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Macky Sall, l’avocat du diable d’Eiffage, se fait descendre par ses opposants Fanny ARDANT

Après avoir menacé les Sénégalais d’aller faire don de leurs vaccins contre la Covid-19 19 à d’autres pays, voilà que le président Macky Sall frappe à nouveau ! Et cette fois ci, c’est pour défendre la société de construction Eiffage. Interpellé sur la cherté des tarifs de l’autoroute à péage, le chef de l’Etat a fait preuve de mépris au peuple qui l’a porté au pouvoir.  Il sert à ces interlocuteurs ceci : « À côté du péage, il y a la route de Rufisque. Si vous ne voulez pas payer, il y a une route alternative pour ceux qui ne veulent pas prendre l’autoroute. Si tu veux rouler en toute sécurité, sans trou, il y a un prix », a-t-il soutenu, à l’occasion de la traditionnelle remise des Cahiers de doléances des centrales syndicales au palais de la République.

Alors que le contrat scandaleux entre l’Etat du Sénégal et la société française Eiffage est frais dans les mémoires. L’entreprise dirigée par Gérard Senac payait 1.000 FCFA par an sur la location du foncier. Autrement, la boîte a déboursé moins de 7.000 F depuis qu’elle exploite l’autoroute à péage. A cela s’ajoutent plusieurs faveurs fiscales et douanières. Et face aux polémiques récurrentes que ce contrat léonin soulève, le gouvernement a décidé de revoir les termes.  C’est ainsi que l’Etat du Sénégal est entré, le 16 mars 2021, dans le capital de la Société concessionnaire de l’autoroute à péage (Secaa) à hauteur de 25%, de hausse de la redevance domaniale de 1000 à 800.000.000 FCFA.

Mais la réaction de ses opposants suite à cette bourde ne s’est fait pas prier. Ousmane Sonko qui visiblement ne rate pas une occasion de recadrer son adversaire politique a publié une note assez salée sur sa page Facebook pour déplorer « le mépris » avec lequel le chef de l’Etat s’est adressé aux Sénégalais. Selon l’opposant, « Au-delà de la forme, déplorable comme souvent, monsieur Macky Sall a totalement faux dans le fond ».

« Tristes propos sortis de la bouche d’un homme élu par un peuple pour assurer une offre de biens et services publics satisfaisante et équilibrée à tous », s’est-il indigné.

Poursuivant, il souligne : « Certes, il est tout à fait admis qu’un péage soit la rémunération, la contrepartie d’un investissement public ou privé offrant un gain de temps à l’usager. Sauf qu’une autoroute n’est pas forcément payante car partout dans le monde, il existe des réseaux gratuits de qualité à côté des péages. Ce que monsieur Macky Sall ignore, c’est que les concessions d’autoroutes n’exonèrent pas les pouvoirs publics (États et collectivités locales) de leurs responsabilités par ailleurs, mais au contraire, doivent leur permettre de mieux se consacrer à l’amélioration des infrastructures secondaires. La réalisation d’une autoroute à péage peut prendre la forme d’une concession, par laquelle l’État délègue à un concessionnaire la charge totale de l’infrastructure (financement, construction, exploitation et entretien) évitant ainsi au contribuable de payer impôts et taxes. »

Et pour l’ancien premier ministre Abdoul Mbaye, « le président Macky Sall n’a pas encore compris que le péage en autoroute n’est pas le choix de la qualité mais rémunère un investissement privé qui propose un gain de temps. L’Etat normal continue de devoir des routes bien construites et bien entretenues aux usagers. »

Selon le leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT), « Les routes avec des trous mettent en cause la sécurité routière, provoquant parfois des morts. C’est l’option que Macky Sall réserve à ceux qui ne peuvent payer le péage. Pauvre Sénégal ! Où est donc passé l’Etat protecteur ? »