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Les mairies responsables de l’occupation des trottoirs Par Khadidiatou GUEYE Fall

Les trottoirs sont devenus des étalages, des marchés en miniature et des lieux de stationnement. Cette anarchie est devenue normale aux yeux des occupants. Les passagers au niveau des arrêts de bus fustigent cette situation et demandent aux maires de trouver des cantines pour ces marchands ambulants et vendeurs de  fruits.

Il est 17 heures au rond point “Case ba” des Parcelles Assainies.  Forte affluence : les voitures sillonnent tout le long de la route, on entend à peine les “cokseurs” qui indiquent la destination des cars rapides, les klaxons proviennent de tout bord. Entre les voitures, les vendeurs à la sauvette slaloment. Les vendeuses de sachets d’eau courent après les voitures pour récupérer les pièces d’argent. Sur les trottoirs, le décor étonne : des vendeurs s’installent avec leurs marchandises.  Certains vendeurs de fruits se permettent d’occuper le passage piéton comme si tout çà était légal.

A 100 mètres de la station, une dame met en exergue ses marchandises. Des petits jouets attirent l’attention des enfants. A côté, juste à gauche de l’étalage de la dame, un jeune homme  installe sa table de commerce, de la friperie. Les passagers marchent sur la route goudronnée, souvent victimes d’accident ou de propos déplacés de la part des chauffeurs. Ces derniers partagent leur espace avec ces passagers qui voient leur passage occupé par les vendeurs.

A l’arrêt de bus, une femme voilée attire l’attention de par son accoutrement pieux et moderne. Tout en blanc, elle évite momentanément les voitures et vendeuses d’eaux qui se précipitent vers les voitures pour vendre leurs sachets d’eau. Interpelée sur l’occupation anarchique, elle se désole de la situation : “C’est vraiment déplorable ;  les trottoirs sont  faits pour les piétons mais on voit le contraire, on voit que les trottoirs sont devenus des lieux de commerce, on n’a même pas de l’espace où mettre les pieds”. De manière posée, elle évite une voiture faisant marche-arrières. Sur le coup, elle signale un autre fait. ” Les chauffeurs aussi, ils n’ont rien à dire. Ils garent leur voiture sur les trottoirs, en somme les piétons n’ont pas d’espace”, lance-t-elle.

Elle implore l’intervention des maires pour l’éradication de la situation. Elle demande également á ces vendeurs d’arrêter d’occuper les trottoirs : “Les trottoirs sont prévus pour les piétons, pas pour se stationner et vendre. Qui sait, une voiture peut perdre le contrôle et atterrir sur des vies humaines. Donc soyons des citoyens responsables ».

Baye Mass est un jeune marchand ambulant ; il fait partie des occupants des trottoirs. Il se dit prêt à prendre un magasin si la mairie des Parcelles assainies met à leur disposition des cantines. “Je ne fais que gagner à la sueur de mon front ; les trottoirs ne sont pas faits pour vendre mais  situation oblige”, déclare-t-il, l’air désolé.

Âgé de 31 ans, cet homme de teint noir se faufile entre les vendeurs, les voitures garées et les étalages pour traverser. Il ne blâme pas ces occupants mais pointe du doigt les agents de la mairie: “Est ce que la mairie a fait quelque chose pour canaliser ces occupants ? La mairie doit les aider vraiment”.

Cet homme pense que la mairie est la seule responsable. Car il est spectateur de l’occupation anarchique. Il affirme : “Les maires ont promis terre et ciel aux populations, en particulier aux marchands ambulants. Après  être élus, ils mettent les promesses au tiroir des oubliettes. Ils n’ont pas d’excuse donc ils n’ont qu’à prendre leurs responsabilités et respecter leurs promesses”. Il ne s’en arrête pas  là, ce passager n’épargne pas les commerçants : ” Parfois aussi les commerçants  dépassent les limites, ils occupent la devanture de leur magasin et personne ne parle de ça. Les agents de la mairie sont au courant et cela ne les empêche pas d’encaisser les taxes”. Les marchands ambulants aussi en ont une part de responsabilité, d’après notre interlocuteur. “Ils doivent savoir qu’ occuper ces passages pour piétons est à leur risque et péril :  une voiture peut venir de nulle part et les heurter sans suite”, a-t-il prévenu.

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