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La Ligne du Devoir

Macky Sall expose Mimi, Amadou Bâ, Makhtar Cissé et Aly Ngouille devant Dieu et l’Histoire Par Pathé MBODJE

« Tu t’es, en m’offensant, montré digne de moi ;

Je me dois, par ta mort, me montrer digne de toi ».

Chimène à Rodrigue, Pierre Corneille : Le Cid (1636),

Acte III, scène 4

En pariant sur l’avenir immédiat (2024), Macky Sall a préféré Idrissa Seck à tous ses amis réels ou virtuels et a fait le vide autour du président du Conseil économique, social et environnemental : la tumultueuse mise à l’écart de certaines grosses légumes et l’explosion de colère populaire qui s’en est suivie atténue certes la douleur, mais pas l’offense de l’exclusion  de Aminata Touré « Mimi », Amadou Bâ, Mouhamadou Makhtar Cissé et Aly Ngouille Ndiaye sacrifiés à l’autel d’un pouvoirisme effréné que les Sénégalais apprécieront, comme ils avaient sanctionné Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng et le même Idrissa Seck en 2012 en les écartant sans autre forme de procès.

Les faits reprochés aux exclus ne méritent pas que l’on s’y attarde outre mesure ; l’ambition légitime pour le Sénégal ne s’est exprimée qu’à travers la fidélité au président qui, en bon manager, a permis l’émergence de talents au service de la Nation, au sens culturel du terme : sauf pour Aminata Touré avec une curieuse et longue interview d’un mois de septembre, accusée par les faucons du palais aiguillonnés à cet effet.

Amadou Bâ, Mouhamadou Makhtar Cissé et surtout Aly Ngouille Ndiaye ont toujours juré fidélité et loyauté au président de la République, au point d’apparaître ridicules des fois aux yeux de tous ceux qui s’émerveillaient devant leurs capacités à gérer un Etat, au sens politique du terme : Amadou Bâ a été consacré par ses pairs à quelques mois de son transfert vers les Affaires étrangères, Mouhamadou Makhtar Cissé a réussi la prouesse Senelec, au moment où les Sénégalais et les industriels avaient le moral au plus bas et Aly Ngouille Ndiaye, par son omniprésence, avait même été aperçu à une autre station. Il faut d’ailleurs s’interroger sur l’énigme du maire de Linguère, tant la chose du Premier novembre semble encore relever du mauvais rêve.

Et pourtant, les signes de disgrâce étaient là, avec un bicéphalisme créé de toutes pièces pour se faire aimer des populations des Parcelles assainies et de Dagana, par exemple, qui ont toujours tenu tête au pouvoir central ; le raccourci est donc emprunté avec un Moussa Sy soudain devenu un génie et le retour dans l’attelage gouvernemental d’un Omar Sarr qui a tenu tête et aux Socialistes et à Macky Sall avec Dagana qui refuse de tomber. Alors, tant qu’à faire, reprenons le maire et recommençons notre tentative d’implantation locale.

Macky Sall confirme ainsi qu’il est plus qu’un seigneur de guerre, étant, définit-il, le seul à proposer un candidat pour lui succéder s’il ne trouvait pas en Idrissa Seck ce qu’il a toujours été : un Medvedev ; car l’entente reste encore à sceller entre le roi du Sénégal et son suzerain, chacun des protagonistes étant passé maître dans la ruse qui n’est encore une fois pas l’intelligence. Dans tous les cas, tous deux prennent les enfants sénégalais du bon  Dieu pour des canards sauvages.

Ce détournement des institutions et de la responsabilité des Sénégalais passe sous silence la capacité d’indignation des électeurs qui avaient sanctionné en 2012 les tortueux du Benno et leur acolyte champion du yoyo, l’inévitable Idrissa Seck.

De même, le gouvernement de la Toussaint a révélé les conditions douloureuses dans lesquelles certains sont partis : « les péripéties du compagnonnage », comme dit Mouhamadou Makhtar Cissé, dévoilent des divergences profondes qui ne sauraient cependant prévaloir sur le devoir essentiel : le Sénégal.

La fière Mimi a déjà explosé son argumentaire : on ne l’enterrera pas vivante, salie et souillée. Les autres, plus diplomatiques, ont sacrifié à l’usage protocolaire ; les rondeurs évidentes d’un Amadou Bâ accompagnent la rigueur militaire d’un Aly Ngouille Ndiaye qui ne reconnaît cependant que le Sénégal et la République entre les lignes et tous  appellent amis, parents, sympathisants et alliés à la mobilisation au service exclusif de la Nation. Accusés tous en effet d’aimer ainsi leur pays et d’être payés en retour par des franges importantes qui les réservent pour la fine bouche, Aminata Touré, Amadou Bâ, Mouhamadou Makhtar Cissé et Aly Ngouille doivent démontrer que leur avenir se joue aujourd’hui et qu’ils en sont les seuls et principaux acteurs et personne d’autre.

Le ton est donc donné entre ceux qui pensent à la patrie et ceux qui n’en veulent que les fruits mûrs.

Les trois glorieuses de la fin-octobre convoquent ainsi Aminata Touré, Amadou Bâ, Mouhamadou Makhtar Cissé et Aly Ngouille Ndiaye, principalement, devant Dieu et l’Histoire où ils doivent recouvrer leur honneur et leur dignité d’avoir été pesés sur la même balance que Idrissa Seck.