyer. Mais, pour dire vrai, je n’ai pas trop de solution sur ça », a avoué le président de la République. La raison selon lui est qu’on ne peut pas contraindre quelqu’un qui va faire un prêt à la banque pour construire sa maison à diminuer la location. « J’ai essayé de passer par des lois mais ça n’a pas marché » (…), ajoute Macky Sall qui entend désormais changer son fusil d’épaule en se tournant résolument vers l’habitat social qui semble être la solution pour avoir l’accès à l’habitation.

Triste constat ! En adoptant la loi°2014-03 du 22 janvier 2014 portant baisse des loyers n’ayant pas été calculés suivant la surface corrigée, le président Macky Sall risque de ne pas pouvoir s’appliquer la maxime de la faute avouée à moitié pardonnée : le président Macky Sall est l’homme le plus conseillé au Sénégal. En prenant la résolution de faire voter une telle loi sur la diminution du prix de la location du loyer des maisons à usage d’habitat, il savait très bien que les Sénégalais s’endettaient à la banque pour se construire des maisons. Pourquoi c’est seulement maintenant qu’il se rend compte de cette réalité ?
Cette loi était même menaçante : elle exposait tout contrevenant aux sanctions prévues par la loi n°81-21 du 25 juin 1981 réprimant la hausse illicite du loyer des locaux à usage d’habitation.

Cet échec était une évidence. L’effet de la loi n’a duré que le temps d’une rose : très vite les bailleurs ont trouvé des subterfuges pour retourner à leur prix initial, pour ceux qui ont pu revoir les prix à la baisse ; les autres sont restés intransigeants, sachant qu’ils étaient dans leur bon droit, comme le reconnaît aujourd’hui seulement le chef de l’Etat.

Cette révélation du président Macky Sall sur son échec peut être une marque d’humilité qui ne peut pas prospérer ; le chef de l’Etat qu’il est ne doit pas s’exposer de la sorte. Tous ceux qui comptaient sur lui pour régler cette question de la location se sentent aujourd’hui abandonnés. Ils ne sauront plus à qui se fier.

La question de l’habitat social dont le président Macky Sall fait cas aujourd’hui n’est jusque-là pas accessible à tous. Cette manière de régler le logement des Sénégalais sans ressource risque d’être un leurre pour certains. Et il serait vraiment dommage que demain, le président Macky Sall revienne encore devant les Sénégalais pour dire qu’il s’est encore trompé.

Sergio RAMOS