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Les populations replongées dans les inondations: Les autorités rattrapées par leurs fausses promesses Sergio RAMOS

Les eaux ont repris leur place dans de nombreux quartiers de la banlieue de Dakar, mettant à nu les promesses fermes non tenues des autorités sénégalaises dans la prise en charge des inondations.  500 milliards sous les eaux.

Depuis quelques jours, de nombreux quartiers de Dakar ont repris avec les inondations. Partout, c’est des complaintes à cause de cette situation très difficile que vivent les populations submergées par les eaux de pluies. Les habitants de Sicap Mbao sont sortis pour manifester leur colère. Rufisque-ouest exige un plan spécial, Keur Massar lance un Sos.

Pourtant, en tournée en fin mai dernier dans la banlieue de Dakar pour s’enquérir de l’avancement des travaux, le ministre Omar Guèye ne s’est pas gêné ou alors s’est précipité d’annoncer la fin ou presque des inondations, notamment dans la zone de Keur Massar (banlieue), dans la région de Dakar où la situation n’a pas changé ou a même empiré. Le ministre des Collectivités territoriales, du développement et de l’aménagement des territoires a déclaré que les travaux ont dépassé les «85% des réalisations ». « S’il y a un chantier que le chef de l’Etat suit comme du lait sur le feu, c’est bien celui-là. Aujourd’hui, nous sommes rassurés et d’ici la fin du mois de juin, le gap sera comblé », avait-il relevé.

Il avait ajouté, pour renforcer sa satisfaction des travaux réalisés, qu’indépendamment des ouvrages de drainage gravitaire, il est prévu un dispositif « extrêmement puissant » dont la plupart des matériels sont actuellement au port de Dakar, les anacondas, mais également les pompes », soutient le ministre des Collectivités territoriales. Poussant le bouchon plus loin, le maire de Sangalkam avait annoncé la satisfaction des délégués et imams de quartier sur l’avancement des travaux.

Des financements noyés dans les eaux

Aujourd’hui plus qu’hier, la question des sommes injectées pour mettre fin aux inondations cycliques dans la banlieue de Dakar est posée. A son arrivée à la magistrature suprême en 2012, le président Macky Sall a lancé le Programme décennal de gestion des inondations (Pdgi). Cette stratégie nationale et prioritaire mise en œuvre par différents ministères et agences d’Etat a englouti plus de 500 milliards Fcfa.

Résultats insuffisants.

Sans résultats probants, et avec le tollé provoqué par les inondations de l’année dernière, une mission parlementaire d’information sur le dossier des inondations avait été mise en place. En conclusion, les parlementaires ont trouvé des manquements malgré des efforts consentis. « Même s’il reste encore à faire pour arriver à la maîtrise totale des inondations à travers le pays, les efforts déployés dans le cadre de la mise en œuvre du Pdgi 2012-2022 ont commencé à être efficaces et des progrès notoires sont ressentis. En particulier, la construction d’infrastructures de drainage des eaux pluviales dans des quartiers jadis soumis aux inondations a permis de réduire efficacement le phénomène et de libérer des eaux de plusieurs zones habitées à Dakar et dans les autres régions avec des impacts réels, notamment à Ouest-Foire, Grand-Yoff, Dalifort, Wakhinane-Nimzatt, Yeumbeul, Médina-Gounass, Djidah-Thiaroye Kao, Keur Mbaye Fall, Guinaw Rail Nord, Diamaguène-Sicap-Mbao, Tivaouane-Diaksao, Guinaw Rail Sud, Thiaroye Gare, Bambey, Touba, Sédhiou, Kaffrine et Fatick », avaient-ils déduit.

Il faut noter que le Pdgi, évalué à 766 milliards 988 millions 450 mille 362 Fcfa, est articulé autour de trois phases : phase d’urgence 2012-2013 pour une prévision de 66.375.000.000 F Cfa, phase intermédiaire 2014-2016 pour 250.603.987.772 Fcfa, et phase moyenne et long termes 2017-2022 de 450.009.462.591 Fcfa. Le Plan national d’aménagement et de développement territorial pour un coût de 1 milliard 700 millions F Fcfa été aussi élaboré.