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Macky Sall et Idrissa Seck: Heurts et Leurres Charles Thialys SENGHOR, Desk central, Le Devoir

Idrissa Seck et Macky Sall, aujourd’hui alliés « pour s’occuper des problèmes des Sénégalais », ont pendant longtemps cheminé au sein du Parti démocratique sénégalais. Toutefois, les relations n’ont pas été toujours au beau fixe.

Le président Macky à la recherche de renforts pour sa majorité malmenée lors de la dernière élection présidentielle très controversée de 2019 a croisé le chemin d’Idrissa Seck, avec sa coalition « Macky Président ».

D’un accord commun, les deux hommes ont décidé de taire leurs querelles antérieures pour se consacrer exclusivement à l’intérêt supérieur de la Nation. Car, pour Idrissa Seck, «face à certaines circonstances historiques, il faut dépasser l’attitude du spectateur stérile, dépasser aussi l’attitude de la résignation et de l’exigence sans cause lorsque la Nation a besoin de ses fils ».

L’ancien Premier ministre, né pour être président, n’ayant pas réussi à être le quatrième président de la République et même le cinquième, jusque-là, n’a peut-être pas encore dit son dernier mot. Puisque l’homme propose, Dieu dispose, selon ce qu’il a tenu à repriser en acceptant sa nomination à la tête du Conseil économique, social et environnemental.

Toutefois, il est bon de rappeler qu’au fil du temps, les relations entre les deux hommes, qui se sont fréquentés au cours de leur carrière politique n’ont pas toujours été linéaires. Aux côtés de son Maître, Abdoulaye Wade, Idrissa Seck a toujours occupé de hautes stations après l’alternance politique survenue en 2000. De ministre d’État, directeur de cabinet du président de la République en 2000, Idrissa Seck deviendra de 2002 en 2004 Premier ministre, en remplacement de Mme Mame Madior Boye.

Mais malgré cette position de tout puissant ministre d’Etat, Macky Sall n’a pas bénéficié de l’appui d’Idrissa Seck. Il a fallu l’intervention de Farba Senghor pour conduire le jeune ingénieur chez Abdoulaye Wade, pour enfin bénéficier d’une nomination et diriger Petrosen.

L’ancien Premier d’alors, en vacances en Europe, en a aussi terriblement voulu à Macky Sall, alors ministre de l’Energie, des Mines et de l’Hydraulique, passant ses vacances en Afrique du sud en 2003, d’avoir écourté ses vacances, sans rien lui dire, pour « secourir » Abdoulaye Wade coincé entre le livre d’Abdou Latif Coulibaly (un opposant au pouvoir. L’alternance piégée ?), et la crise acridienne. Idrissa Seck considérait cette attitude comme une trahison, rapportent des sources ayant côtoyé les deux hommes.

A cela, viendra s’ajouter le dossier des chantiers de Thiès où Abdoulaye Wade président de la République accusait son Premier ministre de détournement à coup de milliards de francs Cfa. Le président Wade soutenait exactement que « les chantiers de Thiès n’ont pas été réalisés comme il le voulait ; car, 20 milliards de F Cfa étaient prévus et on en a dépensé plus du double). Cette déchéance d’Idrissa Seck profitera à Macky Sall : tout Premier ministre, il sera tout naturellement tout puissant n°2 du Parti démocratique sénégalais. Son réquisitoire contre son prédécesseur précipitera Idrissa Seck dans la déchéance puisqu’il sera par la suite conduit en prison. Idrissa Seck accusera Macky Sall et Abdoulaye Wade d’avoir toujours comploté contre lui.

Même au pouvoir, Macky Sall a continué cette guerre larvée. Dès son installation au pouvoir, il a cherché à casser le parti d’Idrissa Seck. Il a démarché ses proches démarchés pour rejoindre l’Alliance pour la République (APR). Nafissatou Cissé, Oumar Guèye, Youssou Diagne, ancien président de l’Assemblée nationale, Oumar Sarr, Pape Diouf, tous très proches d’Idrissa Seck vont répondre aux sirènes du pouvoir en quittant le Rewmi.

Mais, au nom de l’intérêt supérieur de la Nation, tout est derrière eux. Puisque selon le nouveau président du Conseil économique, social et environnemental, « il faut agir au bénéfice des populations, surtout que la compétition électorale de 2019 est dernière nous, le contentieux qui en est issu a été éteint par l’ouverture du dialogue national et les résultats remarquables qu’il a produits ».