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Les plages de la dérive

Société

La dérive menaçante

dans certaines plages de Dakar

Valeurs et honneur confiés à la porte d’entrée

Par Khadidiatou GUÈYE Fall,
Cheffe du Desk Société

Les vacances n’accordent aucun temps libre aux jeunes : plein d’activités sont cochées dans leur agenda. Des retrouvailles en lice, des sorties en amoureux, la ballade…,  tout y est. Dans les plages, un monde autre que celui que nous vivons se présente. Les valeurs et principes de base inculquées sont aussitôt mises à l’écart dès que l’on franchit le seuil de la porte d’entrée des plages.

Sans une once de réticence, les jeunes, surtout les femmes, laissent admirer leur silhouette. Dans ces plages, l’on se croit téléporté aux États-Unis : les types de tenues en mise ont franchi le cercle de discernement de l’acceptabilité de nos valeurs. Les concernées n’ont rien à se reprocher, tandis que les grandes personnes conservatrices des bonnes valeurs du pays s’interrogent sur la perpétuation des principes de base qui sous tendent la société sénégalaise. Des scènes dont seul le sens de la vue est capable de nous en donner le cœur net.

 

Le Sénégal dans sa globalité est connu pour des valeurs qui lui sont propres. L’habillement se fait de manière décente, un dialogue avec un aîné impose la baisse du regard. Dans les plages, il n’en est plus question. Les jeunes se permettent la dérive. La porte de la plage est franchie pour se permettre tout ce qui va à l’encontre des bonnes valeurs. Le bénéfice du doute est accordé aux jeunes jusqu’à l’accès à certaines plages privées. Dans les plages publiques, où tout le monde a accès, il est rare de constater des cas de mœurs. Mais, dans certaines plages privées, tout est permis. Chacun est responsable de ses actes.
Dans cette plage située quelque part à Dakar, la vue panoramique laisse douter de la situation géographique. La nudité est presque prise à la légère. Des filles laissent cachée une infime partie de leur corps. Certaines portent des maillots de bain dissimulant les épaules jusqu’aux cuisses à demi-couvertes ; d’autres, avec des couleurs disent-elles de l’été, ont mis deux pièces, l’une cachant la poitrine et l’autre en bas du nombril. Avec des couleurs comme le vert-fluo, orange, jaune ou rose, elles se déhanchent gracieusement le long de la plage. Leur attitude étant provocatrice ne laisse pas certains indifférents. Ces derniers arrivent bel et bien à leur fin. La moitié du torse nu, ils se couvrent en bas d’une petite culotte. Sous l’eau, ils se montrent chaleureux et prêts à apprendre à certaines filles à nager ou à flotter dans l’eau.

Bien évidemment, tout se passe sous l’eau. Avec ou sans consentement, des jeunes filles se retrouvent sous l’emprise de certains hommes profitant de la naïveté des filles et de la situation de solitude. En fait, à la plage, personne ne connaît personne, personne n’a le droit sur personne, les portes de la débauche s’ouvrent simultanément pour ceux qui sont dociles à la tentation.
Pour éviter le regard des indiscrets, un groupe de jeunes garçons et filles s’est installé un peu loin de la marrée humaine qui envahit la plage. Avec des matériels bien préparés à l’avance, ils ont clôturé leur zone avec de petites tentes qui laissent un tissu bloquer le regard des indiscrets. En couple, ils s’isolent dans les tentes. Qu’est-ce qu’il se passe ?
C’est 30 minutes après qu’un cri fait sursauter les voisins installés à côté des tentes. Une jeune fille sort à quatre pattes de la tente en criant. Les indiscrets et les rapporteurs avaient de quoi spéculer. Un garçon sort de la même tente et rejoint la jeune fille qui était déjà à quelques centimètres de l’eau de la mer. Lui empoignant la main, le jeune garçon paraît indifférent aux regards des gens qui occupent la plage. Tous les yeux étaient braqués sur la tente où l’incident s’est produit. Sur le coup, aucun n’a osé s’enquérir de la situation dans laquelle était la fille. D’autres filles acceptent l’inacceptable au moment de la baignade.
Ce jeune couple est isolé de la foule depuis leur arrivée. À peu près 7 mètres séparent le couple des autres qui profitaient de la tiédeur de l’eau de la mer. Des enfants arrivent à leur hauteur, mais dès que leur présence est sentie, l’homme de forte corpulence et sa dulcinée s’éloignent encore. Peut-être qu’ils se contemplaient mutuellement avec l’effet du soleil sur leur visage.

Les plages privées n’affichent pas sur des pancartes « Interdit au moins de 18 ans ». La part de marché est réglée à la caisse juste à l’entrée et vous avez la liberté que vous n’aviez pas à la maison. Des moins de 18 ans arrivent dans ces milieux pour s’adonner à des actes condamnés par leurs parents ; ils sont au nombre de 4. Installés à l’arrière de la plage, au mur, ce groupe qui parait pas mature aspire sur une pipe et laisse de la fumée se dégager de leur bouche. Ils utilisent de la chicha. Ils s’invitent dans un monde sans loi en achetant un billet d’entrée.
Ceci n’est que la face visible de l’iceberg. À 18h30, l’heure où la plage devait se vider de son monde, une nouvelle vague arrive : ce sont les baigneurs nocturnes. Seuls ceux qui osent passer la nuit en dehors de leur toit familial peuvent raconter ce qui passe sur la plage, sous la belle étoile