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Le premier rendez-vous amoureux : entre stress et faux-pas. Chérifa Sadany Ibou Daba SOW

Faut-il être un renard pour réussir un rencard ? “…Le premier baiser est la confirmation…”

Les prémices d’une relation amoureuse se sentent lors du premier rendez-vous aussi appelé le date. C’est une étape difficile à franchir mais que chacun interprète à sa manière en usant astuce et talent afin d’espérer une réponse à cette interrogation : « Est-ce que je lui plais ? ».

Il est nostalgique, Pape Kane. Père de deux magnifiques filles, le sujet sur le rencard le renvoie à ses vingt ans. Il se rappelle  la belle époque en racontant les meilleurs moments lors  son premier rendez-vous en amoureux. « C’était en 1990 mon premier rencard, avec la sœur d’une grande célébrité au Sénégal. J’étais trop jeune, 16 ans. On habitait ensemble dans la même cité des Enseignants à Guédiawaye où je passais toujours mes vacances scolaires. Entre copains, comme on était jeunes, souvent on se taquinait pour voir entre nous qui était le plus courageux auprès des filles. Heureusement j’étais le plus courageux mais malheureusement cela c’est tombé sur moi car la fille passait devant nous lorsque je tentais de courtiser une autre. Mais pour ne pas montrer que je suis un poltron, je l’ai interceptée tout en l’invitant à venir me voir au soir, après la série  « Dynastie ».

J’étais un vrai guerrier et je préparais passionnément mes rencards. Je me rappelle lors d’une de nos soirées « beignet-pastel », j’étais partie à Sandaga acheter un jean Levis Strauss, une chemise beige et des chaussures crips damier. C’était vraiment un rendez-vous galant que j’initiais avec élégance ».

L’arbitrage des parents

Son anecdote racontée avec beaucoup d’enthousiasme, l’a inspiré à comparer le rencard de l’époque et d’aujourd’hui. En effet, avant, c’était aux parents qu’il revenait de faire le choix. Dans le salon, devant la famille, le garçon était reçu par sa bien-aimée. Et à travers son comportement, sa communication et accoutrement, les parents pouvaient faire leur choix. Mais les temps ont changé.  A 15 ans maintenant, un jeune ne parle plus de rencard, mais de “plan” …C’est un autre débat !

En échangeant avec ce jeune footballeur Papa Babacar Ndiaye, on sent effectivement que les temps ont bien changé.

Embrassez-vous votre partenaire au premier rencard ?

« Oui », répondit-il en poursuivant : « A la fin de chaque rencard si les attentes sont là, le premier baiser est la confirmation ». Babacar revient sur comment il procède lorsqu’il a un rencard.  « Déjà on se fixe un rendez-vous dans un endroit qu’on a choisi ensemble. Avant, je lui demande toujours quel est son endroit préféré, qu’est-ce qu’elle veut manger. J’essaye, de mon côté, de tout faire pour qu’elle soit à l’aise, c’est important. Ça permet de gagner des points dès le premier rencard. Une fois qu’elle remarque que l’endroit est chic, que je sens bon, que je suis bien habillé (d’habitude je suis naturel et simple, Jeans, t-shirt ou chemise, casquette), elle voudra revivre à nouveau ces moments. C’est pourquoi aussi, j’aborde des sujets intéressants qui lui feront rire. Sans oublier de lui demander ce qu’elle fait dans la vie, ses goûts-couleurs, et sur son passé pour au final mieux la connaître.

Faire bonne impression lors d’un rencard nécessite une bonne préparation. C’est comme lors d’un entretien d’embauche où le candidat est appelé à répondre aux attentes. Comment s’y prendre ? Comment faudrait-il préparer un rencard ?

Rencart ou rencard ?

Rancard, rancart ou rencard, n.m. = renseignement ou rendez-vous. La graphie rancard (avec le d final présent dans rancarder) est la plus fréquente. Rancart n.m., avec un t, ne s’emploie que dans l’expression mettre, jeter au rancart (= au rebut).

Source : Le Dictionnaire français

Pour répondre à cette question, Amadou Djigo, coach en communication et quelque part sociologue, se porte volontaire :  « Empruntons quelques concepts au Marketing. Imaginons qu’un homme est amoureux d’une fille. Par analogie, l’homme est l’entreprise, la fille le marché et l’amour le produit. Cette entreprise a déjà des concurrents. Dans notre cas, les concurrents, ce sont les produits qui n’ont pas pu satisfaire le marché (les ex de la fille), ce sont d’autres entreprises qui sont intéressées par ce marché (les autres prétendants), c’est l’entreprise qui lui livre le produit actuellement (le partenaire actuel), etc.

Moi, en tant que nouveau prétendant, je dois d’abord essayer de connaître le marché. En marketing, c’est ce qu’on appelle études de marché. On essaie de savoir qui est le client, qu’est-ce qu’il aime, qu’est-ce qu’il déteste, où il vit, comment je peux le contacter, comment je peux l’atteindre, etc. Cette phase, qui est appelée marketing analytique, est importante : il faut collecter toutes les informations pertinentes qui concernent notre cible.

Ensuite, on met en place notre stratégie pour convaincre la cible et montrer à quel point nous sommes différents. Dans cette seconde phase, on essaie de voir comment emballer le produit (dans notre cas comment s’habiller), on essaie de voir où l’amener, ce qu’elle aime manger, quelle musique elle aime écouter, etc.

Une fois qu’on a défini notre stratégie, on attaque avec la mise en place du produit dans le marché. Dans notre cas, c’est le rencard. Ce dernier, c’est l’aboutissement final de toutes ces choses précédemment citées. C’est un art. Son importance, c’est qu’il nous permet de bien cerner notre partenaire et du premier coup faire une bonne impression avec une grande prestance. Le rencard doit atteindre le niveau de la fille. Par exemple, il sera difficile d’inviter une intello aisée dans un tangana comme premier rendez-vous. Il est donc primordial de préparer son rencard, c’est la porte d’entrée dans l’univers de la fille.

Un premier rencard réussi doit toutefois occasionner un second rendez-vous pour confirmer l’alchimie. Donc Il ne faut pas faire de faux-pas…

Le Devoir