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Libéraux : Sonko précipite les retrouvailles

Sensibilités libérales

Sonko précipite                          les retrouvailles

Les sensibilités libérales à l’origine de l’appel de Amadou Bâ au Pds ont reçu l’onction du président de la République mais pas encore celle du parti de Me Wade qui ne digère toujours pas la mise à l’écart de son candidat à cause justement de l’ancien Premier ministre. L’articulation autour de la paix est une égratignure à Ousmane Sonko et la situation née depuis 2021. Le patron de l’ex-Pastef aura cependant accéléré ces agapes qui datent en vérité du début de la seconde alternance, en 2012. La profonde réflexion au sein du parti de Me Wade n’exclut en fait aucune perspective.

La Une du Devoir du jeudi 22 Février 2024. Le Fouta a rendu le candidat de la majorité euphorique devant le déferlement de foules à toutes les étapes. Il s’y voit déjà et compose avec ceux qui voudront bien le rejoindre, dont ceux de la sensibilité libérale.

Matam choyé sous Wade avec 5 ministres, 19 parlementaires, de nombreux PCA et DG a été l’avant-étape au cours de laquelle de Amadou Bâ a lancé un appel au Parti démocratique sénégalais pour des retrouvailles plus larges qui iraient au-delà des partis, mouvements et personnalités d’obédience libérale du Sénégal.
Presque dans les mêmes termes que Modou Diagne Fada et compagnie ce 13 mars, le candidat Amadou Bâ a en effet affiché son « ambition, d’ajouter d’autres forces comme le PDS et les autres pour qu’ensemble, on puisse préserver la République : nous gagnerons ensemble, nous gouvernerons ensemble. Nous partagerons les responsabilités, nous serons ensemble pour que le Sénégal soit dans la paix ».
Le dernier mot est magique, dans le contexte de la libération de Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye. Les anciens Pastéfiens auront réussi à accélérer un processus entamé dès 2012 d’une tentative de retrouvailles de la famille libérale. Macky Sall n’y était pas hostile qui se faisait représenter par Serigne Mboup ; d’autres bonnes volontés avaient eu la même initiative, sous des termes différents
Le “remodelage des alliances et stratégies politico-électorales, des partis, mouvements et personnalités d’obédience libérale du Sénégal regroupés autour du Comité d’initiative du pôle libéral de concertation” en est une nouvelle version, accentué par la crise politique de ces trois dernières années aux conséquences socio-économiques plus que douloureuses sur lesquelles le président Macky Sall a jeté un voile pudique à travers une loi d’amnistie qui se veut justement paix sociale, quel qu’en soit le prix.

Le ministre Modou Diagne Fada de Ldr/Yeessal, Lamine Bâ, Mamadou Lamine Keïta, Serigne Mbacké Ndiaye, Abdoulaye Baldé de l’Ucs, le président Pape Diop de l’alliance « Bokk Gis-Gis », les Oumar Sarr Dagana et Diourbel, Samuel Sarr et Moussa Sy, l’ex-maire de Ouakam Samba Bathily, Ibrahima Badiane, des représentants de Rewmi, Idrissa Seck et du président de l’Apr avaient lancé le 13 mars dernier un Comité d’initiative du pôle libéral de concertation en vue d’une recomposition de l’espace politique troublé ces dernières années par une grave crise politique qui a suscité beaucoup d’interrogation sur l’avenir d’un Sénégal dit démocratique. C’est dans ce contexte que Amadou Bâ a tendu la main au Parti démocratique sénégalais en déclinant son “ambition, d’ajouter d’autres forces comme le PDS et les autres pour qu’ensemble, on puisse préserver la République”.

Sensibilités libérales, mais qu’en pense le Pds ?

Les Libéraux de Me Wade ont mis sur pied depuis 2010 un cadre de concertation renforcé en 2013 par un document de 16 pages visant à reconstruire le monde libéral. Au surplus, la rencontre de l‘Internationale libérale à Dakar avait le même souci avec des partenaires identifiés différents de ceux du 13 mars.

Une source proche du Pds affirme que “le parti n’est pas pressé de répondre“, d’autant qu’il n’a pas été invité à la rencontre, même si un hommage appuyé y a été rendu au père du libéralisme sénégalais : en outre, la chronologie entre la rencontre et l’appel fait penser que certains cherchent “la direction du vent” avec des propos de campagne ; le bel exemple d’appel auquel il renvoie est celui de Abdou Diouf dans toute sa solennité en 1991-1993.

Au total cependant, la profonde réflexion actuellement en cours n’exclut pas les perspectives dessinées par Modou Diagne Fada et alliés et le candidat Amadou Bâ :  “Que va devenir le Parti démocratique sénégalais après le 2 mars ? Va-t-il verser dans une opposition farouche ou va-t-il s’allier, élire et gouverner ensemble ? Pourrait-il continuer à s’isoler” ?

Pathé MBODJE