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La Ligne du Devoir

Le mandat de trop ? P. MBODJE

Ambigu depuis toujours sur sa durée à la tête de l’État, Macky Sall vient d’en rajouter une couche en faisant appel à l’herméneutique : il s’agit aujourd’hui de voir l’esprit et non la lettre, l’interprétation et non la lecture synchronique de la Constitution. Il ne posera « aucun acte contraire à la démocratie », ce qui invite à une relecture africaine du sens. Mais quelle acception de la démocratie et qui, pour dire ou lire le Droit ?

Khalifa Ababacar Sall est moins subtil : il est le premier candidat déclaré, en attendant le Parti démocratique sénégalais invariable dans le choix de son candidat à la présidentielle : Karim Meïssa Wade. Tous les trois candidats présumés sont cependant suspendus à une décision de justice, à une lecture du Droit. Pour différentes raisons, les uns étant officiellement en délicatesse avec la justice, l’autre promettant de se conformer au Droit. Voire : quelle instance suffisamment crédible ne rencontrera pas le rejet de pans importants des populations sénégalaises ?

Wade aussi a eu son aréopage de grues couronnées sur le plan du Droit qui lui ont dit oui là où d’autres avaient vu non. Le président sortant a coupé la poire en deux : « Ni oui ni non ». Vingt ans après une alternance saluée par le monde entier, le Sénégal en est toujours à interpréter sa Constitution malmenée au gré des désidératas du prince; seul Senghor a été grand seigneur. Wade et Macky Sall ont eu le même réflexe face à la durée du mandat présidentiel, passant de sept à cinq et inversement : en 2001, Wade avait fait modifier la Constitution pour un quinquennat renouvelable une fois ; six ans après, en 2007, il fait modifier pour le septennat.

Rebelote avec Macky Sall : révision de la Constitution et valse-hésitation entre un quinquennat et un septennat et incertitude entre un mandat de sept ou cinq ans quant au nombre : la décision du Conseil constitutionnel en 2012 pourrait ainsi lui permettre de se représenter.