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Le Sénégal déclare sa flamme à la Santé: Feu sur Abdoulaye Diouf Sarr P. MBODJE

La Covid-19 à sa fin après un an n’avait pas suscité tant de passion quand les Sénégalais déclarent soudain leur flamme à la santé : les incidents de Linguère ont eu des conséquences douloureuses sur le moral des populations sénégalaises ulcérées par les conditions dans lesquelles quelques petits anges sont retournés au ciel.

 Les sempiternelles secousses des syndicats et personnels du secteur (Syndicat autonome des Médecins du Sénégal les 10 et 11) traduisent le glissement du dossier sur le terrain politique alors que la justice était déjà en branle et reviennent sur les efforts de pacification de l’espace social avec les accords arrachés aux professionnels, syndicalistes et techniciens de la Santé.

Avec la descente concomitante sur le terrain politique en direction de 2024, les populations ne veulent pas encore être gros jean comme devant : des incidents localisés à incidence nationale (Linguère, Kolda) servent de prétexte pour faire pression sur les pouvoirs publics. Comme à chaque veille d’élections. Surtout que la politique sanitaire n’est pas des plus reluisantes avec les maladies réémergentes.

La polémique a commencé au lendemain du 10 avril avec la rencontre des maires et cela signifiait retour sur le terrain politique après un an de pandémie ; elle s’est malheureusement poursuivie sur le plan sanitaire avec les douloureux incidents de Linguère du 20 et le vaudeville de l’affection de personnel à Kolda.

La réponse aux observations communautaires et internationales dans l’affaire du parrainage et sur l’exclusion de certains opposants du fichier a donné encore plus de relief à Abdoulaye Diouf Sarr, coordinateur d’un mouvement des cadres républicains, présent sur tous les lieux entre Linguère, Thiarny, Boyar (Dioffior), etc., et sur le terrain politique : la création de la Task force républicaine en décembre dernier avait fait croire un moment à une mise à l’écart d’une structure éthérée incapable de descendre au niveau du plancher des vaches pour vulgariser les réalisations du chef désireux d’en découdre avec les Sénégalais autour de la durée à la tête de l’Etat ; l’Onu et la Cedeao ont permis de revenir à la complémentarité des deux structures. Abdoulaye Diouf Sarr est le porte parole en tant que coordonnateur, comme il était secrétaire de séance le 10 avril avec la rencontre des maires de Dakar.

Ce retour devant les spots en pleine course vers les élections ne fait certainement pas plaisir à tous et pourrait expliquer le recours à une stratégie de communication enrôlant les proches et la presse, d’un côté, et les multiples attaques dont le même individu a fait l’objet, aussi bien dans un camp que dans l’autre. La sincérité du combat pose donc problème encore une fois, lorsque le politique se mêle du social sous les traits d’une fausse polémique.

Tout feu tout flamme !

La santé de la mère et de l’enfant a révélé les difficultés de gestion des  structures et ressources financières et humaines par les autorités de la santé : le comique de la situation des sages-femmes de Kolda toujours affectées mais jamais sur place, cette proposition incongrue d’une prime incitative d’ensoleillement et d’éloignement sur un territoire national indivis, le drame de Linguère, la situation ubuesque du Dr Abdou Sarr obligé de prendre une seconde épouse pour bénéficier d’une sage-femme à disposition pour sa maternité, la résurgence des maladies réémergentes mais aussi les soldats en première ligne contre la pandémie réclamant sans cesse des primes doivent aider à mieux redéfinir une véritable politique de santé publique. C’est ce que les populations ont compris, moins avec le retour des politiques sur le terrain, à la veille de joutes électorales décisives quand il faut monnayer la carte d’électeur que par souci d’un bien-être qui les fuit depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir en 2012.

Le soudain intérêt des Sénégalais pour la Santé, non point tant après un an de Covid-19 qu’à la lumière des incidents de Linguère et la loi des séries qu’ils ont entraînée à Kolda et à Fann, les attaques des postes de santé niches d’argent jettent le regard sur le jeu politique subtil entre pouvoir et populations pour tirer le maximum de profit des incidents relevés.

Un an de Covid-19 n’avait pas suscité tant passion autour de la Santé. Bien au contraire : les incidents du Ramadan et de la Korité 2020 qui ont accéléré un relâchement coupable de populations plus soucieuses de solidarité sociale que de santé avec presque une négation de la première vague du Coronavirus.

23 avril 2021 : la crèche hôpital Maguette Lô de Linguère prend feu et les anges périssent dans des conditions insoutenables ; l’affaire tourne aujourd’hui à la polémique sur la gestion des hôpitaux ou sur le devenir politique du ministre (Lii, 4 mai, Source A et Kritik du 7 mai). Déjà, les amis au niveau micro du maire Abdoulaye Diouf Sarr de Yoff avaient répondu à Mame Mbaye Niang qui, à la mi-avril, traçait la cartographie des intervenants éventuels pour la course vers la mairie de Dakar où il excluait le ministre de la Santé et de l’Action sociale.

29 avril : Des incidents éclatent à Kolda pour un meilleur équipement de la structure sanitaire.

Incident à la salle Covid-19 hôpital Fann le 28 : le directeur de l’hôpital, Dr Cheikh Tacko Diop, précise le 30 qu’il s’agissait juste d’un coffret électrique qui fumait. Même si certains techniciens appellent à ne pas minimiser l’incident

7 mai : Attaques des postes de santé de Thiarny, dans le Linguère, et de Boyar, Dioffior : le personnel est lourdement brutalisé et les coffres vidés de leur contenu.

La presse aussi s’y met. Voici la cartographie encore visible sur le site de « Leral »

Kolda : Pas de réanimateur, un laboratoire à l’agonie.

Louga : « Faute de spécialistes, les patients peuvent rester des mois sans soins ».

Kaffrine : Neurochirurgie et cancérologie, le bémol.

Tambacounda : « Chaque fois qu’un spécialiste rejoint Tamba, soit il est réaffecté, soit il démissionne ».

Kaolack : Zéro cancérologue.

Diourbel : Un déficit de 102 médecins.

Après les incidents de mars, le gouvernement s’est lancé dans un vaste programme pour l’emploi et l’occupation des jeunes. Des diplômés tout venant attendent depuis plusieurs années d’être intégrés dans la Fonction publique ; ils pourraient combler largement le déficit dans tous les secteurs et sont amortissables de suite.