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Législatives-Macky Sall double son monde 1+1 n'a pas fait 2

Législatives

Macky Sall double Wade et Sonko
comme il l’avait fait en 2012
de Niass et de Tanor

Comme en 2012, Macky Sall et alliés ont doublé leurs adversaires : les résultats des Législatives du 31 juillet rappellent en effet ceux de la Présidentielle de 2012 lorsque Macky Sall obtient un score équivalent à celui de Moustapha Niass et Ousmane Tanor Dieng réunis (26 %). Aujourd’hui encore, avec 82 sièges, le leader de .l’Alliance pour la République fait le même coup à Me Wade et Sonko réunis (24 et 56)
Les Législatives ont été un autre rendez-vous bis-repetita lorsque la coalition du président de la République flirte avec la majorité sans qu’elle ne soit écrasante (82 sièges) pour permettre à l’opposition de jouer véritablement de jouer son rôle en marquant le gouvernement à la culotte. Ceci rappelle ce que l’on a observé à travers le monde en France, aux États-Unis et en Union soviétique d’un pouvoir éclaté comme forme stabilité sociale ; cela a été la cohabitation que l’on évoque trop fréquemment au Sénégal avec les résultats entrevus avec les chiffres partiels proclamés ce jeudi 04 août.
Il reste que chaque coalition reste égale à elle-même et vaut pour elle-même et ne donne pas une majorité absolue : 1 reste égal à 1 et ne saurait valoir plus, même mis à côté de 1 sans s’y fondre.
Les Législatives du 31 juillet dernier confirment par ailleurs l’érosion continue qui a caractérisé la principale formation de la coalition Benno Bokk Yakaar : l’Alliance pour la République avait une modeste place au parlement en 2012 (65 députés) ; elle a presque le même nombre de siège dix ans après (67) ; si elle entrevoyait la fin de ses désillusions avec la précédente législature où elle avait fait nettement mieux, les résultats issus du vote du 31 juillet permettent de vérifier un cycle biologique qui semble arriver à son terme : le désaveu des populations envers Macky Sall entraîne aussi le parti et les alliés vers le bas. La perte est énorme en terme de sièges comparativement à l’Assemblée sortante mais reste conforme en valeur absolue aux performances intrinsèques d’un Macky Sall depuis 2012 quand il arrive au second tour grâce à l’appui de la coalition « Macky 2012 » avec les 11 points ajoutés aux 15 % de leur candidat à la Présidentielle.
La chute de grands caciques du champ politique vaut donc moins par la force de la défaite que la poisse née de la proximité avec Macky Sall en chute libre auprès des populations sénégalaises. Au surplus, l’affaiblissement des majors alliés avec l’éclipse des figures historiques que sont Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niass pose un problème fondamental : l’avenir des relations au sein de la principale coalition et celle de l’opposition en direction du futur. Le Parti socialiste n’est que l’ombre de lui-même et l’Alliance des Forces de Progrès survit à peine au retrait de la vie publique de son fondateur et des guerres de succession qui risque de fragiliser une formation éclatée, comme chez les Socialistes.
Il est clair, en face, que Khalifa Sall et, dans une moindre mesure, Barthélémy Dias, n’ont pas la même culture politique que Ousmane Sonko en décapage permanent depuis sa sortie nocturne en plein confinement ; au demeurant, le fétichisme magico-religieux de son logos semble reposer sur la défense d’intérêts particuliers différents du combat républicain théorique des Verts et assimilés, même s’ils semblent succomber au discours va-t’en guerre d’un Ousmane Sonko.

P.MBODJE