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La Ligne du Devoir

Le silence coupable, pire source de violence ! De notre correspondant en France, Tidiane SÈNE, Toulouse

Qu’est ce que les guides de ce pays, les parents d’élèves, les chefs de foyer ont fait pour la stabilité de ce pays ?

Qu’est-ce qu’ils peuvent tous faire pour éradiquer cette violence galopante touchant tous les secteurs de la société sénégalaise ?

Les problèmes liés à l’injustice galopante, à la désinformation, à la scolarité précaire de nos enfants, à la vie politique morose et à la cherté de la vie sont autant de facteurs bloquants qu’avec tout l’effort du monde, Mme Innocence Ntap Ndiaye ne saurait amoindrir par la baguette magique d’un dialogue si nous tous n’y mettions le cœur, ou si la régulation d’un certain ordre consensuel n’est accepté par tout le monde.

Après maints efforts, les démarches de bonne foi de Mme Ndiaye sont à saluer d’autant que le haut-commissaire du Dialogue social a pris beaucoup de mesures drastiques pour convaincre les organisations de la société civile et politique, ne serait-ce qu’avec le vote de la loi criminalisant le viol et la pédophilie… etc.

Hélas, l’idée de réduire drastiquement les cas de violences sexuelles et sexistes n’est qu’une solution sur l’ensemble des fléaux qui gangrènent notre monde actuel, notamment au Sénégal.

Même en proposant une approche préventive et une démarche appropriée sur une dimension de la sécurité, au fond, le travail incombe à toute la société.

Le Sénégal est un pays truffé de tares sur tous les plans politiques, footballistiques et sociaux-économiques.

On a beau se dire croyants de noms, mais nous sommes loin de nos exhortations religieuses et la morale et l’éthique sont souvent très loin de nos pratiques quotidiennes.

On ne dit pas la vérité à ceux qui en ont le plus besoin, c’est à dire à nos proches ou à ceux qui nous gouvernent.

On ne dit pas non plus la vérité au peuple de peur qu’il se révolte. On dilapide notre trésor public, on blanchit de l’argent sale et mieux, les délinquants à col blanc ne croupissent jamais en prison. Voilà donc le hideux visage que montre le Sénégal aujourd’hui.

Le mensonge sur la réalité exécrable que vivent les populations, la mal-gouvernance, la paupérisation galopante, le laisser-aller et le silence coupable des autorités sur le banditisme d’État et la non-assistance aux personnes malades et démunies et qui sont victimes d’agressions font foison.

Tout ceci constitue le terreau d’une véritable source de violences voilées parce qu’insoupçonnées, des plus sordides aux plus inavouées.

La violence est partout, dans nos actes maladroits, dans notre façon de parler, de juger, de donner tort ou raison à quelqu’un.

Elle est aussi dans notre façon de démêler les litiges, dans notre silence coupable là où il faut élever la voix, ce qui autrement formerait une source de violence.

Le pire des cas se trouve dans nos mensonges soutenus délibérément et en notre peur de ne jamais prendre nos responsabilités, quand il le faut.

D’ailleurs, il n’y a pas pire souffrance que d’être trahi, d’être abandonné au milieu du gué ou de subir une injustice aussi petite soit-elle.

Toutes sortes de violences sont en dormance en nous, chaque jour que Dieu fait. Il suffit donc de ne pas les réveiller, car un seul brin d’étincelle de mauvaise humeur dans nos rapports quotidiens peut les voir se s’extérioriser et prendre forme avec des proportions inopinées.

La violence ne naît pas d’un rien. Elle n’est pas un phénomène isolé à notre façon de vivre, mais elle est la conséquence qui découle de nos habitudes courantes qui sont souvent en porte à faux avec la liberté d’autrui.

« Notre vie commence par s’arrêter le jour où nous gardons le silence sur des choses graves ; ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants, mais l’indifférence des bons, puis, à la fin, nous nous souviendrons, non pas des maux de nos ennemis, mais du silence de nos amis », disait Martin Luther King !