Macky Sall-Idrissa Seck: L’anaconda qui voulait étouffer l’Hydre de Lerne Par Habib KA, Bureau régional, Matam
Même si personne ne sait quand auront lieu les élections municipales et législatives, la constitution d’une coalition très élargie qui portera la charge d’assurer à Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) une très large majorité risque d’isoler un Idrissa Seck tenu par un anaconda nommé Macky Sall qui étouffera sa proie au final. Mais l’autre a sept vies, comme un chat, ou comme l’Hydre de Lerne à cinq ou neuf têtes.
Thilogne-Si Idrissa Seck semblait l’emporter au tout début des années de l’alternance libérale contre Macky Sall, à la fin, sa carrière politique évoluait en dents de scie ; isolé, écarté des instances de pouvoir, Ndamal Kadior, tel l’hydre à sept ou neuf têtes, continuait cependant de prouver ses capacités de nuisance et de résilience : chaque fois qu’on pronostiquait sa descente aux enfers, Idy rebondissait toujours là où on l’espérait le moins. Mais cette fois-ci, la prise est celle de l’anaconda et elle a une marque : Sall Ngari ; elle vous enroule, vous étouffe pour finalement vous engloutir.
Idy joue t-il la carte de l’apaisement pour accompagner le président où craint-il de se faire éclipser par les libéraux du Parti démocratique sénégalais (PDS), en pourparlers aussi avec le régime de Macky Sall ? Si le PDS s’y mêle, il y aura un véritable séisme politique et même le Parti socialiste (PS), l’Alliance des Forces de Progrès (AFP) et Rewmi risquent de se retrouver à la périphérie. Macky Sall est intéressé par cette nouvelle alliance stratégique pour reconquérir l’électorat de la région de Diourbel, la ville sainte de Touba notamment et celle de Thiès, avec Oumar Sarr à Dagana et Aïssata Tall Sall à Podor.
Même s’il donne des justificatifs genre ” J’ai choisi le chemin d’une implication directe pour participer aux efforts qui nous incombent à tous pour redresser la situation du pays”, une décision « personnelle » qu’il a prise avec lucidité, sérénité, Idrissa Seck n’ignore pas que la coalition Idy 2019 qui regroupait une partie assez significative de l’opposition avait déserté les rangs, une fois les élections terminées. Rewmi et la coalition Idy, c’est en réalité un fossé abyssal quant au nombre de militants : la coalition 2019 est une simple alliance électorale à la différence de BBY au pouvoir et devait nettement s’éteindre après les élections, chaque parti ou mouvement politique reprenant son autonomie, agissant selon sa ligne fondatrice et liant des alliances ponctuelles avec les partis et organisations qui se mobilisent ; les événements de la Toussaint ont précipité les choses, après quelques moments de tergiversations et d’inactivités.
Macky Sall et Idrissa Seck, frères rivaux, encore face à face, poitrine contre poitrine, cette fois-ci, pour un duel à fleurets mouchetés dans un contexte assez délicat de turbulence du navire Sénégal, d’un suicide collectif des boat-people, pour les rives macabres d’une Europe en décadence, d’un virus transmutant qui promet des morts et des morts, une hécatombe.
Dans ce contexte d’incertitude, de marasme, le fauteuil présidentiel, horloge politique du chef de l’État, recommande, comme préalable, la constitution d’une coalition très élargie qui portera la charge d’assurer à Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) une très large majorité lors d’élections municipales et législatives dont personne ne peut prédire quand est-ce qu’elles auront lieu. Puis, la coalition de la majorité présidentielle élargie assumera malgré elle la très controversée 3ème candidature du président en exercice à l’élection de 2024.
Ce qui mettrait une croix définitive sur l’avenir politique du Parti socialiste (PS), de l’Alliance des Forces de Progrès (AFP), de Rewmi et des leaders de ceux-ci : anaconda contre Kuus Kondrong, le combat est inégal, certes ; mais, même s’il ne détient pas toutes les armes nécessaires à son combat, Idrissa Seck est plutôt efficace pour porter des coups durs capables de mettre KO un éléphant au cœur de la République, et secouer les cocotiers. Avec sa nouvelle stratégie, pour accompagner le président Macky Sall, joue t-il la carte de sa perte totale ?
Ce qui est sûr, Macky Sall, qui n’est pas né de la dernière pluie, pour ce qui est de la gestion et la conservation du pouvoir, ne fera aucune concession ni à ses ennemis déclarés, ni à ses alliés de huit ans de Bennoo, même parmi les plus proches, les plus fidèles d’entre les fidèles : désormais bon professionnel de la politique, il considère que tous les acteurs de la scène ne sont que des pions qu’on ne déplace qu’en fonction des intérêts ponctuels de l’heure.