L’équivoque de 2024 : Tekki kumpë,
Le Sénégal du pétrole
Tekki kumpë,
l’équivoque de 2024

Mamadou Lamine Diallo, Tekki, et Macky Sall, la grande inconnue (kumpë), seraient de bons candidats pour le Sénégal du pétrole en 2024 : ils sont tous deux du secteur, de bons ingénieurs, bien que d’autres soient des littéraires du liquide comme Sonko (10 mai 2017, Harmattan), le très prolixe Abdou Mbaye, le total protocolaire Thierno Alassane Sall, etc… Le président Mamadou Lamine Diallo a d’ailleurs accordé au quotidien Wal Fadjri une longue interview (édition du 9 septembre dernier) dans laquelle il a développé de bons arguments et étalé toute sa maitrise du dossier.

Ils sont tous du champ politique, ont une certaine visibilité bien que n’ayant pas la même pénétration sociale : certains irréductibles irritent par leur extrémisme qui frise la névrose ; d’autres connaissent quelque délicatesse avec les populations en butte à la gestion du temps et de l’espace, sans doute une crise de langueur, bien qu’ayant démontré leurs capacités de faire face aux difficultés qui frappent le pays. Ils devraient tous être de la partie en 2024, principalement Macky Sall chargé d’en être, ne serait-ce que pour rendre les clefs du palais à son successeur ; c’est ce que dit la loi fondamentale.

Ceci constitue-t-il un bon critère de sélection ?
Après une génération de doutes systémiques qui ont conduit les sociétés à partager la force par la cohabitation depuis 1988, une nouvelle forme apparaît au Brésil (30 octobre) et en Israël (Premier novembre) avec des revenants en délicatesse avec la justice ; d’autres surprises sont donc possibles au Sénégal aussi avec le délitement observé depuis le confinement en 2020.

Les crises internationales (Covid-19, invasion de l’Ukraine) et leurs manifestations au niveau local ont permis de vérifier le nouveau visage des hommes politiques sénégalais dans leur capacité à imaginer un combat pour le Sénégal ; la fidélité à la parole vaudra-t-elle clause dirimante quand la patrie est en jeu ?

La gestion des ressources naturelles (gaz et pétrole entre autres) sera déterminante pour les décennies à venir. Cette gestion devra être adossée à des « compétences distinctives », même si le « critère de sélection » proposé n’est pas un « critère universel ».
Les grands pays producteurs de gaz et de pétrole n’ont pas tous à leur tête des présidents « pétroliers ou gaziers » ; feu le président de l’Angola, Dos Santos, était un ingénieur pétrolier formé à Bakou, dans l’ex-Union soviétique.
Toutefois, pour le Sénégal, le contexte politique et économique conduira forcément tous les candidats à l’élection présidentielle à présenter un programme de gestion à long terme des ressources naturelles.
Ce qui signifie :
1- la création d’un « comité d’experts »,
2- l’élaboration d’un plan de communication « ad hoc ».
Si le président actuel devait poser sa candidature, il aurait un avantage certain car le « comité d’experts » existe déjà au sein de son administration. C’est la grande équation, le Kumpë, face au Tekki Mamadou Lamine Diallo dont l’expertise est certaine, même s’il irrite en faisant feu de tout bois ; tous pèchent par excès et une surprise comme celle de 2012 n’est pas à exclure dans l’absolu.
Une question centrale n’est cependant pas encore réglée : la loi sur la répartition des recettes pétrolières et gazières confère un « pouvoir de contrôle » des recettes gazières et pétrolières à l’Assemblée nationale alors que peu de députés disposent de compétences dans ce domaine ; une sensibilisation pure et simple des députés ne suffit pas. Les députés ont été élus par le peuple qui est le seul propriétaire des ressources naturelles aux termes de la loi fondamentale (article 25-1). La question des compétences est posée.
Le Sénégal doit trouver vite un modèle de contrôle qui serait placé sous l’autorité de l’Assemblée nationale pour respecter le droit attaché à la gestion des ressources naturelles.
La société civile ne s’est pas encore dotée (point à confirmer) de structure de contrôle disposant de « compétences distinctives » ; les experts se trouvent aujourd’hui dans l’administration pour la plupart. Quelques experts (ils sont peu nombreux) existent au Sénégal mais ils travaillent plus pour les organisations sous-régionales (UEMOA) que pour le Sénégal, ce qu’il faut regretter.
Par ailleurs, le Sénégal (gouvernement et Assemblée nationale) n’a pas encore réglé la question du « mesurage des quantités de gaz et de pétrole ». La presse écrit (8/11/22) que les travaux sur le site de GTA (extraction du gaz naturel + stockage+ traitement + transformation en gaz naturel liquéfié) sont exécutés à hauteur de 85%. Nous ne savons toujours pas (information non encore partagée) si l’administration sénégalaise (douanes et commerce) a pu homologuer les systèmes de mesurage (comptages entre autres) installés sur les deux FPSO en fin de construction en Chine (site de GTA) et Singapour (site de Sangomar) ; si les opérateurs des Joint Ventures (Jv) BP et Woodside) ont pris eux-mêmes la décision de faire « homologuer » les systèmes de mesurage installés sur les deux FPSO compte tenu de la gestion des délais qui s’imposent à eux, le gouvernement du Sénégal doit en principe faire homologuer les systèmes de mesurage.
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Fpso-Une unité flottante de production, de stockage et de déchargement est un bâtiment pour le traitement et le stockage des hydrocarbures et le stockage du pétrole, du gaz naturel ou des huiles produits en mer. Wikipédia
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Il faut savoir que tous les systèmes de mesurage de gaz et de pétrole qui existent au Sénégal ont été homologués par la direction des douanes (bureau Dakar Pétroles) et le ministère du Commerce (service poids et mesures). Cette question centrale du contrôle a été posée par un groupement d’experts sénégalais (contenu local) au mois d’août 2021 ; une lettre officielle a été adressée au ministre du Pétrole et des Énergies. Malgré l’organisation de deux réunions, aucune décision n’a été prise. Il est bon de rappeler qu’un système automatisé de gestion devra être mis en place pour permettre au gouvernement du Sénégal d’être informé sur une base quotidienne des productions de gaz et de pétrole sur les deux sites.
La gestion des pertes devra être analysée et des taux de pertes admissibles devront être déterminés.
Les procédures de gestion administrative (gestion des déclarations) doivent être définies par la direction générale des douanes et les bureaux spécialisés (Dakar Pétroles).
Enfin, tous les méthaniers (chargement et exportation de gaz naturel liquéfié) et les pétroliers (chargement et exportation de pétrole brut) devront être contrôlés au chargement par des sociétés d’inspection désignées conjointement par le Vendeur et l’Acheteur.
La question de la signature internationale va donc se poser bientôt (établissement et signature des rapports d’inspection). Le gouvernement du Sénégal aura son mot à dire dans le choix et la désignation des sociétés d’inspection aux termes de la loi sur le contenu local
Les questions sont posées.
Il faut apporter toutes les réponses.
Vovo Bombyx