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Les Poilus de Harlem : Deux mille engagés volontaires en 1916 au sein de la Garde Nationale prêtés aux Français parce que…noirs D’après Frédéric Granier Bibliothèque Géo

On les surnommait les “Hellfighters”, les combattants de l’enfer ; le journaliste Thomas Saintourens rend hommage à ces héros malmenés par l’histoire.

Il a fallu l’engagement personnel et poignant d’un journaliste pour lever le voile pudique que l’Amérique avait voulu jeter aux oubliettes de l’Histoire ces deux mille Noirs, engagés volontaires en 1916 à cause de la couleur de leur peau. C’est donc un combat sur deux fronts, celui de la guerre et celui des droits civiques, que mène aujourd’hui brillamment le journaliste Thomas Saintourens qui rend hommage à ces héros malmenés par l’histoire. Poignant.

Ils sont boxeurs, dockers, musiciens de jazz… Tous new-yorkais. Deux mille Noirs, engagés volontaires en 1916 au sein de la Garde nationale pour combattre l’ennemi au-delà de l’océan. Pourtant, ces soldats valeureux, l’armée américaine n’en veut pas : dans un pays ségrégationniste, régi par les lois Jim Crow, impossible pour des Blancs et des « Negroes » d’intégrer les mêmes régiments et de combattre côte à côte… Alors, le secrétariat à la Guerre décide de « prêter » ces hommes aux Français, très affaiblis sur les champs de bataille.

Surnommés les « Hellfighters », les combattants de l’enfer, ils multiplient les actes de bravoure, restant 191 jours consécutifs au front, un record pour une unité. Dans les tranchées, ils côtoient les poilus, dont ils portent l’uniforme. Des amitiés se nouent au cœur de l’apocalypse… A leur retour en 1919, une parade est organisée à New York, de la Cinquième Avenue jusqu’à Harlem, … avant que l’Amérique ne pose un voile sur ces héros embarrassants.

Thomas Saintourens, né en 1983, est journaliste indépendant. Diplômé de l’IEP de Bordeaux et de l’école de journalisme de l’IEP de Paris, il collabore à plusieurs journaux et magazines, travaillant notamment sur des sujets de société.