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L’oisiveté est la mère de tous les vices: Combien de pirogues faut-il encore pour endiguer la pauvreté chez les jeunes ? Par Sadany SOW

Dans le rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), le Sénégal occupe la troisième place des 10 pays qui ont le taux de chômage le plus élevé dans le monde, soit un taux de 48℅. Ce rapport justifie-t-il la recrudescence de l’émigration clandestine ? N’a t-il pas effrayé ces jeunes désemparés par la situation dans laquelle ils vivent ? Ces jeunes qui en ont marre d’inhaler la souffrance de la pauvreté ? Une inquiétude s’installe. Un haussement de sourcils s’impose. Des questions taraudent. Parmi des milliers, celle-ci dessous…

Qu’est-ce qu’ils espèrent retrouver de meilleur là-bas ?

Citons la chanson de Jean jacques Goldman «Lâ-bas ! Tout est neuf tout est sauvage… il faut du cœur et du courage ». À ces jeunes, Il ne manque pas le courage. Prêts à périr en mer pour aller chercher un travail dans un pays qu’ils croient plus nanti que le Sénégal, ils espèrent pêcher une vie meilleure que celle qu’ils vivent. Ils sont jeunes, majeurs, vaccinés mais pas accompagnés par l’État. Hypermétropes, leurs visions dépassent le métier du ‘’Tabaa-Tabaa’’. À juste raison, chacun cherche à évoluer dans son activité, cela par n’importe quelle manière.

Mais à quel prix ? Au risque de se laisser emporter par les vagues de la mer ? De se laisser humilier et rapatrier ? Ou de rester au pays natal et subir ?

Sur des questions aussi sensibles socialement que l’émigration clandestine, les jeunes sont conscients du danger qu’ils courent. Mais qu’ont les autres pays de plus que le Sénégal ? Un gouvernement qui se préoccupe de sa jeunesse, nous diront certains, sauf Assane Sarr. Selon lui, l’Europe n’a rien de plus que l’Afrique pour ceux qui connaissent la vraie valeur de la richesse. Les Européens gonflent leurs économies d’une part grâce au continent africain, qui en réalité, en s’organisant, pourrait exploiter ses ressources pour s’assurer une richesse intarissable ; mais aucun espoir n’est né de ses ressources.

La jeunesse représente une force vive, elle est riche des aspirations propres à ce moment d’existence ; ses actions devraient avoir pour objectifs son autonomisation afin d’assurer une pleine participation dans la société. Mais, si par malheur ces actions ne sont en aucun cas menées, comment cette jeunesse pourrait-elle s’approprier cette définition? Parmi les actions, le travail. Cette activité rend l’homme libre, autonome et responsable dans sa vie. Elle permet de lier les membres de la société en créant des rapports sociaux. En effet, l’homme travaille pour exister socialement, c’est-à-dire être connu et reconnu. Il lui est donc nécessaire de travailler parce qu’il ne trouve pas tel quel, dans la nature, de quoi subvenir à ses besoins.

Mais pour plusieurs raisons, trouver du travail reste quasi impossible au Sénégal. Partagée en deux, la responsabilité n’est jamais assumée du côté de l’État et de la population. Cette dernière connue dans la malhonnêteté, paresse, et égoïsme, pénalise ces chances d’être accompagnée.

La pauvreté, la mère de tous les vices…

La pauvreté, c’est bien plus que le manque d’argent pour répondre à des besoins de base en nourriture. On peut être pauvre d’éthique, de personnalité, d’éducation, de parole sacrée, de courage, d’ambition, de valeurs. A l’occasion, peuvent pousser à des actes désespérés ces caractéristiques. C’est pour cette raison qu’il est fréquent de noter autant d’agressions, de fraudes, d’outrages aux bonnes mœurs dans la société. Ç’aurait été moins d’effroi si les conséquences se limitaient à la famine et aux catastrophes sanitaires, mais que la dégradation des mœurs s’y ajoute, il est urgent de convoquer le ban et l’arrière ban… A l’aide pour le Sénégal ! Ce pays pris comme une marionnette par qui veut, flotte dans l’incertitude, l’incapacité à gérer ses problèmes internes et externes, à retenir, à rassurer, à couver ses jeunes, à leur proposer un « sunugaal » gorgé d’emplois.

À la place, il les ignore et les pousse vers les dents de la mer ou dans le brouillard du débrouillage. Jusqu’où et jusqu’à quand la pirogue de désespoir continuera-t-elle sa navigation ?