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Loisirs: Les jeux d’antan se laissent barricader par les jeux vidéos Khadidiatou GUEYE Fall

Qui se souvient encore du « langa buri », « samori » et  du « wouré » ?

S’il y a une étape de la vie dont on se rappelle jalousement, c’est l’enfance. Ce sont des moments qui riment avec beaucoup de souvenirs. L’innocence, l’insouciance, la jovialité caractérisent cette étape de la vie. Si l’on se remémore bien, par le biais de certaines activités, ces moments se logent dans le palais du souvenir. Parmi ces activités, les jeux collectifs avec les enfants du voisinage conduisent vers la nostalgie. Il s’agissait des jeux d’enfants simples sans recours aux matériels technologiques.

Doudou Hann est homme marié depuis 2 ans. Ce tailleur se rappelle les jeux auxquels il s’adonnait avec ses amis : ” Je me souviens du fameux jeu le lambi golo ; la phrase complète c’est  “Lambi Golo kou joog danu golo ya ko mom”. Ce jeu consiste à tirer le pied de toute personne debout. Si après la déclamation de cette phrase, une personne reste debout, l’un des autres joueurs le fait tomber. C’est ça la règle”.

Doudou ne s’en limite pas au Lambi golo. Il explique comment il jouait au langa buri. ” Pour ce jeu, il s’agit de trouver un objet et de le cacher quelque part. Pendant ce temps, les autres joueurs fermaient les yeux pour deviner après où se cache l’objet. Si l’un des joueurs trouve l’objet, il crie “langa nior na” pour que les autres sachent que l’objet est retrouvé. Ce sont des jeux qui me manquent vraiment”, soutient le jeune. Malheureusement, nous dit-il, ses enfants n’auront pas l’occasion de faire ces activités sans danger.

Pour les filles, il y avait des jeux qui leur étaient destinés.

Astou Diop est dans la quarantaine. Elle est mère de 5 enfants. Mais cela ne  l’empêche pas de s’adonner à certains jeux comme le taam, le wouré.

” Le taam et le wouré sont pour moi des passe-temps quand les enfants vont à l’école. Ça me rappelle mon enfance” se souvient-elle. Le taam est un jeu de cailloux pour 2 ou 4 personnes. Au nombre de six, on lance les cailloux qu’il faut saisir après un à un, ensuite par deux, par trois, quatre… Si par hasard, en voulant saisir un caillou cible, on touche un autre caillou, la partie est perdue  et c’est au tour de l’adversaire. Quant au wouré, c’est beaucoup plus complexe que le taam.

Astou Diop nous confie que ces activités lui permettent d’être occupée pour ne pas s’aventurer aux commérages. Parfois, elle y initie ses enfants mais ces derniers le font malgré eux : “Ils préfèrent utiliser leurs téléphones plutôt que ces jeux qu’ils trouvent anciens et hors tendance”.

Mame Nogaye est une ancienne vendeuse de poissons sur la plage de Yoff. Âgée de plus de 50 ans, elle donne une importance particulière à ces activités pour enfants. Selon elle, ces activités ont déjà perdu leur valeur. ” Les enfants d’aujourd’hui ne jouent plus comme on le faisait à notre époque. Même pendant la nuit, il y avait des jeux spécifiques ou parfois on s’approchait de notre grand-mère pour qu’elle nous conte des histoires. Ces jeux avaient leur raison d’être”,  fait-elle savoir. Mame Nogaye déplore l’imitation des Occidentaux : ” Nos enfants et petits-enfants ne nous voient plus comme référence, ils préfèrent imiter les enfants occidentaux mais les cultures ne sont pas les mêmes, les éducations aussi ne sont pas pareilles. Ils doivent revenir à leur source. Maintenant, les enfants jouent à la perversité. A notre époque, c’était impensable”.

Pour Mame Nogaye, ces jeux font partie de notre patrimoine culturel immatériel. Ils doivent être conservés et transmis de génération en génération.

Lambi golo, taam, wouré, samori, soir dakhé, langa buri, kotti kotti et tant d’autres jeux rappellent de beaux souvenirs de l’enfance. De nos jours, l’enfance est marquée par la maîtrise des jeux vidéos proposés sur la toile et qui enclouent des conséquences néfastes sur la psychologie de l’enfant. Certaines études faites à ce niveau prouvent que ces jeux vidéos sont responsables des comportements violents de certains enfants. Alors que les jeux qui sont propres aux Sénégalais favorisent la sociabilité et l’esprit d’équipe.