GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Les trois mousquetaires: Il ne faut pas donner la part de l’éléphant à une fourmi P. MBODJE

Confidence : deux ans après les Locales de 2022, Macky Sall ne sera pas candidat ; en enrôlant Ousmane Sonko, Karim Meïssa et Khalifa Ababacar Sall, il va discréditer la classe politique et laisser la société le regretter.

Le projet était en gestation, au Parti démocratique sénégalais en tout cas, depuis deux ans : il ne faut plus donner la part de l’éléphant à une fourmi, surtout s’il s’agit de l’engraisser pour qu’elle migre par la suite.

Depuis la dernière présidentielle et ses coalitions éclatées, les majors du Pds se concertent sur les efforts déployés pour des partis parasites qui l’ont coulé, dans la réalité, avant de rejoindre la nouvelle majorité. D’où la nouvelle coalition, les 3 mousquetaires, noyau dur, autour du PDS, Pastef, Wattu, avec un regret, la non-implication du Grand parti de Gakou qui aurait permis de boucler Dakar par Guédiawaye.

Si une ouverture sélective de la coalition Pds-Wattu Sénégal-Pastef est prévue, elle exclut Agir qui voulait être responsabilisé pour les Parcelles assainies sans en avoir ni l’épaisseur ni la possibilité intrinsèque : l’éléphant imposera désormais ses desiderata aux autres et n’acceptera plus de payer les pots cassés par les autres. Et de se fixer un pari : renforcer les acquis de 2009 ; pour Dakar, par exemple, la répartition pourrait être la suivante : Khalifa : 4, Pds : 2 et 1 pour les autres, en étant sûr que Wattu pourrait assurer grâce à l’ancien maire de la ville. Chacun maître chez soi

Tel que présenté, le schéma est séduisant. Sauf que… un éléphant, ça trompe, et même énormément.

Sonko enfoncé jusqu’au cou (pour être poli) multiplie les appels à Macky Sall en cherchant à se renforcer au niveau physique (le clan des 13, les 3 mousquetaires) et au niveau moral en s’alliant à Karim Meïssa Wade et à Khalifa Ababacar Sall, c’est-à-dire, en fait,  aux otages de Macky Sall libérés mais pas amnistiés et qui négocient une paix  des braves avec le président de la République, chef suprême des Armées, protecteur des Arts & Lettres, gardien de la Constitution qu’il a fait serment de protéger ;  aujourd’hui et jusqu’ plus informé, aucun de ces trois mousquetaires n’est électeur ou éligible (sauf Ousmane Sonko, et encore) sans le bon vouloir du Prince. Les 3 concernés sont tous des otages de Macky Sall pour leur amnistie ou pour leur jugement pour viol. Le quatrième, pour respecter Dias-père, est là pour amuser la galerie.

La coalition Macky Sall est ainsi née ; elle est formée d’un Pastef renforcé du titre Afrique 13, d’un Karim Wade, d’un Khalifa Ababacar Sall, tous trois otages du président, à titre principal ; quand on attend une décision de justice et qu’on est ni électeur ni éligible, tenter un coup de force est de la farce.

« Je vois ; mais ce que j’observe aussi c’est la colère des Sénégalais. Je ne sais pas si se renforcer c’est pour tendre la main à …. Je ne suis pas dans le secret des dieux. J’essaie de faire une lecture très aérienne. Ceux qui décident de notre destin ne vont pas se laisser emporter par des scenari qui vont renforcer le ressentiment de nos peuples. Ils sont intelligents. Ce serait bien pour tout le monde que les relations aient l’air plus civilisées ».

– Vrai, en spéculant dans l’absolu. Sauf que Macky Sall est doublement fini : constitutionnellement et socialement, avec mars. Il n’a eu aucune pratique logique depuis qu’il est président : ni par sa déclaration de patrimoine, ni dans la réduction de son premier mandat, ni dans la manière de gérer la démocratie qui s’accommode de l’autre, ni, ni, dans une société de l’oralité qui sait ce que parler veut dire. La réponse du président réside dans la manière de forcer un second mandat en créant des clusters dont il était le seul…émergent avec son parrainage. Mars est plus la sommation de tout cela que du simple cas Sonko qui n’a pas mesuré son poids social.

– S’il est fini, il ne pourra imposer personne !

– Mais si : il lui manque juste la générosité et l’élégance partisanes en se restructurant, en organisant parti pour avoir un candidat comme cela fait ailleurs.