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Locales: Macky Sall et Me Wade coulent Benno et Wallu P. MBODJE

Rideau ! Le Parti démocratique sénégalais (Pds) et l’Alliance pour la République (Apr) perdent leur tête, à la lecture des résultats des Locales du 23 janvier : la « victoire » chantée par Macky Sall et le mea culpa des Libèraux et alliés suggèrent que les deux leaders sont au bout du rouleau, usés, le président de la République pour une page tournée depuis le 24 février 2019 avec son dernier mandat constitutionnel, Me Wade atteint par la limite d’âge qui a senti le poids des ans.

Rideau ? Non : dans la réalité, des torpilles qui ont coulé leur formation par un entêtement à imposer coûte que coûte le candidat dont personne ne veut, en définitive, et que les urnes du 23 janvier ont exclu définitivement.

Si les tendances de 2019 se sont vérifiées avec la vague du Sud remontant vers le nord entre 2021 et 2022, l’absence de générosité de Me Wade et de Macky Sall n’a pas permis de dégager un sentier démocratique pour favoriser l’alternative avec le bon choix ; bien au contraire, le refus de tout compromis dans les candidatures s’est vérifié ici avec les défections, là en affaiblissant le candidat officiel en appelant à voter contre lui par des candidats parallèles. Certains candidats malheureux parlent même de vote sanction interne commandité depuis le sommet pour expliquer une déroute somme toute logique, à la lecture des événements depuis la Présidentielle du 24 février 2019.

ERREURS DE CASTING

Des erreurs de casting et une certaine ambiguïté dans les relations Wade/Macky Sall ont ainsi pavé la voie à une Taxawu Askan Wi sur la montante depuis les retrouvailles entre préposés au prétoire.

Un mauvais management a conduit à de mauvaises investitures aussi bien au Pds qu’à l’Apr : Doudou Wade à Dakar, par exemple, est d’autant plus délicat que le candidat semblait renvoyer à une entente au sommet avec son offre de service, même s’il a éclipsé son ancien frère Pape Diop ; Guédiawaye avec Ndiogou Dieng éliminait d’avance Aliou Sall en délicatesse avec les populations avec Ahmed Aïdara comme seule alternative.

Si Macky Sall a décidé seul pour se tromper seul, il semble vouloir remettre partisans et alliés dans le chaos avant de partir : l’éternelle réplique « C’est du Macky » renvoie à un syllogisme plus proche de Coué quand le président quitte en 2024 en prétendant avoir gagné une Présidentielle à laquelle il n’aura pas participé.

Au Pds, beaucoup regrettent in peto le management du karimiste Saliou Dieng renforcé par l’ancien calot bleu Famara Senghor qui s’est fait sans la présence sur le terrain du candidat major et de son ange gardien qui l’impose envers et contre tous : la présence physique de Me Wade aurait eu des effets balsamiques comme en 2016. Au finish, le Pds a donné l’impression de laisser la carte Karim Meïssa Wade flotter comme bargaining power dans les négociations avec le président de la République avec un Doudou Wade qui déflore le deal dès l’abord.

SURVIES PARALLÈLES

Macky Sall a adopté pour les Locales de janvier le principe des listes parallèles sans en saisir la substantifique moelle : processus de survie en milieu hostile, la trouvaille consistait à prouver ailleurs une valeur que l’Apr ne voulait pas reconnaître, devant une armée mexicaine où tout le monde était tout le monde, c’est-à-dire tout et rien.

Deuxième erreur : le scrutin majoritaire. Si, au total, Benno se retrouve avec environ 38% du vote, elle a perdu au change puisque 47% répartis entre Yewwi et les autres ont plus profité à Khalifa Sall et compagnie ; des duels et autres triangulaires du second tour auraient sans doute renforcé la coalition au pouvoir….et la démocratie.

Ultime erreur : avoir cru s’être relevé des évènements de mars 2021 en convoquant les assises de la jeunesse et de faire miroiter un bilan sur l’emploi et les infrastructures. Les laudateurs se sont engouffrés dans la brèche de l’emploi des jeunes, accentuant par là le peu de respect à une jeunesse qui veut respirer alors qu’on cherche encore à la noyer dans les promesses dithyrambiques.

Toutes les formations coalisées subissent ainsi par ricochet le rejet social et politique des stratégies de Me Wade et de Macky Sall, scorpions associés pour vicier la vie politique sénégalaise. Au demeurant, le retrait annoncé de Niass et de Idrissa Seck de la vie publique n’arrange pas la descente aux enfers des partis majors au profit des puînés annonçant la recomposition du paysage sénégalais.